Lundi soir, le Théâtre Libre à Paris a été le berceau d’une mobilisation exceptionnelle, une étincelle d’espoir dans l’obscurité de l’injustice. Près de 1200 personnes étaient réunies pour un même cri, une même détermination : obtenir la libération de Boualem Sansal, cet écrivain courageux et visionnaire, injustement emprisonné dans les geôles algériennes. Mais plus qu’un appel à l’action, cette soirée était une ode vibrante à l’amitié, à la liberté, et à la puissance des mots.
Boualem Sansal est un écrivain dont la plume transcende les frontières et les époques. Sa vie est un chant de vérité, une vérité souvent inconfortable mais indispensable, un miroir tendu à l’Algérie et au monde.
Il a dénoncé les oppressions, les extrémismes et les dérives autoritaires avec une lucidité et un courage que peu osent revendiquer. Ce courage, qui fait trembler ceux qui s’accrochent au silence et à la peur, est aujourd’hui sa prison.
Hier soir, cette injustice était au cœur de chaque témoignage, de chaque émotion. Sous les projecteurs du Théâtre Libre, nous avons vu et entendu des voix fortes et solidaires : des lectures poignantes, des appels à l’action, et des paroles chargées d’espérance.
Nous avons réaffirmé une vérité immuable : Boualem n’est pas seul. Il est porté par des femmes et des hommes qui refusent de voir la liberté d’expression réduite au silence.
Ce fut également une soirée d’échanges privilégiés avec des figures emblématiques engagées pour cette cause. J’ai eu l’honneur et le plaisir de discuter avec Xavier Driencourt, Georges-Marc Benamou, Jean-Michel Blanquer, Daniel Leconte, Rachel Binhas, Gilbert Abergel et Manuel Valls. J’ai également retrouvé avec une profonde émotion mes amis de longue date : Stéphane Rozès, Arnaud Benedetti et Georges Kuzmanovic, qui partagent tous cette appétence indéfectible pour sortir Boualem de là où il se trouve.
Le moment le plus poignant de la soirée fut sans doute l’annonce de Me Zimeray, avocat de Boualem. Il nous a appris que notre ami avait été transféré de la prison de Koléa à l’aile pénitentiaire de l’hôpital Mustapha d’Alger, où des biopsies réalisées ne laissent rien augurer de bon. Une nouvelle qui étreint le cœur, mais qui ne fait que renforcer notre résolution.
Boualem, c’est plus qu’un ami, c’est un frère d’esprit, un phare dans la nuit des oppressions. Son œuvre est un pont jeté entre les peuples, un appel à la dignité et à la justice.
En luttant pour sa libération, nous faisons plus que défendre un homme : nous proclamons haut et fort que la liberté de penser, de dire, d’écrire ne peut être enfermée. Hier soir, nous avons prouvé que la solidarité est plus forte que la peur, que la poésie des cœurs peut briser les murs les plus épais.
Ce combat pour Boualem Sansal est le nôtre. Il nous rappelle que chaque mot, chaque action compte. Faisons résonner son nom dans les salles de rédaction, les parlements, les rues.
Ensemble, faisons éclater les silences.
Boualem, nous sommes là.
Ton combat est le nôtre, ta voix est notre flambeau. Et jusqu’à ce que tu sois libre, nous ne cesserons jamais de nous battre.
Kamel Bencheikh, écrivain