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Va-t-on vers la privatisation de la santé et de l’Education ?

Les autorités font la sourde oreille aux revendications syndicales

Va-t-on vers la privatisation de la santé et de l’Education ?

Depuis plus d’une décennie que les travailleurs de la santé et de l’éducation se débattent pour faire aboutir leurs revendications, mais les responsables ne donnent aucune suite sérieuse à cela. Cette position de la part des tutelles n’est pas innocentes et fait le bonheur non pas seulement des cliniques et des écoles privées en Algérie mais aussi à l’étranger.

Pour faire aboutir leurs légitimes revendications, les syndicats tombent aveuglément dans ce piège de grèves cycliques et illimitées chaque année car ils n’ont pas d’autres choix.

En tant que syndicaliste, je me suis souvent posé la question sur certaines revendications car les représentants ne demandent pas la lune mais à chaque fois malgré que certaines revendications sont résolues et signées dans des procès-verbaux mais non tenues dans la plupart du temps sur le terrain.

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La société civile, à chaque grève entamée dans le secteur de l’éducation ou de la santé, accuse les syndicats, les enseignants ou les médecins d’être des ingrats vers leur pays ou de prendre en otage les enfants ou les malades. Avant de poursuivre mon analyse, j’aimerai répondre à cette société sur ces termes démodés et qui n’ont aucun sens sauf pour les responsables et leurs satellites qui à chaque protestation nous sortent cette chanson qui si on était dans les années 70 du siècle passé serait traitée de disque rayé:

Pour l’ingratitude vers leur pays, je pense que le salaire d’un enseignant converti en Euro est de : 400 pour un enseignant formateur et 900 pour un médecin spécialiste, alors messieurs, ces hommes et femmes sont restés dans leur pays pour lutter, enseigner et soigner les enfants de l’Algérie. Je rappellerai pour ceux qui ont la mémoire courte, que pendant la décennie noire alors que certains ont fuient leur pays, ces gens sont restés là pour affronter la mort, malheureusement certains ont payé de leur vie et personne n’en parle. L’occasion m’est donnée aujourd’hui de  m’incliner devant la mémoire des 12 enseignants, dont 11 femmes, étaient assassinés par des terroristes dans la commune d’Ain Adhan (wilaya de Sidi Bel-Abbès).

  • Pour ceux qui parlent de prise en otage des élèves tout d’abord j’aimerai savoir si cette société s’est jamais penchée:

  • sur maux de l’école algérienne,

  • sur les conditions dans lesquelles ces enfants apprennent,

  • sur les programmes qu’ils suivent,

  • Sur la sécurité des enfants à l’intérieur et à l’extérieur de l’école

  • Sur notre enseignement et s’il permet aux élèves d’aujourd’hui de devenir les « hommes de demain »,

  • Sur la question est ce que les élèves suivent-ils sérieusement leurs cours officiels,

  • sur la ruée vers les cours privés

  • sur le fait que ces enseignants sont des parents d’élèves et des parents aussi de leurs élèves car ils passent plus de temps avec ces derniers qu’avec leurs propres enfants.

Je ferai remarquer à cette société qu’il y a des enseignants qui refusent de donner des cours particuliers alors arrêté de généraliser.

  • Pour ce qui de prise en otage des malades par les médecins là aussi j’aimerai savoir si cette société s’est jamais penchée :

  • Sur les maux de la santé en Algérie.

  • Sur l’état dans lequel se trouve nos infrastructures hospitalières

  • Sur les conditions de soins des malades dans les hôpitaux publics en Algérie

  • Sur la ruée des malades vers les cliniques privées

  • Sur la recherche des soins à l’étranger

  • Sur le fait que les médecins peuvent avoir des familles ou des enfants malades

  • Sur la sécurité des médecins et des malades dans les hôpitaux publics

Maintenant posons-nous la question pourquoi ces grèves qui n’en finissent pas et quelle seront leurs conséquences.

Je vais maintenant parler du secteur que je maitrise le mieux c’est-à-dire l’éducation nationale.

Depuis 2003, nous n’avons passé une année sans avoir recours à la grève et particulièrement le modèle algérien qui est la grève illimitée. Mais personne ne vous dira qu’en 2003, nous étions partie pour une grève de trois(03) jours qui s’est transformée en grève illimitée car à l’époque certains de nos collègues grévistes ont été menés dans les commissariats ou accusés d’être des meneurs et ont été jugés. Ça c’est pour l’histoire qui nous a appris que nos revendications ne peuvent pas aboutir par le dialogue ou par des protestations d’une heure ou de deux heures ou d’une journée car seules ces grèves longues ont donné des résultats. La non tenue de toutes les promesses signées dans les PV, font qu’il n’existe aucune confiance entre la tutelle et les enseignants. A partir de là tous les maux de notre école sont portés sur le dos du pauvre enseignant.

Tout le monde vous dira que l’échec de la réforme c’est à cause des enseignants car il faut toujours chercher le bouc émissaire.

Pour fuir leurs responsabilités les représentants du ministère pointent du doigt les enseignants et ainsi :

Maintenant parlons des conséquences de ces grèves illimitées sur l’école. Nous pouvons parler que ses objectifs volontaires ou involontaires ne peuvent que nuire à notre école.

