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We, the people ! Nous, le peuple !

Lettre de Médéa

We, the people ! Nous, le peuple !

Devoir moral ou religieux pour les uns, conviction ou opportunité politique pour les autres, les manifestations et contestations publiques, qu’elles soient d’ordre socio-économique, politiques ou culturelles, qu’elles soient tolérées ou réprimées, dénoncées ou récupérées, n’en continuent pas moins d’en devenir des phénomènes de société universelle avec leurs héros-icônes et leurs martyrs. C’est crier haut et fort le seul héros, c’est le peuple !

Les hausses constantes des prix des aliments, notamment le pain à Nancy en 1771 et à Versailles en 1789, et l’oukase brandie à tout-va pour casser toute velléité de révolte, l’irrévérence à la dignité humaine furent les ferments du ras-le-bol populaire, la Révolution française s’en suivie avec ses Danton, Robespierre et son Gavroche. Mais également la philosophie prolétaro-anarchiste, du temps du penseur russe Ernest Bakounine et sa lutte des classes, la révolte du Potemkine.

Et, depuis, les descentes dans la rue pour se faire « entendre » n’ont cessé de faire école, tracer leurs épopées ne va pas sans nous replonger dans l’altruisme de Mahatma Gandhi, du pasteur Martin Luther King, apôtres légendaires de la non-violence, des mouvements de protestation estudiantins des années 60, sur fond de guerre du Vietnam, de Lech Walésa, le Polonais des chantiers navals de Gdansk, la communiste.

Des images, oh combien saisissantes du jeune Chinois, bravant le tank de la place Tia Nan Man, de l’Italien Carlo Giuliani, né en 1978, premier martyr des altermondialistes lors du sommet G8 de Gênes en juillet 2001, de José Bové et sa légendaire moustache à l’Astérix, du  mouvement de contestation paysanne universelle.

Ne voilà-t-il pas que ce grand peuple d’Algérie fait son entrée par effraction dans l’histoire contemporaine par de bien singulières manifestations, inscrivant en lettres d’or son combat, par son civisme, son pacifisme, son patriotisme.

C’est dire que les les cris de liberté, de démocratie, de justice sociale et d’égalité devant la loi se sont fait de plus en plus stridents dans un tourbillon de démesures, de disparités, de hogra et d’incertitude de l’avenir.

En somme, des causes à effet en physique : la pression engendre l’explosion. Et partant, la protesta,  les grèves et les soulèvements populaires qu’a connus notre pays, depuis le début de l’année 2018, illustrent si besoin est, tout le marasme et le mal de vivre dans les contrées éloignées de l’Algérie profonde, des sans-logis, des sans-Le sou, des sans-boulots et enfin de ceux, mendiants et  malades mentaux pour la plupart, qui n’ont plus droit à rien, ni le goût, ni les moyens de vivre, expulsés d’un hôpital psychiatrique, qui leur offrait le gîte et le couvert, et transformé depuis en caserne de C.N.S. Un tout sécuritaire qui a sa raison, que la la raison ne connaît pas !

Un vague à l’âme poussant bon nombre de compatriotes, des vieux, des jeunes et moins jeunes à s’exiler et tenter leurs chances sous des cieux plus cléments, des boat people de harragas qu’un premier ministre en exercice, n’en saisit pas la portée et la symbolique. Que dire du taux de suicide galopant chez nos jeunes, le dernier en date à Béjaia, qui n’a jamais interpellé ces messieurs les décideurs politique.

En vérité, comment en saurait-il en être autrement lorsque l’on sait qu’en deux décennies Bouteflikienne,  l’oligarchie, le népotisme, la corruption, les passes-droits, les compromissions, les alliances contre-nature étaient maîtres de céans , et pour boucler la boucle un président et des ministres carriéristes, bien accrochés à leurs conquêtes et pouvoirs, refusant de faire amende honorable de leurs lamentables échecs, de leurs incompétences et de leurs gabegie de plus de 1500 Milliards de dollars, refusant même d’admettre qu’il temps pour eux de céder la place et de rentrer chez eux…

La pérennité du régime, sa pontification, son  culte de la personnalité, voire l’à plat ventrisme des sujets de Fakhamatouhou semblent, désormais, bien compromises, à cours d’argent et d’idées, qui ont jusque là, achetés la paix sociale, acculé dans ses derniers retranchements et ses responsabilités, il donna libre cours à une armée de policiers de ´´casser’´  du gréviste, fut-il Médecin spécialiste, étudiant universitaire, enseignant ou ouvrier spécialisé pour endiguer et mater ce crime de lèse-majesté de revendiquer ses droits constitutionnels, en lieu et place de solutions aux questions et aux interrogations de la société civile, superbement snobée par ces  pharaons en disgrâce.

Qu’importe la foule et ses revendications,  les visages ensanglantés de nos jeunes médecins spécialistes , de notre élite et de notre Force ouvrière, pour être dans la proximité de Said Bouteflika, Le Richelieu de la république,  à la villa du chemin Macklay et des tours d’ivoires feutrées et capitonnées du palais d’El Mouradia, de Zeralda, des lieux de promotion canapé, il fallait casser la tirelire et payer au diable son tribut.                                                                                                                                                                            Une nomenklatura et ses rejetons aux mœurs débridées, n’en n’ont cure et s’en passent bien des années durant, ils se soignent en Europe, ils étudient dans les écoles huppées d’Europe et des USA, ils ont un pied à terre à Doha, Londres ou en Virginie, les Bouchouareb, Chakib Khelil, Cherif Abbes, Ouyahia et les ex-troubadours de la pègre FLN Amar Saidani et Djamel Ould abbes se délectent de la dolce vita qu’ils mènent présentement, leurs enfants occupent bien de postes de travail à l’étranger grâce à l’agence- garderie d’enfants Air Algérie de Paris ! Que ton dilemme soit contée…Et que de crimes on commet en ton nom !

Des criminels en col blanc, ces ennemies intérieurs du peuple, drapés justement d’un voile pudique de légalité républicaine, dilapidant et se partageant en toute impunité les biens, les gloires et les  butins de ce grand peuple d’Algérie, trahissant ses aspirations, ses mille rêves et ses mille espoirs de bonheur, de bien-être et d’émancipation sociale et de son pouvoir d’achat.

La peuple algérien dans sa grande majorité après avoir subi la forfaiture, l’incurie, l’incompétence criarde d’un régime présidentiel qu’il a menée à sa perte et ses fracas, ne pouvait accepter la suprême insulte d’une 5e mandature d’un homme impotent, par qui tant de scandales et de malheurs sont arrivés, et à son corps défendant, entend cette fois-ci, récupérer sa pleine  souveraineté, la démission et le pardon demandé par le désormais ex-octogénaire président arrivent trop tard, pour satisfaire les désidératas populaires pour extirper de ses racines tout le mal du « royaume « Bouteflika, en demandant le renvoi de son écuyer de pacotille Bedoui, de tous ses serfs et ses courtisans à travers le pays, le renvoi de son gouvernement fantoche, et l’application de la souveraineté au peuple dans toute sa dimension de We, the people… Nous, le peuple. Alea jacta est 

Auteur
Brahim Ferhat

 




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