Le Mouloud ou Mawlid Ennabaoui est la commémoration de la naissance du Prophète Mohamed. C’est indiscutablement l’une des fêtes religieuses musulmanes les plus importantes en Algérie. Le plat servi dans la majorité des foyers est la Rechta. Des pâtes traditionnelles accompagnées d’une sauce blanche à base de poulet, navets et pois chiches.
Cette semaine précédant le saint jour de la commémoration du Mouloud, tandis que l’Algérie retire sa candidature de l’organisation de la Can et que Tebboune crée un gouvernement parallèle de conseillers, les mères algériennes ont fort à faire. Elles doivent planifier leur repas de fête. Elles se concertent, se téléphonent, se tuyautent.
Oui la tâche est ardue. Le prix du poulet avec os flambe : il passe de 350 dinars à 650 dinars le kilo en moins d’un mois. Le poulet sans os lui atteint 1300 dinars le kilo. Les pois chiche quant à eux demeurent introuvables !
Depuis que l’importation des féculents a été décrétée monopole de l’Etat par les grands stratèges qui planifient l’économie, au même titre que le pétrole ou l’or, plus de pois chiches, rien ne va plus. Tout part en cacahuète !
Une rechta sans pois chiche ? Impensable, sacrilège ! Juste avant leur volatilisation du marché ils ont atteint le prix de 420 dinars. Les lentilles, denrée rare, frisent les 420 dinars le kilo. Elles deviennent royales.
Le bœuf et l’agneau affichent 2 800 dinars le kilo et ne font plus partie des fantasmes gastronomiques des Algériens moyens.
La tomate oscille autour des 180 dinars le kilo après avoir atteint un pic de 300 dinars il y a 2 ou 3 semaines.
Le beurre, quant à lui, s’échange en moyenne à 500 dinars la plaquette de 250 grs et ne fait plus partie du paradigme culinaire local. La margarine végétale de composition pas toujours claire est à moitié prix, considérée comme un substitut acceptable.
Et ainsi de suite. A rajouter à cette flambée historique des prix celles de l’électricité et du gaz qui ont connu une augmentation appréciable.
Bon bref, tout cela pour un SMIG de 20 000 dinars et une allocation chômage de 15 000 dinars.
« Qué bella » la nouvelle Algérie ! Mamans, papas, grands mamans et grands papas des familles à petits budgets ont fort à faire : nourrir les muchachos. Prouesse qui s’avère de plus en plus complexe.
Les autres familles, un peu mieux nanties, sont également très occupés : trouver une solution pour leur progéniture scolarisée dans les écoles privées qui subissent un assaut sans précédent, menacés de disparition et privés du CNED.
Se nourrir le corps et l’esprit devient un vrai challenge dans l’Algérie actuelle que des âmes malsaines tentent de faire perdurer.
On échangerait bien un gouvernement contre un bateau de pois chiche ! dira-t-on ! Mais ça, c’est du ressort, comme de tout le reste, de ammou Tebboune.
Samia Naït Iqbal