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Violents heurts à Bagdad : 44 morts en quatre jours de contestation en Irak

EXPRESS

Violents heurts à Bagdad : 44 morts en quatre jours de contestation en Irak

De violents affrontements ont opposé vendredi à Bagdad des forces antiémeutes à des manifestants décidés à obtenir de véritables réformes économiques, au 4e jour d’un mouvement de contestation qui semble s’aggraver avec la mort de 44 personnes depuis mardi en Irak.

Pour la première fois, les forces de sécurité ont accusé, sans fournir d’autres précisions, des « snipers non identifiés » d’avoir tiré aussi bien sur les manifestants que sur leurs membres à Bagdad, rejetant les accusations de recours à la force excessive des défenseurs des droits humains.

Les autorités accusent depuis mardi des « saboteurs » d’infiltrer les manifestations et de causer des morts. Les sources médicales affirment, elles, que la majorité des personnes tuées sont des manifestants touchés par des balles réelles mais ne précisent pas l’origine des tirs.

Le mouvement de contestation est né d’appels sur les réseaux sociaux pour protester contre la corruption, le chômage et la déliquescence des services publics en Irak, sorti il y a moins de deux ans de près de quatre décennies de conflits et en pénurie chronique d’électricité et d’eau potable.

Ces manifestations sont inédites dans un pays habitué aux mobilisations partisanes, tribales ou confessionnelles. Elles constituent le premier test pour le gouvernement d’Adel Abdel Mahdi, en place depuis à peine un an.

En fin de soirée, les affrontements ont continué de plus belle dans à Bagdad, avec des tirs résonnant sans arrêt, selon des journalistes de l’AFP sur place. Plusieurs personnes ont été blessées par balles, notamment au ventre et à la tête.

Malgré la coupure d’Internet et le couvre-feu décrété jeudi à Bagdad et dans des régions du Sud touchées par la contestation, les Irakiens sont descendus dans la rue, face à un énorme déploiement sécuritaire.

Sistani soutient les manifestants

Dans un quartier résidentiel à Bagdad, la plupart des magasins et des stations essence sont restés fermés. Ceux ouverts ont été pris d’assaut par les clients voulant acheter des légumes, dont le prix a triplé en raison de la fermeture de routes menant à Bagdad.

Selon des sources médicales et policières, 10 personnes -8 manifestants et deux policiers- ont péri vendredi à Bagdad, Diwaniya et Nassiriya (sud), portant à 44 morts -38 manifestants et six policiers- le bilan de quatre jours de contestation. Des centaines de personnes ont été en outre blessées depuis mardi.

Le mouvement a repris de plus belle après une allocution vendredi avant l’aube de M. Abdel Mahdi qui a réclamé du temps pour pouvoir améliorer les conditions de vie des 40 millions d’habitants en Irak.

Mais le grand ayatollah Ali Sistani, plus haute autorité chiite du pays, a sommé le pouvoir de répondre rapidement aux demandes des manifestants.

« Le gouvernement doit « améliorer les services publics, trouver des emplois aux chômeurs, éviter le clientélisme dans le service public et en finir avec les dossiers de corruption », a dit Ahmed al-Safi, représentant de M. Sistani, dans une mosquée à Kerbala, au sud de Bagdad.

« Si les manifestations faiblissent pour un temps, elles reprendront et seront plus fortes et plus massives », a-t-il averti, au nom de l’ayatollah Sistani, une figure très influente dans ce pays à majorité chiite.

« On meurt de faim »

Samedi, les députés vont consacrer leur réunion à « l’étude des demandes des manifestants ».

Pour le moment, les régions principalement sunnites dans le nord irakien et à l’ouest de Bagdad, qui avaient été ravagées par la guerre contre les jihadistes, n’ont pas connu de manifestations. La région autonome du Kurdistan non plus.

Le mouvement touche, outre Bagdad, les provinces de Najaf, Missane, Zi Qar, Wassit, Diwaniya, Babylone et Bassora.

« On a écouté Adel Abdel Mahdi, c’est un discours raté et décevant. On le rejette en bloc », a affirmé Ali el-Abadi, venu de Bassora (sud) pour rejoindre les manifestants, excédés par les services publics indigents, le chômage qui touche un jeune sur quatre et la corruption qui a déjà englouti quatre fois le budget de l’Etat ces 16 dernières années.

« Cela fait plus de 15 ans qu’on entend les mêmes promesses (…) », s’est indigné Sayyed, un manifestant de 32 ans à Bagdad. « On continue: soit on meurt, soit on change le régime ».

Le pire, se lamente-t-il, c’est que l’Irak, deuxième producteur de l’Opep, « est censé être un pays riche ! Si on creuse ici, on va trouver du pétrole, et pourtant on meurt de faim », lance Sayyed.

Auteur
Avec AFP

 




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