Samedi 16 mars 2019
Une Algérie démocratique est possible
Au terme d’un règne chaotique, qui aura duré vingt longues années, où l’Algérie a été mise à terre, défigurée, mollestée, Abdelaziz Bouteflika cherche encore à prolonger son bail au Palais d’el-Mouradia, en multipliant les stratagèmes, aussi puérils et insultants les uns que les autres.
Les violations répétitives de la Constitution et l’Etat de droit constamment foulé aux pieds avec la grimace du meilleur cynisme dont le dictateur pouvait faire preuve, viennent de signer une rupture franche et radicale entre un régime voyou et une société civile jalouse de sa dignité et soucieuse de son avenir.
Ainsi, riche d’une expérience douloureuse, assez longue et toujours vivante, superposée à une vive mémoire qui s’étend de 1962 à nos jours, fructifée par des révoltes multiples, comme en 1963, 1980, 1985, 1988 et 2001, le peuple algérien refuse d’abdiquer devant l’ordre établi, aussi roublard qu’illusionniste. De même, l’obstination quotidienne de la population est un cheminement décisif, collectif, pour se libérer des griffes de l’Etat policier.
Depuis la manif de Kherrata, le 2 février passé, en effet, la rue a multiplié les messages dont les plus sonores sont le départ du régime, le renouveau du personnel politique, avec un air festif dont lequel elle trouve un moyen de transcender la fatigue.
Cet élan pacifique, d’étendue nationale, laisse présager un meilleur scénario pour redonner à l’Algérie une issue amplement démocratique, d’ailleurs maintes fois réclamé par la rue qui, de marche en marche, rejette toute option intégriste et refuse de toutes ses forces toute tentative de division ou de racisme religieux.
Ce moment historique mérite une issue consensuelle. Ce grand témoignage de sacrifice et haut degré de civisme, saupoudré d’un patriotisme béat, est à transformer en œuvre utile pour la nation et son devenir ; par une capitalisation idoine des compétences ; par une synergie constructive à même de dessiner les contours d’une nation prospère.
Face à l’errance du régime qui a réussi à se mettre toute la société à dos, devant une camarilla qui court toujours dans une futile fuite en avant, sachant que son temps est compté, se mettant dans l’illégalité et campant dans une position de hors-jeu indiscutable, le rapport de force est en faveur de la rue poussive et généreusement porteuse d’alternative.
Se changer soi-même, de façon positive, pour ne rien céder ni aux sirènes du régime ni aux illusions des islamistes est un pas de géant vers le meilleur. Pour la première fois, depuis 1962, l’échiquier politique algérien offre une opportunité inédite au peuple de rédiger lui-même son Contrat social au diapason de ses aspirations : par le débat, par la concertation, par la volonté des hommes et des femmes de ce riche pays.
C’est une raison historique à laquelle il a toujours voulu convergé et peut, cependant, réussir loin des cercles obscurs d’un régime qui cherche constamment le coup de grâce. Un gouvernement de transition pour une Algérie démocratique peut être cette instance regroupant des compétences nationales, chargée de tourner la page de longues décennies infestées d’injustices et de rapines impunies.
Bouteflika ? Qui s’y frotte se salit et prend le risque de se noyer. Son entourage mord, mortellement, ses actions sont trompeuses. Avoir en mémoire le sort des Arouchs de 2001 est suffisant pour fuir la peste d’un régime sans scrupules, arrivé a péremption ! La divergence entre le régime et la rue est existentielle. L’avenir n’est pas écrit à l’avance mais il se fait plutôt jour après jour où chacun apporte sa pierre à l’édifice.
L’essentiel aujourd’hui, est qu’un gouvernement de transition indépendant doit élaborer sa feuille de route loin des méthodes du régime en mettant en place son agenda avec le soutien entier de la population ; un soutien au demeurant qui fait gravement défaut à la secte des illusionnistes qui siègent à El-Mouradia.. Ce sera l’acte de naissance d’une Algérie démocratique que nous appelons de nos vœux…