C’est à guichet fermé que Lounis Aït Menguellet a enflammé samedi soir son public à la salle de spectacle l’Olympia de Montréal. Avec ses musiciens qui l’ont accompagné, ils ont réussi à offrir un spectacle mémorable.
Pour accueillir l’artiste, c’est à Zahia Bel, une étoile montante de la chanson kabyle, qui a la chance et l’honneur de faire la présentation avec des éloges. D’ailleurs, dans son allocution, elle a rendu hommage aux détenus d’opinion qui croupissent en prison. Elle exige qu’ils soient libérés pour rejoindre leurs familles.
À l’apparition de Lounis Aït Menguellet sur scène, le public l’a ovationné avec des applaudissements suivis des youyous des femmes. Égal à lui-même, Lounis a débuté la soirée avec des chansons qui interpellent les consciences et l’attachement au pays comme Izurar Idurar, cɛeltagh Tafat,….Des messages allant vers la raison.
Pendant plus de trois heures d’animation, Lounis a puisé dans son riche répertoire musical pour satisfaire ses administrateurs. De ces chansons d’amour depuis le début de sa carrière à celles d’aujourd’hui, connues de tous. C’est tout un récital d’opéra accompagné d’un public varié qui chante avec lui. Il est composé de jeunes femmes, de jeunes hommes, de mères et de pères venus festoyer dans une ambiance familiale. C’est un moment très fort en émotions, ce sont des retrouvailles.
Il faut admettre que la pandémie a été une dure épreuve pour tout le monde. Beaucoup de familles ont probablement eu un proche emporté par cette terrible maladie, donc renouer avec les fêtes et des galas artistiques est plus que nécessaire pour garder le moral et maintenir l’espoir. Comme preuve, il a chanté à guichet fermé.
Profitant de la soirée, certains témoignages ont été recueillis sur les lieux pour connaître les impressions de chacun.
Pour Salah Amrane, un connaisseur du parcours de l’artiste, affirme : « Par la force et la beauté de son verbe, Lounis Ait Menguellet possède cette capacité phénoménale, je dirais cette magie, de nous mettre en communion avec tamurt aussitôt entendues les premières syllabes de ses vers. Plus que jamais, c’est le cas du gala de ce soir qu’il entame avec Tamurt-iw d izurar. Tout un voyage pittoresque à notre si lointain pays que l’on porte, malgré le temps et les distances, tel un collier dont le pendentif tombant sur le cœur vibre au rythme de la douleur des souvenirs, de la nostalgie. »
Un autre venant de Djaffar Kaci, un ancien journaliste de la chaîne 3 et qui a tenu à lui exprimer sa gratitude par ces lignes : « Je reste foncièrement envoûté par la magie que dégagent les vers de Lounis Ait Menguellet. Toujours égal à lui-même, malgré le poids des années, Lounis a émerveillé l’assistance. Oui, nous le connaissons, c’est l’un des nôtres et on sait quand il éprouve le besoin de s’exprimer. Les idées se bousculent, les émotions sont à leur paroxysme, c’est ce que nous avons ressenti hier. Toute la substance artistique d’Ighil Bouammas, était hier présente à l’Olympia de Montréal. »
Invraisemblablement, deux témoignages qui indiquent le respect qu’on a à l’égard de l’artiste.
À cette occasion, un livre écrit par Amar Abba, Inig, voyage dans l’œuvre poétique de Lounis Ait-Menguellet publié par l’édition Voix Libres était en vente sur les lieux. Sur le même étalage, il y avait aussi les CD de Djaffar et Tarik Ait-Menguellet qui sont sur les traces de leur père.
La réussite du spectacle revient à ME2S Évents / Prod, l’organisateur principal de l’événement. Le choix de l’endroit, l’accueil du public et le déroulement de la soirée sont des particularités qui ont donné du succès à la fête.
Mahfoudh Messaoudene