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Venezuela: Le journal suisse « Le Temps » s’en prend aux engagements économiques russes à Caracas…

Krimou a lu pour vous

Venezuela: Le journal suisse « Le Temps » s’en prend aux engagements économiques russes à Caracas…

…en raison, estime-t-il, de la faillite « globale » du système politique en place inhérent à la « révolution bolivarienne ». « Vladimir Poutine joue à la roulette russe à Caracas » y est-il affirmé d’emblée dans le titre de ce qui s’apparente à un brûlot pro-américain.

Il va de soi que Washington comme ses manœuvres, ingérences et intimidations d’une part, et les rodomontades de ses alliés fascistes brésiliens et colombiens entre autres, sont épargnés et d’évidence préalablement absous par le journal helvétique aux thèses néolibérales alignées sur les milieux de la finance internationale et leur hégémonie mortifère sur les peuples du monde entier.

Le ton partial et belliqueux est digne des pires moments de la guerre dite « froide » qui semble se poursuivre par d’autres moyens chez certains, et la Russie remplacerait naturellement l’ex-urss dans son rôle « d’ennemi de la liberté et de la démocratie » des mots d’ordre toujours usités malgré leur vacuité compte-tenu des réalités occidentales, nord-américaines tout particulièrement. Réalités empreintes désormais aux yeux de beaucoup de soumission à la dictature de l’argent roi.

Bonne lecture!

Krimo Hammada 

Le Temps :

Vladimir Poutine joue à la roulette russe à Caracas

Le Kremlin soutient à bout de bras le régime de plus en plus isolé de Nicolas Maduro. Des armes, du pétrole, des roubles et le spectre du nucléaire dans un pari risqué pour saper l’influence de Washington dans la régi

L’isolement international du régime de Nicolas Maduro fait les affaires de Moscou. L’effondrement de l’économie vénézuélienne offre au Kremlin l’occasion de jouer un rôle clé à Caracas, confortant du même coup les ambitions géopolitiques de Vladimir Poutine. Le site d’information russophone The Bell vient de révéler que Moscou a dépêché à Caracas en novembre un groupe d’experts dirigés par le vice-ministre des Finances Sergueï Stortchak, chargés de sauver du naufrage le régime de Nicolas Maduro.

Quatre points ressortent du programme de sauvetage: l’introduction d’un revenu de base pour tous les ménages, l’abandon de la planche à billets (qui a mené à une hyperinflation), une politique fiscale privilégiant les impôts indirects; enfin, un rebond de la production pétrolière, couplé à une diversification des exportations (dont les Etats-Unis captent 45%). Caracas n’a pas réagi officiellement aux propositions russes formulées en coulisses.

Ce n’est que le dernier volet d’une série de perfusions russes dont le régime Maduro est de plus en plus dépendant. Au total, depuis 2006, Caracas aurait contracté un total de 17 milliards de dollars de dette envers Moscou, d’après les calculs de l’agence Reuters. Le rapprochement entre les deux pays a démarré quand Hugo Chavez a entamé son virage vers le «socialisme bolivarien» et a commandé pour 4 milliards de dollars d’armement russe.

Une descente aux enfers qui s’accélère

La dégradation des revenus pétroliers du Venezuela a converti ces achats en dette, qui a été repayée à Moscou (ou plus exactement au pétrolier d’Etat russe Rosneft) en volumes de pétrole. Mais comme la production vénézuélienne s’effondre faute d’investissements et de gestion adéquate, Moscou cherche désormais à mettre la main sur des infrastructures bradées par Caracas. Selon le Washington Post, en échange de 1,5 milliard de dollars en liquide, le Venezuela a ainsi gagé aux Russes une part de 49,9% dans Citgo, une société dont les actifs (trois raffineries et un vaste réseau d’oléoducs) sont situés aux Etats-Unis.

Même l’accélération de la descente aux enfers ne détourne pas Moscou. Le 7 décembre dernier, au terme d’une visite de Nicolas Maduro à Moscou, la Russie a encore promis 6 milliards de dollars d’investissement dans les secteurs pétrolier et aurifère vénézuéliens, ainsi que la livraison de 600 000 tonnes de céréales russes et la modernisation d’équipements militaires. Pékin, qui a investi 50 milliards de dollars au Venezuela, se limite désormais à tenter de les récupérer.

Un pied de nez aux sanctions

La générosité du Kremlin frappe d’autant plus que la situation à domicile n’est guère réjouissante, avec une économie russe stagnante depuis six ans. C’est que Moscou vise des retours sur investissements ambitieux, à la fois économiques et géopolitiques. Rosneft a progressivement pris la place des grandes majors internationales rebutées par le climat des affaires et les sanctions internationales. Le groupe d’Etat russe contrôle déjà autour de 13% de l’industrie pétrolière du Venezuela. Or, le sous-sol du pays recèle les plus vastes réserves d’or noir du monde: 300 milliards de barils, soit plus que les réserves combinées de la Russie, des Etats-Unis, du Koweït, du Qatar et du Mexique.

A court terme, les dépenses considérables décidées par Vladimir Poutine lui permettent de marquer démonstrativement de nouveaux points sur l’échiquier politique mondial face aux Etats-Unis. L’alliance est un pied de nez aux sanctions imposées par les pays occidentaux contre les deux pays. A l’ONU, Caracas s’aligne systématiquement sur les positions russes quel que soit le dossier: Crimée, Ukraine, Syrie, etc. Moscou offre en retour un soutien inconditionnel à Nicolas Maduro, dont le nouveau mandat de cinq ans est contesté non seulement à domicile mais aussi par les 13 pays du continent américain formant le «groupe de Lima». Quand, à la mi-janvier, Washington a qualifié Maduro de «dictateur», «usurpant le pouvoir», Moscou a riposté en accusant les Etats-Unis «d’ingérence honteuse» dans les affaires intérieures du Venezuela.

Sauver Nicolas Maduro comme Bachar El-Assad ?

L’alliance comporte un volet militaire évident. Début décembre, deux bombardiers supersoniques russes Tu-160, capables de transporter des missiles nucléaires, ont participé à des exercices militaires conjoints dans le ciel vénézuélien, pendant que des sources officieuses laissaient entendre que Moscou pourrait s’y déployer de manière permanente. Un geste fort alors que les accords nucléaires entre Washington et Moscou se désagrègent les uns après les autres.

Près de trois décennies après l’effondrement de l’URSS, Moscou revient ainsi narguer Washington dans sa sphère d’influence. «Nous ne partirons jamais [du Venezuela] et personne ne pourra nous chasser», déclarait en 2017 le patron de Rosneft, Igor Setchine, un homme réputé très proche de Vladimir Poutine. L’assurance russe pourrait toutefois tourner au fiasco si Nicolas Maduro était renversé. Car répéter au Venezuela le sauvetage de Bachar el-Assad en Syrie paraît peu vraisemblable.

 




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