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Une nécessité urgente pour sauver l’Algérie

Un Front des forces patriotiques et démocratiques

Une nécessité urgente pour sauver l’Algérie

Il faut bien se rendre à l’évidence qu’aucun parti politique en Algérie ne représente à lui seul une force assez puissante capable de sortir le pays de la crise complexe actuelle qu’il traverse et ouvrir la voie à un réel changement démocratique et pacifique. Par contre, un large Front des forces patriotiques et démocratiques autour d’un programme commun, peut constituer une alternative salutaire pour le pays.

En effet, il n’existe pas de partis de masses capables de mobiliser la société pour un tel changement. Les partis démocrates sont éparpillés, divisés et les luttes sociales et professionnelles, sont encore au stade corporatiste (chaque syndicat lutte pour défendre sa corporation). Les luttes citoyennes elles, se déroulent encore largement sous forme de révolte ou d’émeutes au niveau local, autour de revendications tout aussi dissociées (routes, eau, gaz, logement). Les partis politiques se tiennent généralement loin de ces luttes, rendant plus lente la prise de conscience politique.

Certes, la faible mobilisation citoyenne est à lier aux conséquences de la décennie noire – que les Algériens ne veulent pas revivre mais également à l’interdiction des manifestations de rue surtout  à Alger où elles restent soumises à autorisation. La politique populiste de « paix sociale » de l’Etat, la dépolitisation des masses, – grâce à l’idéologie néolibérale qui a renforcé l’individualisme et transformé les citoyens en simples consommateurs,- ont inhibé l’esprit combatif. Cet état d’esprit a entravé les rares tentatives de rassemblement de l’opposition qui par ailleurs n’avait pas la même vision sur la sortie de crise et connaissait des luttes de leadership.

 

Les conditions de réussite d’un large front unitaire supposent de mettre en sourdine les divergences politiques et définir une plateforme, un programme commun, pouvant fédérer, dans l’action commune, toutes les initiatives et proposer un projet alternatif, proposant des perspectives de solution aux problèmes du pays et du peuple. Ce projet, s’il est  novateur, mobilisateur, crédible, s’il est porté par des hommes et des femmes, sincères, honnêtes, désintéressés, alors, sûrement le peuple l’adoptera et il pourra insuffler un nouvel espoir à la jeunesse algérienne, en proie au chômage et à la mal-vie.

Ce programme commun doit s’atteler à répondre à la question : « Quel est l’ennemi du peuple aujourd’hui ? Quelle est la couche sociale qui accapare le pouvoir, fait main basse sur les richesses du pays ? De la réponse à ces questions dépendra la nature et les objectifs de ce Front afin de proposer une alternative au système politique actuel usé et au capitalisme dominé par le libéralisme sauvage.

La question fondamentale n’est pas de remplacer un Président ou un Premier ministre par un autre en gardant le même système politique, mais de réaliser un changement structurel qui mette fin au système rentier, corrompu, dominé par les couches compradores et bureaucratiques (Import-import) dont les intérêts sont liés à ceux des sociétés étrangères et des multinationales qui empêchent la Nation de se développer et les couches populaires de bénéficier des fruits du progrès.

Ce Front peut rassembler des partis, des syndicats, des cadres du secteur public, des experts, des associations et des personnalités, qui pourront mettre leurs capacités, leur expérience et leur savoir, pour définir un système alternatif basé sur plus de justice sociale, plus de libertés, plus d’équité, un développement autocentré, une industrie productive, créatrice d’emplois et de richesses, s’appuyant avant tout sur le secteur public et le privé national avec des règles transparentes de gestion économique et de lutte contre la corruption. Un système dont la finalité n’est pas le profit, le gain facile, mais la satisfaction des besoins des citoyens, en s’appuyant sur les capacités nationales de production et les expériences passées du pays.

Pour cela, le Front aura à lutter contre les couches compradores, parasitaires et les spéculateurs, qui  saignent le peuple et participent à sa paupérisation; Il doit par contre rechercher des alliés au sein des couches productives de richesses et industrieuses, qui défendent aussi l’indépendance économique et la souveraineté nationales, face aux méfaits et aux ingérences des multinationales, sous couvert de mondialisation et du libre-marché.

Dans ce Front, les travailleurs sont appelés à jouer un rôle central, car ils sont aux premières lignes dans la confrontation avec  les barons du « tout import », qui détruisent  et déconstruisent l’économie nationale. On le voit à travers les luttes menées dans plusieurs secteurs menées ces derniers mois, par les travailleurs pour la préservation de leur outil de travail, comme par exemple à El Hadjar (Annaba), à la SNVI (Sidi Bel Abbès), à Cevital  (Bejaia), à Sétif…    

Quand un ouvrier d’El Hadjar se bat pour maintenir en activité ses hauts fourneaux, il se bat pour le maintien de son emploi, mais aussi pour assurer l’autosuffisance  en acier, matière stratégique indispensable pour toute industrie. Quand un ouvrier de Sidi Bel Abbès se bat pour défendre la production nationale de machines agricoles, il se bat aussi pour assurer l’autosuffisance alimentaire du pays. Il en est de même pour le céramiste de Sétif qui se bat contre la concurrence étrangère, il se bat pour faire baisser les prix de ce produit utilisé dans la construction.    

Quand un ouvrier de Cevital, se bat à Bejaia pour préserver son outil de travail, il se bat aussi pour faire baisser la facture des importations des produits alimentaires de base et pour augmenter leurs exportations, source de devises que leur patron va réinvestir sur le sol national en créant de nouveaux emplois pour les jeunes qui souffrent du chômage et de la mal-vie.

Plusieurs autres comités de soutien ont été créés dans d’autres wilayas et vont tous ensemble organiser dimanche prochain « la marche de la dignité pour défendre l’emploi et l’investissement crier haut et fort : Non au sabotage de Cevital ».  

Même dans les pays capitalistes en crise, Etats-Unis en tête, les travailleurs et leurs syndicats se battent aujourd’hui pour le maintien des usines et des emplois menacés par la délocalisation qui permet aux multinationales de faire de super bénéfices en profitant des bas salaires et du faible coût de l’énergie dans les pays du Sud. Les élus locaux redoublent d’initiatives pour maintenir les emplois dans leurs régions et communes. Alors pourquoi pas en Algérie ?  

 

Auteur
Houria Ait Kaci, journaliste

 




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