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Windyam Assétou Maiga : « On peut s’aimer dans nos différences »

Windyam Assétou Maiga

Windyam Assétou Maiga. Crédit photo : Le Matin d'Algérie

Dans L’Exil de l’amour, Windyam Assétou Maiga explore les liens profonds entre générations et cœurs, mêlant tendresse familiale et passions adolescentes. Son roman s’inspire de son enfance à Ouahigouya, ville du nord du Burkina Faso et capitale de la province du Yatenga, centre historique du royaume mossi au riche patrimoine culturel.

À travers cette histoire, l’auteure met en lumière le pardon, la solidarité et l’amour, tout en racontant la vie quotidienne et la transmission des valeurs qui façonnent ses personnages.

Windyam Assétou Maiga est née le 31 décembre 1985 à Ouahigouya. Titulaire d’une maîtrise en sciences de l’information et de la communication de l’université de Ouagadougou, actuelle Université Joseph Ki Zerbo. elle ne compte pas s’arrêter à ce premier roman : un recueil de poésie est annoncé prochainement. Le livre est édité par Ecovie Burkina Faso.

Le Matin d’Algérie : Qu’est-ce qui vous a inspiré pour écrire L’Exil de l’amour ? Est-ce un récit autobiographique ou purement fictif ?

Windyam Assétou Maiga : Depuis le lycée j’aimais beaucoup la lecture et je m’essayais à écrire de petites histoires. Je participais aussi à l’animation d’une bibliothèque de quartier à Ouahigouya et j’étais en contact avec les œuvres littéraires et des écrivains burkinabè. Ce qui me donnait une grande envie d’écrire. À travers L’Exil de l’amour, j’ai voulu retracer une histoire d’amour vécue avec une grand-mère exceptionnelle et montrer aussi une relation amoureuse entre deux jeunes. C’est un récit à la fois autobiographique et fictif.

Le Matin d’Algérie : Lafibala, la ville où se déroule l’histoire, est-elle inspirée de votre enfance à Ouahigouya ou est-ce une ville totalement fictive ?

Windyam Assétou Maiga : Lafibala est inspirée de ma ville natale, Ouahigouya, où j’ai passé mon enfance aux côtés de ma grand-mère.

Le Matin d’Algérie : La relation entre la narratrice et sa grand-mère occupe une place centrale. Comment avez-vous construit cette figure ? Est-elle inspirée d’une personne réelle ?

Windyam Assétou Maiga : Mémé dans L’Exil de l’amour est inspirée de ma grand-mère, qui n’est plus de ce monde. Sa photo figure d’ailleurs en couverture. Elle a profondément marqué ma vie par son enseignement, son éducation, ses valeurs et son amour inconditionnel pour ses petits-enfants.

Le Matin d’Algérie : Votre roman aborde le pardon, la jalousie et les tensions familiales. Pourquoi ces thèmes vous ont-ils paru essentiels à explorer ?

Windyam Assétou Maiga : Le pardon est fondamental dans la vie en société. Il favorise la cohésion et constitue un acte de libération personnelle. La jalousie, elle, est inhérente à l’être humain et peut créer des tensions si elle n’est pas maîtrisée, comme avec tante Rosalie qui, par pure jalousie, a dit à Alice qu’elle n’était pas la vraie petite fille d’Arlette. Cette situation a provoqué un conflit familial, mais Alice a finalement pardonné, comme le lui enseignait sa grand-mère, preuve de grandeur et de sagesse.

Le Matin d’Algérie : Les scènes de la vie quotidienne, comme la corvée d’eau ou la préparation des repas, sont très détaillées. Quel rôle jouent ces éléments dans votre récit ?

Windyam Assétou Maiga : Ce sont des aspects du quotidien dans les familles africaines. Ces activités, menées par les femmes et les filles, favorisent la socialisation et la transmission des valeurs. Dans le roman, elles permettent à Alice de comprendre le fonctionnement de sa société et d’apprendre les recettes traditionnelles.

Le Matin d’Algérie : la figure de tante Rosalie est complexe, à la fois provocatrice et humaine. Comment avez-vous imaginé ce personnage ?

Windyam Assétou Maiga : En observant la société. Certaines personnes, comme tante Rosalie, sont belles mais présentent des défauts tels que la provocation ou une jalousie excessive.

Le Matin d’Algérie : Les enfants du roman, Patrice, Nadège et Kader, sont confrontés à des réalités difficiles mais conservent leur innocence. Que souhaitiez-vous montrer à travers leur regard ?

Windyam Assétou Maiga : L’enfant est associé à l’innocence et à l’émerveillement. Alice s’émerveille devant des tombes jumelles, Kader l’accompagne, Patrice et Nadège restent inséparables malgré la jalousie qu’ils suscitent. Même confrontés à des difficultés, comme le petit Mamadou orphelin de mère, les enfants expriment leurs émotions et leur curiosité.

Le Matin d’Algérie : L’amitié et la solidarité entre enfants sont des fils conducteurs du récit. Comment ces liens influencent-ils le parcours de vos personnages ?

Windyam Assétou Maiga : Alice partage son gâteau avec Mamadou, Patrice et Nadège s’entraident. Awa vient soutenir la grand-mère d’Alice pendant sa maladie. Ces liens forgés dans l’enfance perdurent à l’âge adulte, permettant aux personnages de rester soudés malgré les épreuves.

Le Matin d’Algérie : Votre écriture mélange tendresse, nostalgie et tension. Comment décririez-vous votre style et votre approche narrative ?

Windyam Assétou Maiga : Je cherche à raconter l’histoire de manière simple et compréhensible, en montrant la vie dans une société et ce qu’elle peut enseigner et faire réfléchir.

Le Matin d’Algérie : Quelle place occupe la mémoire dans votre travail d’écriture et comment influe-t-elle sur vos personnages ?

Windyam Assétou Maiga : La mémoire est essentielle. Elle donne du sens aux souvenirs. Ma grand-mère, par son sens du détail, a transmis à Alice un héritage affectif et identitaire, de l’histoire des tombes fictives à l’exil de Patrice et Nadège.

Le Matin d’Algérie : Vous êtes également journaliste et animatrice de bibliothèque. Comment ces expériences influencent-elles votre écriture ?

Windyam Assétou Maiga : Ces activités sont compatibles avec l’écriture. Le journalisme a renforcé mon style, et l’animation de bibliothèque m’a permis de rester en contact avec les livres et de nourrir ma passion pour l’écriture dès le secondaire.

Le Matin d’Algérie : Quel message ou quelle émotion souhaitez-vous transmettre à vos lecteurs à travers L’Exil de l’amour ?

Windyam Assétou Maiga : Le thème principal est l’amour sous deux formes : celui d’une grand-mère pour sa petite-fille et celui entre deux jeunes, Patrice et Nadège. Le message est clair : on peut être heureux et s’aimer dans nos différences, malgré le rang social ou les origines. L’amour est possible dans la diversité.

Entretien réalisé par Guettala Djamal 

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