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Un cow-boy joue au poker au pays du jeu d’échec

REGARD

Un cow-boy joue au poker au pays du jeu d’échec

Dans les westerns, une scène de joueurs de poker, pistolet à la ceinture et la bouteille de whisky à portée de main, fait partie du folklore du Far-West. On sait que le poker repose sur le bluff pour percer la quantité et la qualité ‘’des biscuits’’ de l’adversaire. Et la motivation dans ce jeu au pays du roi dollar n’est autre que le gain facile et rapide en bravant tous les risques.

C’est ce jeu que l’actuel président des USA semble appliquer non sans naïveté et arrogance. Naïveté car il doit ignorer que ses adversaires sont du pays qui a inventé le jeu d’échec. Et ce jeu tout de calcul et aux combinaisons infinies requiert de la patience et du sang froid pour ne jamais se laisser déstabiliser par son adversaire.

Dans la confrontation qui se déroule dans le golfe arabo-persique, deux politiques, deux cultures, deux armées mènent une guerre sans merci. L’analyse sur le plan strictement de la communication est d’ores et déjà un fiasco pour un président qui passe, pour les benêts, pour un as de la communication. Les USA ont en effet donné plusieurs versions mensongères de Drone abattu et, sous la pression des Iraniens qui eux disaient la vérité, preuves à l’appui, ils ont changé plusieurs fois d’explications (1). Cette déroute sur le plan de la communication est le reflet d’une politique qui se croit tout permis grâce à la puissance militaire et aux mensonges qui peuvent être une arme à condition que le voleur ne soit pas pris la main dans le sac.

Or les Américains détiennent la palme d’or dans ce domaine. On se rappelle l’histoire du bateau américain coulé au large du Vietnam pour s’offrir le prétexte d’aller écraser sous les bombes le Vietnam. Cuba qui fit face à une invasion dans la baie du cochon par des ‘’opposants cubains’’ armés et dirigés par la CIA. Et enfin le cirque joué au conseil de sécurité par le ministre américain de la défense montrant au monde entier une fiole contenant la ‘’preuve’’ des armes de destructions massive de l’Irak.

En plus de perdre la face sur le plan médiatique, les USA voit leur prestige militaire écorné. En effet le Drone abattu n’est pas un gadget qu’on achète dans une grande surface mais un mastodonte qui plus est furtif (invisible). Et les Iraniens magnanimes mais en réalité grand joueur d’échec ont épargné l’avion qui accompagnait le Drone avec 30 passagers à son bord (2).

Message reçu 5/5 par Trump qui félicita les Iraniens l’incitant ainsi à arrêter une opération 10 minutes avant son déclenchement programmé. Toute cette mise en scène contre l’Iran faite d’embargo, de menaces militaires pour effacer de la terre le régime iranien qui l’empêche de dormir, ressemble mot pour mot au cinéma joué avec la Corée du Nord.

Et pour Trump, la seule façon d’éviter l’apocalypse, il propose généreux qu’il est aux deux pays des relations économiques qui les transformeraient en paradis. Il le fait aussi avec les Palestiniens à qui il promet de les inonder avec 50 milliards de dollars en contre partie de la vente de la Palestine.  Cette façon de procéder, ces discours ne sont pas le produit d’un manque d’intelligence mais le fruit pourri d’une vision du monde qui lui font croire que les peuples vendent leur être historique pour un plat de lentilles, ou plutôt pour un hamburger dégoulinant de graisse.

En vérité, toute cette agitation révèle l’attitude et la rage d’un pays qui ne veut pas descendre de son piédestal. Or ce statut est menacé d’abord par les peuples, ensuite par de grandes puissances mondiales ou régionales qui lui dénient le droit d’être le gendarme du monde pour l’éternité. Et pour maintenir ce statut si  »enviable », il faut que ses protégés de la région (Arabie, Emirats, Qatar et Israël) ne subissent pas les frais d’un changement des rapports de force dans le Moyen-Orient. De plus les USA veulent aussi contenir l’avancée dans la région de la Russie, de la Chine et même de l’Inde. Ces deux derniers pays, redoutables rivaux potentiels sur le plan économique ne veulent pas passer sous es fourches caudines des Américains pour se ravitailler en pétrole dans les pays de la région.

Ces grandes manœuvres où se combinent embargo économique et financier, envoi de flottes et d’armées menaçantes cache en réalité une impossibilité de faire une guerre peu coûteuse. L’époque des expéditions de courtes durées et de la suprématie aérienne étant révolue, les USA et Israël doivent réfléchir à deux fois avant de s’aventurer sur un champ de bataille terrestre dont ils sont loin de maîtriser tous les pièges. Tous les stratèges ne cessent de le dire et les exemples ne manquent pour le confirmer. L’un de ces stratèges, ancien chef des services secrets israéliens le dit sans détour à une télé israélienne : « La prochaine guerre se jouera sur le terrain de la confrontation des infanteries ». Et oui, on pouvait jouer au Rambo dans la maîtrise du ciel et du terrain labouré par des blindés mais quand il faut l’occuper sans cette double protection (avions et blindés)  et se battre au corps à corps, c’est une autre paire de manche.

Voici donc le tableau noirci de considérations géopolitiques et de risques difficilement mesurables par les temps qui courent. La haute technologie et l’armement sophistiqué n’est plus l’apanage des armées riches. Mais ce qui manque aux pays de ces armées c’est le temps et les comptes à rendre à leurs opinions. Une guerre longue épuise l’économie et le coût élévé en termes humains ne sont plus acceptés dans des sociétés où l’opinion publique informée a son mot à dire. Cette complexité de la situation et les énormes enjeux engagés n’est pas relaté par les médias dominants. Seuls des laudateurs de l’Oncle Sam, par ignorance ou par intérêt bien compris s’échinent à faire jouer la brosse à luire, fascinés qu’ils sont par un chef d’entreprise milliardaires.

Ali Akika

Notes

(1) Ce fut une litanie de versions : non il n’y a pas eu de drone américain abattu. Oui nous avons un drone abattu mais dans la zone marine internationale. Les Iraniens ont fait une erreur, sous-entendu ils vont le payer cher. Le président a stoppé des frappes 10 minutes avant le déclenchement de l’opération etc etc

(2) En diplomates chevronnés, les Iraniens en épargnant la vie de 30 militaires américains, envoient un message au chancellerie du monde et à l’opinion internationale en disant regardez qui est le va t-en guerre et qui ne respecte pas l’accord international sur le  nucléaire. Ce message diplomatique est évidemment ignoré par les  »pseudos » spécialistes qui polluent le monde des médias.

 

Auteur
Ali Akika

 




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