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Un nouveau drapeau : une proposition symbolique d’unité nationale

OPINION

Un nouveau drapeau : une proposition symbolique d’unité nationale

Cette lamentable affaire du drapeau amazigh interdit est une grande leçon dont les Algériens devraient profiter pour réfléchir au sens de l’unité nationale. C’est la preuve absolue que toutes les composantes nationales de ce pays ont un seul ennemi qui les divise, le régime militaire. Il faut trouver, en un nouveau drapeau, un chemin symbolique d’union nationale.

Que le lecteur m’accorde tout d’abord le crédit d’être conscient qu’un bout de tissu n’est en rien la garantie d’une union nationale et que l’essentiel de son fondement se trouve ailleurs.

J’ai rédigé de nombreux articles pour montrer combien je suis sceptique sur la capacité de la constitution et des lois à construire, seules, une nation unifiée, fraternelle et apaisée. L’essentiel se trouve dans notre capacité à intégrer ce que l’instruction et l’humanisme de nos éducations personnelles nous ont appris. Pour ma part, ils m’ont toujours enseigné d’être aux côtés de nos compatriotes berbérophones car j’ai, très tôt dans ma vie, ressenti leur douleur profonde.

Je propose donc une action tout à fait symbolique mais lorsque le symbole est accompagné d’une honnêteté intellectuelle, il peut faire soulever des montagnes. Je propose donc qu’enfin ce drapeau soulève les montagnes par promesse d’un nouveau pacte national.

Le drapeau est une affaire constitutionnelle puisqu’il valide la représentation graphique derrière laquelle une nation se reconnaît, construit son lien et offre son image de la représentation nationale au monde.

Je propose que le débat sur la constituante prenne en compte, dans les délais les plus brefs, le point sur la nouvelle représentation graphique du drapeau national.

Si des commissions de gens talentueux, de toutes compétences, de toutes régions et de toutes sensibilités ne peuvent se réunir pour nous proposer un nouveau drapeau national, c’est qu’il n’y a plus aucune porte possible vers l’unité nationale.

On voit bien que le drapeau algérien n’a pas tenu ses promesses car il a été pendant un demi-siècle représentatif d’un régime militaire qui l’a foulé au pied en piétinant toutes les valeurs qu’il était censé représenter.

Je ne suis pas stupide au point d’ignorer que la représentation graphique est en lien avec des références culturelles et historiques. Je suis conscient que toutes les composantes tiennent à leurs références. Mais si ces références ne sont pas considérées comme nationales et qu’on puisse s’accorder sur elles, alors il n’y a pas un seul pays et un seul destin à ce peuple mais plusieurs.

Je me fiche totalement d’un bout de tissu et encore plus au graphisme qui pourrait être décidé mais l’important est une adhésion collective aux couleurs et symboles du drapeau. Ce serait le signe d’une renaissance pour symboliser le pacte national, une seconde république qui voit le jour avec des couleurs éclatantes au vent.

Oui, le drapeau est un bout de tissu, oui la constitution n’est qu’un bout de papier. Mais ce sont les volontés des êtres humains qui leur donnent le sens profond de l’unité nationale.

Profitons de ce trouble causé autour du drapeau pour remettre ce bout de tissu tout en haut des diversités nationales, à cette distance où la vision ne prend en compte que la force d’une seule entité, dans la beauté de son ensemble.
 

Auteur
Boumediene Sid Lakhdar, enseignant

 




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