Le 28 mars dernier, la région désertique du Néguev, au Sud d’Israël, a abrité les premiers travaux du Sommet des six, avec la participation de quatre ministres des Affaires étrangères arabes (Egypte, Emirats arabes unis, Maroc, Bahreïn), en plus d’Israël et des USA.
Cette rencontre, appelée « Sommet du Néguev », initiée avec la présence symbolique du secrétaire d’État américain, Antony Blinken, est tenue, avec les dignitaires des quatre pays conviés, dans la localité de Sde Boker, un kibboutz, exploitation agricole collective, où repose la dépouille du fondateur d’Israël David Ben Gourion. Un repère emblématique pour l’Etat hébreu et le sionisme mondial.
Il semble que les initiateurs de cette conférence tentent de mettre en place une alliance moyen-orientale qui vise, à en croire les médias israéliens, à la «promotion d’une architecture de sécurité régionale » pour contrer les menaces régionales, comme l’Iran et ses mandataires. Selon Amira Oron, l’ambassadrice israélienne en Égypte, cette conférence montre que la région change de manière spectaculaire et que ses organisateurs partagent les mêmes intérêts face aux mêmes menaces.
La République islamique d’Iran est très certainement visée par cette déclaration, mais l’ambassadrice a ouvert le champ pour d’autres questions d’intérêt commun. Cela est d’autant plus perceptible ces dernières années que, suivant toujours le raisonnement de cette dernière, l’opinion publique égyptienne est de plus en plus favorable à l’idée d’entretenir et de bâtir sur l’accord de paix, conclu déjà il y a 43 ans. D’ailleurs, un nombre important d’entreprises égyptiennes examinent leur potentiel en Israël, a-t-elle précisé.
Mais ce sommet inédit est-il un prélude pour la naissance d’un nouvel ordre régional dans la région de l’Afrique du Nord et du Moyen orient (MENA), renforçant l’alliance « tacite » existant entre Israël et plusieurs pays arabes ? Autrement dit, un nouvel ordre régional est-il en train dans cet espace névralgique de ce qu’on appelle communément Monde Arabe? Toutes les données convergent à cette idée.
D’ailleurs, les organisateurs de ce sommet qui va devenir un forum annuel pour réunir des chefs d’entreprises, des diplomaties, des leaders d’opinion dans les sociétés civiles arabes, s’évertueront, dans les années à venir, à permettre à davantage de personnalités du monde arabe d’y participer, aurait suggéré Oded Yosef, directeur général adjoint du ministère israélien des Affaires étrangères pour le Moyen-Orient.
Pour sa part, le journaliste israélien Barak Ravid du site Walla!, a révélé que ce sommet n’était au départ qu’une rencontre quasi-improvisée. Or, la donne a changé au fil des jours.
« La semaine dernière, dit-il, Bennett rencontre A-Sissi et Mohamed Ben Zayed, à Sharm El Sheikh.
Au départ, on hésite à rendre cette visite publique ou à la laisser confidentielle. Finalement, il est décidé de la rendre publique et tous les participants y trouvent leur compte. » C’est à ce moment là, paraît-il, que le ministre des Affaires étrangères hébreux Yaïr Lapid a eu l’idée de profiter de l’occasion pour créer une suite à cet événement.
En gros, le monde et la région MENA vont, sans doute, entendre parler encore de ce sommet qui donnera naissance à une nouvelle configuration des rapports de force dans cette partie hypersensible de la planète. Mais la coïncidence de la crise russo-ukrainienne y est-elle pour quelque chose? Wait and see!
Kamal Guerroua