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Vers une présidentielle avec deux candidats du consensus

DECRYPTAGE

Vers une présidentielle avec deux candidats du consensus

Après avoir opté presque à contre cœur pour la tenue d’une présidentielle dans les délais, tout porte à croire que les décideurs choisiront cette fois deux candidats du consensus au lieu d’un : Abdelaziz Bouteflika et un autre, au cas où…

L’état de santé d’Abdelaziz Bouteflika pouvant à tout moment se dégrader davantage, les décideurs ont donc voulu prendre les devants en optant apparemment pour la politique des deux fers au feu. C’est Abdelaziz Bouteflika qui sera élu, si tout se passe comme prévu, mais s’il devient subitement inéligible, physiquement s’entend, c’est le candidat du consensus suppléant qui l’emportera, sans surprise.

Ayant eu vent de cette tactique pour le moins inédite, beaucoup de chefs de partis et de personnalités ont accouru, ou s’apprêtent à accourir, pour retirer les formulaires leur permettant de participer aux élections en qualité de lapins, et plus si affinités.

Sinon, comment expliquer la volte-face de ceux qui juraient il n’y a pas longtemps qu’ils ne participeraient jamais à une élection fermée, comprendre par la une élection avec Abdelaziz Bouteflika candidat ?

Ahmed Ouyahia doit s’en mordre les doigts d’avoir parlé trop vite, en affirmant qu’il ne se présentera jamais à une élection face à Abdelaziz Bouteflika. Ahmed Ouyahia craint maintenant un coup tordu qui reporterait aux calendes grecques sa rencontre avec son destin.

Si nous étions dans un pays démocratique, il suffirait d’un sondage pour connaitre les intentions des Algériens vis-à-vis du cinquième mandat. Si nous étions dans un pays démocratique, le chef de l’Etat ne nommera pas des membres d’une instance de surveillance d’une élection où il sera sûrement lui-même candidat.

Si nous étions dans un pays démocratique, nous n’en serions même pas là ; Abdelaziz Bouteflika aurait quitté le pouvoir à la fin de son deuxième mandat, en 2009, et Ahmed Ouyahia serait probablement, à l’heure qu’il est,  à la fin de son second et dernier mandat.

Mais comme nous sommes en Algérie, l’une des dernières autocraties dans le monde, on continuera sans nul doute à nous distraire avec des blagues de mauvais goûts. Les uns raconteront avoir prié un chef de l’Etat grabataire de briguer un cinquième mandat, d’autres soutiendront mordicus que Abdelaziz Bouteflika est le seul garant de la stabilité du pays, qu’il est prêt à se sacrifier pour le l’Algérie, et tutti quanti.

« Celui qui a passé son temps ne passe pas le temps des autres », dit un proverbe bien de chez nous, mais le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, n’en a cure : il a passé son temps, et il a largement entamé celui des autres. Indifférent à ce que dit la constitution qu’il a trituré à trois reprises, Abdelaziz Bouteflika gouverne assurément comme bon lui semble, aidé en cela par des « aventuriers » prêts à tout, le mot est du général-major à la retraite, Ali Ghediri , qui a dû le peser plus d’une fois avant de le prononcer.

En attendant que le chef de l’Etat se décide, le suspense continue, mais ce qui est sûr c’est qu’il n’y aura pas de second tour et que la victoire reviendra au candidat du consensus, Abdelaziz Bouteflika en l’occurrence, ou au candidat du consensus suppléant, au cas où…

Auteur
Ahcène Bettahar

 




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