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Un ancien ministre condamné à 7 ans de prison pour détournement de 38 millions d’euros

Tidjani Haddam

Hassan Tidjani Haddam, ancien ministre du Travail, a été condamné mardi 30 septembre à sept ans de prison ferme avec incarcération immédiate, pour détournement de fonds publics lorsqu’il dirigeait la Caisse nationale des assurances sociales (CNAS), rapporte la presse locale. Cette décision illustre la détermination des autorités algériennes à poursuivre les responsables impliqués dans des affaires de corruption, héritées de l’ère Bouteflika.

L’affaire concerne l’achat d’un bâtiment à Alger pour le compte de la CNAS. Le tribunal a estimé que M. Haddam, qui a dirigé l’institution entre 2015 et 2019, avait détourné 5,8 milliards de dinars, soit environ 38 millions d’euros, dans le cadre de cette transaction immobilière. Le promoteur immobilier qui avait vendu le bâtiment a également été condamné à sept ans de prison. Deux anciens maires de la commune de Kouba, dans le sud-est de la capitale, ont écopé de quatre ans de réclusion, tandis que l’ancien directeur des biens domaniaux et un autre fonctionnaire ont été sanctionnés par des peines de trois ans. Tous ont été reconnus coupables de « détournement de fonds et octroi d’avantages injustifiés à des tiers lors de la conclusion d’un contrat en violation des dispositions législatives », selon le journal Ech Chourouk.

Haddam avait été nommé ministre du Travail en avril 2019, dans les derniers jours de la présidence d’Abdelaziz Bouteflika. Ce dernier avait été contraint à la démission le 2 avril 2019, après vingt ans au pouvoir, sous la pression du mouvement prodémocratie du Hirak. La nomination de M. Haddam s’inscrivait dans un contexte de transition politique marquée par les promesses de réforme et de lutte contre la corruption.

Depuis son élection en décembre 2019 et sa réélection en septembre 2024, le président Abdelmadjid Tebboune a mené une campagne vigoureuse contre la corruption, ciblant plusieurs ministres et hauts responsables de l’ancien régime. L’objectif est de traduire en justice ceux qui ont abusé de leur position et de renforcer la transparence dans les institutions publiques.

La condamnation de Haddam montre que la lutte contre la corruption ne se limite pas aux responsables politiques : des acteurs économiques et des fonctionnaires ont également été sanctionnés. Cette affaire rappelle que la CNAS, institution centrale dans la protection sociale en Algérie, est exposée aux malversations et que la vigilance sur la gestion de ses fonds publics reste essentielle.

Pour l’opinion publique, cette décision judiciaire est un signal fort : les abus de pouvoir et les détournements de fonds publics ne resteront pas impunis. Elle intervient alors que la société algérienne continue de réclamer plus de transparence et de justice sociale, et que le gouvernement cherche à restaurer la confiance dans les institutions après des décennies marquées par des pratiques opaques.

L’affaire Haddam s’inscrit ainsi dans un contexte plus large de réforme et de contrôle renforcé des institutions publiques, dans un pays toujours marqué par les séquelles de l’ère Bouteflika et par la mobilisation citoyenne du Hirak. La sanction infligée à l’ancien ministre du Travail illustre la volonté du pouvoir en place de mettre fin à l’impunité et d’affirmer l’État de droit dans la gestion des finances publiques.

Avec Le Monde Afrique 

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