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Une tombe à ciel ouvert

Incendies
Les incendies dans l’est du pays ont fait plus de 40 morts et des centaines de blessés.

Ceux qui ont planté l’arbre de l’indépendance avec leur sang ne savaient pas avec quelle, eau il va être arrosé : l’eau de pluie ou le pétrole saharien ? L’eau c’est la vie sur terre ; le pétrole c’est l’enfer dans l’âme.

L’Algérie a arraché son indépendance par l’emploi de la ruse, elle a raté son développement par manque d’intelligence. Elle n’a su coudre la peau du renard avec celle du lion. Considérant le pétrole comme un butin de guerre à partager et non comme une chance à saisir, les algériens vont le dilapider très vite car au lieu d’en faire un levier de développement économique, ils en feront un instrument d’infantilisation des masses et un facteur de régression économique et social manifeste. Le développement est une affaire d’adulte et non un jeu d’enfants. Ayant été traumatisé par la violence du père, l’algérien a un attachement viscéral à la mère. Il fonctionne plus à l’émotion qu’à la raison.. Il est allergique à la logique (physique, mathématiques, chimie) et sensible à la bonne parole (religion, bavardage, diseurs de bonne aventure). Une parole qui amuse, distrait, endort et invite aux rêves et à l’évasion.

Aujourd’hui que le sein se tarit et que le bras se relâche, la mère s’affole, le père  absent, qui osera le sevrer ? Il sera aussitôt mordu. On ne joue pas avec le feu, on risque de se brûler.

Le feu prend de toute part et l’eau se raréfie ? « Qui réunit l’eau et le feu, perd soit l’un soit l’autre ; l’argent au le pouvoir ? C’est grâce à la rente pétrolière et gazière que l’Algérie fonctionne et que la population vit. Tous tendent la main aux pétrodollars des hydrocarbures.

Que vaut la dignité d’un peuple infantilisé ? Le prix d’un sachet de lait ? D’une baguette de pain ? De quelle légitimité peuvent se prévaloir les fortunes privées en dehors de l’argent du pétrole ? Que vaut la probité d’une élite qui a bâti son pouvoir sur la corruption généralisée de la société ?

Un pouvoir que l’élite s’acquiert sur un peuple au moyen de sa dégradation morale. C’est bien la décadence des mœurs qui fait le lit des régimes autoritaires en terre d’islam sous les quolibets des « gardiens du temple ». C’est une évidence,  la société algérienne a besoin d’eau « propre » pour étancher sa soif et  « épurée » pour  faire convenablement sa toilette et celle des institutions, en commençant naturellement par la tête pour descendre le long du corps et atteindre les orteils, comme elle a besoin d’air pur pour « respirer » et « croître » dans un monde sans état d’âme en perpétuelle agitation où le faible doit céder ses richesses naturelles au plus fort du moment.

Aussi semble-t-elle être prête à céder les réserves de pétrole et de gaz se trouvant dans le sous-sol contre tout bonnement un peu d’eau et beaucoup d’oxygène car considère-t-elle, que si le pétrole et le gaz « polluent », l’eau et l’air « purifient», consciente de plus en plus que la terre algérienne n’a pas besoin du sang des guerriers mais de la sueur des hommes.

Pour ce faire, elle est à la recherche d’une nouvelle idéologie fondée sur le travail créateur de richesses et d’une pensée libératrice productrice de valeurs et de symboles pour la tirer de cette léthargie qui lui colle à la peau depuis plus de cinq décennies. Que de temps perdu ? Que d’énergie gaspillée ? Que d’opportunités ratées ?

Dans un pays où s’accumulent des fortunes et où l’homme dépérit, on ne peut que méditer cet adage populaire : « une richesse amassée est un tas de fumier puant et que par contre une richesse répandue est un engrais fertile ». Autrement dit une fortune entre les mains des gens sans esprit sans scrupule et sans moralité est un danger public menaçant la survie de la population qui ne compte plus ses morts soit en mer ou dans les feux de forêts récurrents dus à l’inconséquence et à l’incompétence.

Les difficultés du secteur agricole ainsi que la faiblesse de la production céréalière sont à l’origine de la persistance et de l’approfondissement d’un vaste d’importations massive et couteux. Il faut dire aussi qu’une augmentation de la production céréalière due à une pluviométrie exceptionnelle n’a guère d’influence sur le volume des importations quel que soit la situation financière du pays.

Ces importations jouent le rôle de soupape de sécurité pour le pouvoir parce qu’empêchant que la crise du secteur agricole ne traduise la faillite totale d’une économie largement dépendante de l’extérieur pour assurer sa survie.

L’Algérie se trouve dépendante du marché international pour ses approvisionnements en produits céréaliers dans la mesure où elle est satisfaite par un groupe limité de pays dont la France d’où l’extrême vulnérabilité économique du pays et de la fragilité de son équilibre alimentaire.

Pour augmenter l’offre alimentaire on peut soit étendre la superficie cultivée soit améliorer les rendements. Mais de toute façon, on ne peut se passer d’une ressource négligée par le passé de par sa discrétion, à savoir l’eau.

L’eau est un facteur décisif pour la solution des problèmes du citoyen d’une part et pour la construction d’une économie d’une économie de survie d’autre part.  Car l’élévation de la production agricole et l’amélioration de la productivité nécessite des besoins accrus en eau pour irriguer des terres agricoles asséchées ou en voie d’assèchement et étancher la soif de cinquante millions d’habitants dans un très proche avenir. Des mesures énergiques doivent être prises par les pouvoirs publics pour atteindre ces objectifs.

C’est dire que le secteur hydraulique et non le secteur des hydrocarbures qui doit constituer la priorité de l’heure. Les nouveaux décideurs du pays doivent accorder un intérêt particulier à la valorisation du potentiel hydraulique. Par ailleurs l’effet conjugué de la progression démographique, l’urbanisation massive de la population, l’industrialisation ratée, la monétarisation poussée de l’économie sans oublier une agriculture assoiffée et une paysannerie déboussolée fait que l’écart entre les besoins des populations en produits alimentaires et les ressources disponibles ne cesse de s’élargir.

Aussi nous semble-t-il qu’un plan VALYD AN 2030 peut contribuer à redonner de l’espoir en vue d’une sortie de crises. Pas un plan VALYD au service des multinationales des hydrocarbures (pétrole et gaz de schiste), de l’agro-alimentaire, des finances et leurs représentants en Algérie mais par un plan de valorisation des ressources hydriques au bénéfice des populations et par conséquent de la légitimité du pouvoir.

Dr A. Boumezrag

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