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Une arme de dissuasion appelée baltaguia

REGARD

Une arme de dissuasion appelée baltaguia

Des journalistes ont été agressé vendredi 12 mars à Alger.

Des baltaguia ont agressé des journalistes dans l’exercice de leur fonction, vendredi dernier à Alger, pour les dissuader de montrer au monde entier ce qui se passe en Algérie.

Envoyés par des maîtres tapis dans l’ombre, les baltaguia sont arrivés sur les lieux, ont repéré les journalistes, puis sont passés à l’action avec une rare violence, le tout maquillé en altercation entre manifestants. La « technique » a longtemps été utilisée par le régime de Ben Ali en Tunisie contre la presse étrangère notamment, sans succès toutefois.

En Algérie, contrairement à ce que pourrait penser le citoyen lambda, la technique d’utilisation des baltaguia ne date pas de vendredi dernier. Elle est devenue monnaie courante, surtout à l’intérieur du pays.

L’auteur de ces lignes, par exemple, a été maintes fois terrorisé (et le mot n’est pas trop fort) par des baltaguia au service de pontes locaux. Mais ce n’était rien, comparé à ce qu’avait enduré un correspondant d’El Watan à Tébessa, humilié et poussé à la mort par les baltaguia du bled.

De guerre lasse, beaucoup de correspondants ont carrément changé de tactique. Ils ont cessé toute critique, ce qui leur a permis de faire d’une pierre deux coups : éviter les baltaguia et gagner plus d’argent sous forme de placards publicitaires donnés par des pontes locaux.

Pour l’anecdote, un correspondant pas comme les autres a bien voulu nous dire pourquoi n’a-t-il pas peur des baltaguia de son patelin. « Je m’affiche de temps en temps avec une vieille connaissance devenue un baltagui notoire », a-t-il avoué en souriant malicieusement.

Une chose est sûre, les baltaguia qui ont agressé des journalistes vendredi à Alger pourraient récidiver, l’enjeu étant de taille aux yeux de leurs maîtres tapis dans l’ombre.

Auteur
Ahcène Bettahar    

 




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