  • Pour les responsables : la grève illimitée est une aubaine pédagogique car elle leur permet d’expliquer la raison pour laquelle les programmes ne peuvent pas être terminés.

  • Pour les élèves : la grève illimitée leur permet de réclamer le seuil des programmes.

  • Pour les parents d’élèves : la grève illimitée permet à leurs enfants d’avoir une absence autorisée pour pouvoir suivre leurs cours particuliers plus librement et sans contrainte de leurs présences obligatoires à l’école toute la journée.

  • Pour les grévistes : la grève illimitée leur permet d’arracher leurs revendications et pour certains d’arrondir leur fin de mois grâce aux cours particuliers.

  • Pour l’école : la grève illimitée est une attaque à l’école publique de qualité.

  • Pour la Banque mondiale et les multinationales : la grève illimitée leur permet de démontrer l’échec de l’école publique et la réussite de l’école privée.

La grève illimitée est une aubaine pour tout le monde sauf pour l’école publique. Aussi bien, les responsables que les enseignants que les élèves que les parents d’élève, tout le monde trouve son compte à l’annonce d’une grève illimitée.

Involontairement ou volontairement cela fait le bonheur et l’affaire des Multinationales et de la Banque Mondiale qui cherchent à tout prix à privatiser l’enseignement et la santé pour mettre totalement à genoux notre pays ainsi ils pourront finaliser la dépendance totale du pays vis-à-vis de ces suceurs de sang lesquels cherchent à tout prix à détruire la santé publique et l’école publique. Après notre dépendance économique, voilà que notre école publique et santé publique fruit de longues année de lutte et de sacrifice sera terminée par la privatisation de l’école, l’université et la santé.

Je ne veux pas accuser les responsables de complicités dans la destruction de l’école publique et de la santé publique mais la plupart des grèves ont été inutiles s’il y avait vraiment volonté de la part des tutelles à résoudre certaines revendications, je vais en nommer quelques-unes :

  • Est-ce que le problème de Blida n’était pas évitable ?

Pour moi si, dès le début le fait de refuser l’accès à des représentants syndicaux de pouvoir tenir une réunion en dehors des heures de travail avec leurs collègues sans une autorisation de la tutelle est une aberration et prêtera à des dépassements des deux côtés ce qui s’est passé non pas seulement à Blida mais aussi dans d’autres wilayas. L’incident pouvait passer par un conseil de discipline pour savoir la vérité et trouver la solution soit à l’amiable soit par une sanction qui ne doit pas aller au pénal car dès qu’il y a condamnation d’un cadre syndical, celui-ci sera la victime et demandera la solidarité des enseignants.

  • Est-ce que le problème de Tizi-Ouzou n’était pas évitable ?

Pour moi oui car dès qu’il y a abus d’autorité, la sanction devait être automatique pour qu’elle ne prenne pas une autre envergure ni d’autres interprétations.

  • Est-ce que le problème de Bejaia n’était pas évitable.

Pour moi oui car ce problème traine depuis longtemps et devait être régler depuis des années.

  • Est-ce que dans tout Alger, la tutelle ne peux pas trouver un lieu où pourra siéger un syndicat alors qu’on voit plusieurs école primaire fermer et que dans les collèges ou dans les lycées on trouve des locaux délaissés ou en ruine. Et pourtant la tutelle a depuis quatre ans fait des promesses aux syndicats sans les tenir, est-ce-que cela mérite un sit-in et des embarcations de syndicalistes par la police ou une grève illimitée.

  • Le statut particulier sera bientôt l’une des revendications qui poussera les syndicats à observer une grève illimitée pour l’arracher comme cela fut avant la création de la commission du statut. Je me demande avec tous les dysfonctionnements observés dans l’ancien statut élaborer en moins d’une année, il faut attendre cinq années pour élaborer un nouveau c’est du n’importe quoi.

  • Pour le pouvoir d’achat, cela touche toute la société et comme le salaire de la fonction publique est assujetti au point indiciaire donc son augmentation doit être en fonction de l’inflation et le tour est régler car s’il n’y avait pas inflation il n’y aurait pas eu chute du pouvoir d’achat.

La conclusion est simple deux principes pour lesquelles sont mort nos martyrs à savoir l’école publique et la santé publique sont visés dans le cadre de la mondialisation et de la privatisation de ces deux secteurs. Les grèves illimitées sont des facteurs utilisés non pas par les grévistes, mais par ceux qui les poussent à les utiliser pour arracher leurs revendications. Normalement on ne doit pas laisser l’enseignant ou le médecin à penser à sa vie professionnelle ou sociale c’est aux tutelles d’être les premiers revendicateurs de ces travailleurs qui ont d’autres objectifs et devoirs que celui de la grève. De leur bien-être dépend une école publique et santé publique de qualité. 

Un sage chinois, il y a de cela plusieurs siècles, conseiller de son empereur confia à ce dernier :

« Si vous voulez détruire un pays, inutile de faire une guerre sanglante qui pourrait durer des décennies et coûter cher en vies humaines. Il suffit de détruire son système d’éducation et d’y généraliser la corruption. Ensuite, il faut attendre 20 ans et vous aurez un pays constitué d ignorants et dirigé par des voleurs. Il vous sera facile de les vaincre. »

Auteur
Bachir Hakem

 




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