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Voile islamique : revoilà le débat !

voile

«Lorsqu’une femme ne peut pas, pour des raisons diverses et variées, porter un foulard, il faut qu’elle l’enlève »

Ces propos des plus modernistes ont été prononcés par le Recteur de la grande Mosquée de Paris qui évoque dans ce sens un principe qui, selon lui, existe depuis les débuts de l’islam. Il s’agit du principe de la nécessité ou de la contrainte. Poursuivant ses explications, Chems-Eddine Mohamed Hafiz déclare qu’une femme peut, au nom de cette nécessité, être amenée à ne plus porter le hijab.

S’exprimant sur le cas d’une basketteuse exclue d’une compétition en France pour avoir refusé d’enlever le voile, le recteur de la Grande Mosquée de Paris a souligné que même dans les pays musulmans, les sportives ne sont pas voilées.

Même si on ne peut être que d’accord avec telle posture, il est pour le moins chagrinant de constater que le sujet du hidjab semble revenir à la mode de façon bizarrement récurrente. Pourquoi continue-t-on ainsi d’empoisonner le débat public par ces thèmes de société(s) d’un autre âge ?

La polémique sur le voile représente une diversion grotesque qui contourne les débats de fond sur des questions fondamentales, intimement liées à ces socles religieux qui traversent des siècles sans prendre une ride, et qui narguent l’intelligence de l’homme depuis des siècles. Pourquoi s’entête-t-on à verser dans des polémiques récurrentes sur la chose Islamique alors que l’on ne semble plus s’enquiquiner outre mesure des préceptes bouddhistes, chrétiens ou juifs pour lesquels la collectivité dans son ensemble prend des distances apaisantes ?

Mais puisque le débat semble relancé, une fois de plus, rajoutons-y un peu de grain à moudre. Même si je n’adhère pas souvent aux discours de notre Recteur, je ne peux que lui reconnaitre d’avoir trouvé les mots justes concernant le voile : « Le voile n’est pas une nécessité sur le territoire de la République française ». Point barre ! Le maghrébin laïque que je suis se permet d’aller encore plus loin en décrétant que « Le voile n’est pas le bienvenu sur tout l’espace terrestre des continents de la Planète ».

Cet habit représente le symbole par excellence d’une volonté d’aliénation sans appel de la femme, que les musulmans ont, de tous temps, considéré et considèrent toujours, non seulement comme un être inferieur mais comme un objet soumis aux extravagances saugrenues et machistes de l’homme.

Comment diable peut-on encore se permettre de perdre autant de temps et d’énergie pour légiférer sur de tels signes d’assimilation abjectes de la femme après tant de combats dignes menés par nos mères depuis des décennies pour arracher leurs droits et se situer en position d’égale de l’homme ?

N’est-ce pas une insulte primitive à l’endroit des femmes qui luttent à Kaboul, Téhéran ou Alger que l’on s’attarde ainsi sur le port ou non du voile à Paris ?

Si ce vêtement importé de l’Orient est toléré en France, ne doit-on pas exiger des Grands «Naalatollah» d’Iran, aux noms de la réciprocité et des libertés individuelles, que l’on permette aux femmes « occidentales » de déambuler dans les rues de Téhéran en tenues modernes, voire en mini-jupes ?

Je terminerai par une phrase de Nazim Hikmet qui disait que « La pire des prisons n’est pas celle où l’on se retrouve derrière des barreaux mais celle dont les barreaux se retrouvent dans nos cerveaux ». Il appartient à la République de trouver le moyen d’extraire les barreaux de certaines têtes tout en évitant d’en enfoncer dans d’autres.

Et, de mon point de vue, chaque fois qu’une jeune beurette porte le voile, c’est un barreau de plus qu’on lui enfonce dans le crâne. Ne vous étonnez donc plus de la voir suivre et de croire en d’autres discours trompeurs qui ne correspondent pas au schéma de la république et, corollaire incontournable, de voir proliférer le nombre de hidjabs qui déambuleront sur la plus belle avenue du monde.

Kacem Madani

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