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Un petit peu de liberté, Sire Tebboune, implore Bengrina !

Bengrina

Abdelkader Bengrina, un spécimen politique dont seul le système algérien a le secret de création.

Quand même Abdelkader Bengrina, champion toutes catégories du cirage de bottes, supplie le pouvoir de lui laisser « ne serait-ce qu’un petit peu de liberté d’expression », c’est que le régime a serré la bride au point de couper le souffle à ses propres serviteurs. Imaginez alors l’air qu’il reste au peuple.

La liberté d’expression n’est plus un droit, c’est une relique. Elle a pourtant été payée au prix fort, dans le sang, par des générations qui ont refusé de plier. Mais aujourd’hui, ce sacrifice est insulté par des dirigeants qui se drapent dans le patriotisme pour traiter toute voix critique d’« ennemie de l’Algérie ». Plus ils répètent ce mensonge, plus il sonne creux.

Et pendant ce temps, le chef de l’État continue d’ériger le silence en politique d’État. La moindre critique devient crime, la moindre parole discordante se solde par une convocation, une cellule, une étiquette infamante.

La Constitution chante à l’article 48 que la liberté d’expression est garantie, à l’article 50 que la presse est libre et qu’aucune censure préalable n’existe. Quelle farce ! Dans la vraie vie, tout est verrouillé. L’article 87 bis, massue magique, permet de transformer n’importe quel citoyen en terroriste d’occasion. Et la nouvelle loi sur « l’atteinte à la République » parachève l’absurde : une caricature, un tweet, un mot de travers, et c’est la prison. On ne protège plus la République, on la momifie.

Alors oui, Bengrina réclame « un petit peu ». Comme si la liberté était une friandise. Mais un peuple n’a pas besoin d’un échantillon, il a besoin de tout. Tout ce qu’on lui a confisqué, tout ce qui a été arraché dans la douleur, tout ce qui donne un souffle à une nation. Tant que la critique sera un crime, tant que la vérité sera une faute, l’Algérie restera un navire sans boussole, piloté par un capitaine qui se noie dans ses propres promesses. Un pays qui refuse la parole n’a plus de voix : il n’a que des geôliers et des spectateurs fatigués.

Zaim Gharnati

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