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Un dialogue de coiffeurs à la Casa del Mouradia

DIGRESSION

Un dialogue de coiffeurs à la Casa del Mouradia

L’histoire de glorifier un cadre fut inventée par Ould Abbes quand il était ministre de la Solidarité nationale, de la famille et de la communauté nationale à l’étranger. C’était en 2009, à l’hôtel Mercure pendant la rencontre des cadres chercheurs vivants à l’étranger.

Ould Abbes a offert à chaque chercheur un cadeau pour sa participation. Le cadre de Bouteflika et une poignée de sable dans un morceau de tissu étaient son cadeau préféré pour enseigner le culte de la personnalité de Bouteflika dans le monde de la science. C’est sous cette bande de malfaiteurs, la bande de Monsieur fakhamtouhou, que furent connus les pires scandales de toute l’histoire de l’Algérie indépendante. Ce fut un temps où le mensonge était permis et même officialisé par des images médiatiques. A cette ère, la dignité du peuple était enserrée dans un cadre muet. Le peuple a vu et revu avec émotions et regrets les courbettes des dirigeants épouvantails devant ce cadre. Le cadre gouvernait et les preneurs de décisions étaient de simples roseaux penchants vers le courant du plus corrompu. Les chefs de partis, les responsables des travailleurs ou des fellahs étaient des véhicules de propagande aux mains d’une mafia. Cette mafia avait comme mode de gouvernance la corruption et le mensonge. La mafia a détruit la notion de nation en contrôlant l’information par une singerie monarchiste.

Dans une vraie démocratie, la diversité des sources d’information est supposée être libre de toute entrave. Elle est censée garantir aux citoyens le libre exercice de l’esprit critique. Hélas, la légitimité pure ou la sincérité sans bavure n’ont pas cours en politique. La politique du FLN et du RND nous a déçus par plusieurs figures corrompues. Pour ces figures, l’exercice du pouvoir était entre les mains d’un surhomme ou d’un ange et non d’un être humain. Je suis très embarrassé de dire que le culte de la personne a fait de ce leader un ange infaillible pour ne pas dire un éternel très puissant.

Au-delà de l’homme parfait, irremplaçable (même malade), est une personne dont les capacités physiques sont augmentées par rapport aux naturels. Les maquignons de la Casa del Mouradia nous disaient que son cadre reflétait l’image d’un surhomme d’une intelligence hors norme, un surdoué, presqu’un héros herculéen, voire un demi-dieu, une légende vivante ou une baraka tombant du ciel.

Cette hypocrisie politique reste blâmable chez nous et nous renvoie à une réalité plus complexe que le simple fait de dire une chose tout en en faisant une autre. A titre d’illustration, l’expression, le couteau est arrivé à l’os démontre que l’hypocrisie politique rime avec le mensonge chez l’auteur de cette locution. Cet auteur utilise souvent l’information politique erronée dans son discours arrogant pour détourner l’intention. Ce mode d’information cache son refus de communiquer avec le peuple dans une clarté politique. Les jeux de mots dans son discours démontrent sa détermination délibérée d’annoncer des informations inexactes pour tromper le peuple. La suite du texte explique le titre.

Les coiffeurs racontent des histoires politiques. Ces histoires sont imaginaires mais elles se rapprochent de ce qui se passe chez nous. Un coiffeur nous dit que l’époque du président cadre fut marquée par une suite interminable de scandales de corruption les plus bruyants les uns que les autres.

Aux salons de coiffure la tromperie est sujette de discussion. Les coiffeurs informent, à leur manière, les habitués de ces lieux. Vrai ou faux ce qu’ils disent dans leurs salons ; c’est une question de traitement de l’information. Ecouter un coiffeur commenter une situation politique demande une expertise et une grande compétence dans le savoir de tri des messages codés. Le coiffeur de la Casa del Mouradia nous dit que les gens qui parlent de l’intelligence de l’ex-président n’ont jamais annoncé au peuple son score sur les échelles d’intelligence de type Wechsler. J’aimerais bien en savoir plus car sa tête était sous mon peigne et ciseaux. Je connais parfaitement cette tête. Cette tête n’était pas trop intelligente. Elle était trop maline et rusée. L’intelligence est une chose ; la ruse est une autre. L’intelligent évite le mal. Le rusé excelle dans ce domaine. Ce message peut paraitre sans importance mais en réalité il peut changer l’équilibre dans un combat de clans dans politique de Mohamed Jamii.

Au salon de coiffure, un coup de ciseau image la censure. Un billant gèle signifie être avec le système. Un pou caché signifie terroriste. Une mèche est un indicateur de la police.

Comprendre ce que dit un coiffeur algérois et savoir lui parler c’est fondamental, si vous ne voulez ne pas finir avec des cheveux bleu-azur refusés par le hirak! Je ne suis pas très assurée, mais je vous raconte en toute liberté.

Un jour, un chef de parti va chez un coiffeur, connu par son engagement politique, pour changer sa coupe trop contestée par les jeunes du hirak. Comme d’habitude dans ces cas-là, le chef de parti et le coiffeur commencent à discuter la situation actuelle dans notre pays. Et de fil en aiguille, ils finissent par parler du futur locataire de la Casa del Mouradia. Comment sera-t-il élu ? Le coiffeur déclare : Je ne crois pas que la démocratie existe, comme vous dites et je ne crois pas que les chefs de parti sont en mesure de convaincre le peuple pour voter librement pour un président honnête, éduqué et pas trop vieux. Et surtout si ce candidat vient du RND ou du FLN.

