Le polémiste d’extrême droite Éric Zemmour a profité du spectaculaire cambriolage du musée du Louvre pour relancer son discours anti-immigration, ciblant une fois de plus la communauté algérienne en France. Décidément, Zemmour est en manque de carburant !
L’affaire, qui a secoué Paris la semaine dernière, concerne un vol audacieux : quatre individus ont réussi à s’introduire dans le musée le plus célèbre du monde et à dérober, en à peine huit minutes, huit bijoux de la couronne estimés à près de 88 millions d’euros. Deux suspects ont été arrêtés : l’un d’origine algérienne, interpellé à l’aéroport Charles-de-Gaulle alors qu’il s’apprêtait à embarquer pour Alger, l’autre d’origine malienne.
Sans attendre les conclusions de l’enquête, Eric Zemmour saisit l’occasion pour en faire un symbole de sa rhétorique identitaire surannée. Invité sur France 3, le très agité chef du parti Reconquête a lancé : « L’immigration vole les joyaux de la couronne française. » Epatante sortie de cette individu en mal de lumière médiatique.
Sur la plateforme X (ancien Twitter), il a ajouté : « L’Algérie entre en scène dans la saga du Louvre. L’immigration vole nos trésors, notre civilisation. C’est le djihad quotidien. »
Ces propos, jugés incendiaires, ont déclenché une vague de réactions indignées. Journalistes, militants et internautes ont accusé Zemmour d’attiser la haine et de détourner l’attention des véritables crises que traverse la France : inflation, chômage, logement et montée de la précarité.
« À chaque fait divers impliquant un immigré, Zemmour ressort les mêmes obsessions », dénonce une élue de Seine-Saint-Denis. « Mais il se tait face aux violences policières ou aux scandales d’État. »
Nombreux sont ceux qui ont rappelé que le Louvre lui-même abrite des milliers d’œuvres pillées pendant la période coloniale, notamment en Afrique du Nord et en Asie.
« Parler de vol de civilisation quand le musée expose des objets arrachés à l’Égypte, au Bénin ou à l’Algérie relève du cynisme », a commenté un internaute.
Zemmour, déjà condamné à plusieurs reprises pour provocation à la haine raciale, multiplie depuis des années les attaques contre les Algériens. En 2021, il avait affirmé que « la guerre d’Algérie n’était pas terminée » et que la France devait « reconquérir son identité ».
Sa rhétorique, nourrie d’une nostalgie coloniale assumée, s’essouffle pourtant. Si elle séduit un noyau dur d’électeurs, elle lasse une opinion publique préoccupée par d’autres urgences. Certains analystes estiment que Zemmour, faute de projet politique, mise sur le choc médiatique pour exister.
Dans les banlieues françaises, ses propos ravivent un sentiment d’exclusion. « On travaille, on étudie, on vit ici, et pourtant on reste les boucs émissaires », confie un jeune Français d’origine algérienne à Marseille.
Alors que l’enquête sur le braquage du Louvre se poursuit, les mots de Zemmour rappellent combien le débat sur l’immigration en France reste piégé par les vieilles rancunes de l’histoire coloniale. Entre peur et populisme, la haine devient un fonds de commerce politique — et chaque fait divers, un prétexte à rejouer l’éternel procès de l’Autre.
Mourad Benyahia

