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Un Etat qui se fonde sur la force et non sur le droit

Répression

«Ce fut par une lugubre nuit de novembre que je regardais mon œuvre terminée (…) Je vis s’ouvrir l’œil jaune et terne de cet être, sa respiration pénible commença et un mouvement convulsif agite ses membres », Mary Scheiley.

C’est le dernier recours, l’ultime chance de survie pour les victimes du Covid-19 en détresse respiratoire aigüe. C’est la pathologie la plus grave engendrée par le covid-19. Les poumons n’arrivent plus à oxygéner le corps. En l’absence d’un respirateur artificiel, le patient dépérit et meurt. L’Algérie respire avec ses deux poumons : le pétrole et le gaz. Les recettes pétrolières et gazières, représentent 98 % des revenus en devises du pays et couvrant plus de 75 % des besoins des ménages et des entreprises. Une baisse brutale et durable du prix des hydrocarbures, des débouchés ou des réserves serait-elle fatale ou salutaire pour le pays ? Le pétrole nous énivre, le gaz nous pollue, l’argent facile nous aveugle. Le pétrole est devenu le dieu du monde moderne et les dirigeants de la planète ses serviteurs. C’est un faiseur de miracles. 

Un Etat conçu et vécu comme habillage civil d’un pouvoir militaire sans uniforme le rendant invisible au regard des droits de l’homme et de la démocratie et tournant le dos aux aspirations populaires. Un Etat qui repose sur une rente et non sur une production.  Un Etat qui se fonde sur la force et non sur le droit. 

Un Etat conquis par les armes et corrompu par l’argent facile. Vivant exclusivement de la rente, l’Etat peut se permettre de ne pas développer une production propre en dehors des hydrocarbures et rien ne l’empêche d’établir des relations clientélistes avec les acteurs économiques et sociaux qui se sont multipliés au fil du temps et des sommes amassées. 

Partant du principe sacro-saint que tout problème politique, économique ou social a une solution budgétaire.  Politiquement, le pétrole n’est pas neutre. Il attire les grandes puissances, perpétue des régimes politiques, corrompt les sociétés, enflamme les foules, et détourne le regard des démocraties occidentales. 

Il est responsable des profondes modifications des structures économiques, politiques, sociales et mentales. Il finance le déficit des entreprises économiques et le fonctionnement des institutions politiques virtuelles. Il masque l’autoritarisme de l’Etat et la paresse congénitale des populations. Il abolit la propriété privée des moyens de production au profit de la propriété « publique » rendant invisibles et infaillibles les actionnaires «politiques » en socialisant les pertes (par répression aveugle) et en privatisant les profits (par la corruption de masse). Cela conduit évidemment à la disparition de la bourgeoisie productive autochtone transparente et à l’interdiction d’entreprendre quoique ce soit de laborieux en Algérie en dehors du contrôle de l’Etat, c’est-à-dire des tenants du pouvoir.

Il sera à l’origine de la constitution d’une classe sociale formée d’une bourgeoisie d’Etat parasitaire et  d’une oligarchie hégémonique, disposant d’un appareil sécuritaire puissant et de l’argent du pétrole et du gaz pour se pérenniser. Il a empêché quasiment le renouvellement du personnel politique atteint par la limite d’âge, la diversification de l’économie et la renaissance d’une culture ancestrale qu’elle soit ethnique ou religieuse.. Il est établi que prix du brut est un baromètre de la santé de l’économie mondiale et un facteur de stabilisation des régimes politiques domestiqués comme les monarchies arabes et les dictatures militaires.

Pour assurer sa domination sur le reste  du monde, il navigue entre deux eaux, un prix plancher au-dessous duquel il ne peut descendre sous peine de perturber les marchés entraînant une récession mondiale préjudiciable à la pérennité de la civilisation moderne et un prix plafond correspondant aux coûts de production  des énergies de substitution. 

Dans ce contexte, les sociétés dites arabes sont prises en tenailles entre un Etat Monde dominé par l’argent et un Monde sans Etat régi par une morale. Vivre dans la modernité et mourir dans l’islam est un défi difficile à relever par les communautés musulmanes vivant de la rente pétrolière et gazière. Entre la vie éphémère d’ici-bas et la vie éternelle dans l’au-delà, mon cœur balance semble penser le musulman ébranlée dans sa foi religieuse face à une modernité envahissante aux couleurs attrayantes et à la décadence morale manifeste de la société dans laquelle  il vit. 

De la danse du ventre au nu intégral, le pas est vite franchi pour attirer les touristes et investisseurs étrangers. Toute flambée ou effondrement des prix qui s’inscrit sur la durée menace la civilisation occidentale dans ses fondements où la matière domine l’esprit, où l’individu prime sur le groupe, où l’homme est une équation à somme nulle et où Dieu est absent du cœur des hommes. 

Sur le plan sociologique, le pétrole agit sur le corps social comme un somnifère le plongeant dans un sommeil profond par la distribution de revenus factices sans contrepartie productive et la satisfaction des besoins primaires et secondaires des ménages, des entreprises et des administrations exclusivement par des importations condamnant le pays à l’immobilisme et à l’inculture.

 « L’inculture élève nos dirigeants en « dictateurs » de la médiocrité, et les peuples en « souverains » dociles et insatisfaits »  nous dit Christian Castelli « 

Dr A. Boumezrag

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