Des files d’attente interminables, des montagnes de papiers, et une attente qui semble sans fin : voilà la réalité des retraités algériens, anciens bâtisseurs de la France d’après-guerre.
Ces travailleurs, qui ont donné leur jeunesse aux chantiers, aux usines, aux mines, attendent toujours, à l’âge de la retraite, le droit à leurs pensions. Mais ici, chaque droit se négocie comme un privilège. Cette France des droits de l’homme, dont la réputation fait la fierté nationale, impose à ces retraités un parcours kafkaïen pour accéder à une pension méritée.
Ces retraités doivent régulièrement fournir preuves de vie, visas, et autres formalités, comme pour rappeler qu’ils ne sont jamais vraiment chez eux. Ce qui devrait être un droit inaliénable devient une épreuve humiliante. Les harkis, eux aussi, en savent quelque chose : soldats algériens fidèles à la France, ils ont été abandonnés à leur sort après la guerre d’Algérie. Aujourd’hui, leurs descendants continuent de se battre pour la reconnaissance des sacrifices familiaux, confrontés eux aussi à l’indifférence d’une France amnésique.
Les retraités algériens incarnent une France qui a su tirer parti de la main-d’œuvre étrangère pour bâtir son économie, avant de reléguer ces ouvriers aux marges de la société. Ces « Trente Glorieuses » n’ont été glorieuses que pour certains, et pour ces travailleurs, elles s’achèvent dans l’indifférence. Les maigres pensions gelées et le parcours administratif imposé démontrent que, malgré les discours d’égalité et de fraternité, l’universalité des droits ne s’étend pas à tous.
Les appels à la reconnaissance et à l’égalité se multiplient. Bien que des mesures aient été promises pour « revaloriser » les retraites, les réformes concrètes peinent à voir le jour. Ces demi-mesures apparaissent comme un compromis symbolique, sans réelle volonté de changer le quotidien de ces retraités. Dans une France qui se veut éternelle, l’ingratitude semble inscrite dans la mémoire collective.
La France aime à se présenter comme une patrie des droits de l’homme, mais combien de temps cette réputation peut-elle persister face à un tel traitement de ses anciens travailleurs ? Ces retraités algériens ne demandent pas une faveur, mais leur dû. Si la France est éternelle, qu’elle prouve que sa reconnaissance peut l’être aussi.
« La France des droits de l’homme, peut-elle vraiment ignorer ceux qui ont construit ses fondations modernes ? »
Dr A. Boumezrag