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Vos deuils, nos morts !

REGARD

Vos deuils, nos morts !

L’ancien président Bouteflika a eu droit à des funérailles avec seulement les officiels sans le peuple qu’il méprisait au demeurant.

Bouteflika n’est pas mort, c’est une boutade. Bouteflika ne peut pas mourir, c’est une supercherie qui consiste à faire croire aux plus crédules d’entre nous que le système est mort, et que le deuil est nécessaire pour nous faire oublier nos morts  et toutes  les morts que la gouvernance de Bouteflika a fomenté. 

Non, Bouteflika n’est pas mort, parce que de son vivant, le peuple est mort de mille morts. Mort de n’avoir pas pu entrevoir l’avenir sans que ses rêves ne soient mis sur une liste, indéfiniment longue, qu’il  a  fini par faire  du pessimisme une vertu . 

Mort de n’avoir pas pu dire un mot de travers, une virgule matinale, sans que la police, à la nuit tombée, vienne l’interpeller. Mort de n’avoir pas pu aimer, encore moins enfanter ou croire tout simplement à l’existence d’un foyer douillet. 

Le peuple est mort de n’avoir pas pu se faire soigner dans un hôpital où l’on s’abreuverait  de soin humain  comme d’autres  se biberonnaient à la Marseillaise, du lever du jour jusqu’à la tombée de la nuit. 

Mort d’avoir été de ceux qui, au sortir de l’école, ne parle  aucune langue, n’affectionne aucun sujet, ne débatte d’aucun concept, d’aucune théorie, d’aucun paradigme, parce que tout  a été dit, tout est déjà écrit, tout est déjà fini. Aux lois des illuminés, ils ont érigé les  dogmes du sacré. 

Mort de n’avoir pas pu visiter la Cour des comptes d’Alger; elle regorge de vilenies, toutes réunies autour des grandes périodes fastes du pays, où l’on ne pouvait se frayait une place que si l’on avait aiguisé sa langue et blanchit ses dents.

Mort de n’avoir pas pu gratter un centime de dollars des mille cinq cents dollars que Tebboune, faisant office d’inspecteur des finances, dans une Algérie sans le sou, promet de les faire revenir aussitôt que reviendraient de leurs pérégrinations, entre les zaouïas de Sidi les voleurs et les paradis fiscaux des maîtres braqueurs , nos ministres migrateurs.  

Mort de mille morts et  de l’impossibilité de mourir  sans qu’il soit privé d’oxygène ou asphyxié par la fumée d’un brasier qui n’a d’égale que la haine incandescente avec laquelle il va être enterré. Mort, est celui qui est né dans un pays gouverné par l’indéboulonnable qui ne finit pas de le  tuer, qu’il soit une momie ou un de ses protégés qui lui a succédé.

Pour ce pouvoir, le peuple n’existe ni dans les statistiques des vivants ni dans celles des morts que l’on compte plus. Le peuple est dans tous ces disparus qui slaloment entre le monde réel de la mort et la frontière fictive de la vie.

Alors, sérieux, Bouteflika n’est pas mort ! Décréter trois jours de mise en berne des drapeaux à la mémoire de celui  qui a érigé la mort en mode de gouvernance, serait comme élever une stèle de Tebboune à la mémoire de tous les Hirakistes, embastillés et condamnés à la prison.

Auteur
Mohand Ouabdelkader 

 




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