Le client répond : Mais pourquoi dites-vous ça? Eh bien, c’est très facile, explique le coiffeur. Il suffit de voir votre tête pour se rendre compte que la démocratie n’existe ni au FLN ni au RND. Dîtes-moi : si démocratie existait vraiment dans ces partis, pensez-vous qu’il y aurait autant de gens qui souffrent, autant de malades, d’enfants abandonnés et de voleurs des biens publiques ? Si la démocratie existait chez nous, il n’y aurait pas tant de douleur et de souffrance pour ce peuple. Si la démocratie existait, les chefs de parti ne se cloueraient pas au fauteuil et supplient Saïd pour rester au pouvoir. Je ne peux pas croire qu’il existe un chef de parti honnête qui défend réellement le peuple et propose des solutions pour sortir de l’impasse.

Le chef de parti reste songeur un instant, sans vouloir répondre pour éviter une discussion qui mène à une question un peu gênante. Qui a dilapidé l’argent du trésor public et a abusé de son autorité pour vivre comme un roi ?

Le coiffeur achève son travail. Après cette discussion politique un peu tendue, le chef de parti s’en va avec une tête pas très bien en équilibre sur ses épaules. En sortant du salon de coiffure, il aperçoit dans la rue un homme avec une barbe épaisse, longue et négligée. Apparemment cet homme est fidèle au courant Habhabiste. Il n’a jamais taillé sa barbe pour avoir le look d’un bouc habhabiste. Cet homme, avec sa barbe brouillée, semblait être resté des années et des années sans aller chez un coiffeur pour ne pas discuter la démocratie et ses bienfaits.

Le chef de parti retourne alors au salon de coiffure et dit au coiffeur : Vous savez pourquoi je suis revenu? Je ne suis pas revenu pour vous dire que votre coupe ne me plait pas. Je viens de découvrir que les vrais coiffeurs n’existent pas. Comment ça ? dit le coiffeur. Regardez-moi, je suis ici, je suis coiffeur !

Non, répond le client. Les coiffeurs n’existent pas parce que s’il y en avait, il n’y aurait pas de gens avec des barbes aussi longues et négligées, comme l’homme que j’ai rencontré dans la rue.

Ah, Ah, mais bien sûr que les coiffeurs existent, je suis ici. Le problème est que ces gens préfèrent les coiffeurs qui rasent selon le rite habhabiste. Ils n’aiment pas venir dans mon salon. Ils classent les coiffeurs selon la tendance politique! Ils savent bien que je fais ma prière comme tous les algériens et je suis honnête dans mon travail. Ces gens préfèrent un coiffeur habhabiste comme eux.

Le client conclut alors: Oui, c’est bien la question que nous avons débattue: La démocratie existe puisque la longue barbe habhabiste est protégée par les règles du coiffeur du roi. Vous devez suivre cette règlementation même si vous vous prenez pour le roi de la coiffure. C’est ça la démocratie que nous voulons.

Le coiffeur regarde bien ce chef de parti et dit « Entre le roi de la coiffure et le coiffeur du roi à la Casa del Mouradia il existe un jargon de jeunes un peu extraordinaire.

Le roi de la coiffure connaît bien ce jargon et l’utilise à longueur de journée. Mon rasoir est juste et reconnaît la bonne tête dans un tas de pastèques. Par contre le coiffeur de la Casa del Mouradia est ignorant dans ce domaine. Il n’a pas une grande expérience, pendant plus de vingt ans, il ne voyait qu’une seule tête. La tête de Fakhamtouhou. Je vous informe, votre tête va être bientôt rasée par un coiffeur habile. Ce coiffeur connait son métier. C’est le coiffeur de la prison VIP. Ce coiffeur a des têtes spéciales à raser. Si vous avez l’occasion de l’écouter, faites attention. Les détenus n’ont pas la même tête. Chez nous, le contenu d’une tête dépend étroitement des épaules qui le supportent. »

Le chef de parti réplique « Faites attention à vos paroles. Vous voulez dire : grandeur et disgrâce à la Casa del Mouradia ! Moi je suis très fidèle à fakhamatouhou ! Le coiffeur du roi n’est pas comme un coiffeur de quartier comme vous. Il connaît la loi et informe tous les coiffeurs de Hydra. II leur apprend comment se défendre si la coupe est vraiment ratée. Selon la constitution du roi, le coiffeur est tenu à une obligation de moyens mais pas de résultats. Dès lors, vous êtes obligés de payer le coiffeur pour la prestation fournie même si la coupe ne vous plaît pas…

Par exemple, pour une tête dont la chevelure est un peu spéciale, glissante vers l’avant et trop truffée vers l’arrière comme celle des politiciens comme moi, le coiffeur est responsable si son rasoir touche la partie glissante et laisse sa trace. Cette partie glissante image notre politique».

En conclusion : Je ne vais pas faire comme le pape François et dire aux coiffeurs et esthéticiennes d’éviter les potins au cours de leur travail. Le potin, c’est péché d’après le pape. Ouyahia et ses acolytes ne produisent plus des « dirigeants honnêtes » ou des leadeurs exemplaires. La Casa del Mouradia a connu des grands et des petits. Le prochain président doit savoir que l’urne est sa propre route vers la Casa del Mouradia. Il doit aussi savoir que sans loyauté, sans notion de l’intérêt général et sans sa capacité de donner avant de recevoir, il ne gagnera ni la confiance du peuple, ni le respect de son coiffeur, ni une considération dans le monde.

 

Auteur
Omar Chaalal

 




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