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XXIXe marche : la protesta refuse une présidentielle versus Gaïd Salah

DISSIDENCE CITOYENNE

XXIXe marche : la protesta refuse une présidentielle versus Gaïd Salah

Marche contre les desiderata de l’actuel régime. Crédit photo : Zinedine Zebar.

Le début de la rentrée sociale sonne la fin de l’intermède estivale qui a vu les rangs de la protesta se rétrécir quelque peu. Vacances, été, fêtes, chaleurs obligent. Les marcheurs regagnent en masse leur marche hebdomadaire de ce vendredi 6 septembre qu’ils subodorent importante. 

Et pour cause, ils ont subi ces derniers jours une foule de discours, prononcés par le vieux général à partir de casernes. Après avoir proposé un calendrier électoral imposé, il n’a eu cesse de les fustiger et de les menacer. Il tient à des présidentielles selon ses propres visions et appréciations e et à sa manière. Les manifestants viennent lui expliciter la leur.

  • Ils n’iront pas voter tant que les détenus d’opinion ne seront pas libérés

Ils crient crient : »Annaba el3assima kanoun wahad, Annaba el 3assima bladna wahad i.e Annaba, la capitale une seule loi, Annaba la capitale un seul pays, par allusion au porteur de drapeau amazighe libéré à Annaba et aux quatre autres qui ont comparu en fin de semaine au tribunal d’Alger et qui n’ont pas été relaxés. Ils ressassent : rendez-nous nos enfants et prenez ceux du vieux général. Libérez Bouragâa tonne comme un écho le long de la procession. Bouragaâ notre père se récite à l’unisson par des dizaines de marcheurs 

  • Ils ne se rendront pas aux urnes tant que les gangs seront aux manettes

Ils répètent makach intikhabat ya 3isabat i.e pas d’élections avec les gangs ; nous avons dit que vous partirez alors vous partirez en kabyle ; ya shab el casse-croûte makach el vote i.e pas de de vote quémandeurs de casse-croûte ; à l’adresse des forces de polices ils disent vous, protégez-les et nous on les enlèvera en pensant à la mafia encore présente dans les circuits. Ils scandent inlassablement durant tout l’après-midi dans tous les coins leur nouveau chant : makach el vote oulah mandirou bedoui bensalah yalzam itirou loukan bersas 3lina itirou oulah mana habssine i.e  il n’y aura pas d’élections nous ne les ferons pas, Bedoui Bensalah doivent dégager, même si l’on nous tire dessus à balles réelles nous ne cesserons pas. Intikhabat ghir ansahoum ya elgaid salah dez m3ahoum i.e Gaïd Salah oublie les élections et pense ce que tu veux on en a cure

  • Il n’y aura pas de scrutin tant que les militaires n’accepteront pas de restituer le pouvoir aux civils

Ils crient : « Les généraux à la poubelle ouldjazair tedi el istiklal i.e les généraux à la poubelle et l’Algérie prendra son indépendance , ou encore isma 3 ya el gaid daoula madania machi 3askaria i.e écoute Gaïd Salah un Etat civil et pas militaire ;  barakat barahat min khitab ettakanat i.e assez des discours à partir de casernes.

Ils s’arrêtent comme chaque vendredi sous la fenêtre d’une vieille dame et lui confient leur désarroi : « aou ya elhadj ya elhadja maranach mnah i.e hé hadja (qualificatif honorifique pour s’adresser à une personne âgée) nous ne sommes pas bien. 

Ils ne cessent de brandir l’ultime menace de la désobéissance civile, qui reste l’un de leur principal atout : « rahou djai, rahou djai , el 3issian el madani » i.e elle arrive, elle arrive la désobéissance civile comme pour signaler  l’imminence d’une énorme tempête.

Tels sont les préalables indiscutables et non négociables pour la tenue d’une élection. Le pouvoir semble les ignorer, par aveuglement, entêtement, impuissance ou par un sordide calcul, poussant ainsi dans tous les cas, la maison Algérie vers l’impasse et le chaos. Cela parait inévitable. 

In fine, que représente la libération de quelques détenus politiques, d’un ancien moudjahid de 86 ans et la révocation d’un chef du gouvernement honnis, devant le destin de toute une nation ? Que signifie cet acharnement à vouloir impliquer et compromettre l’institution militaire dans la vie politique, en 2019, début de ce troisième millénaire, qui a vu les préoccupations de l’homme en général, et du militaire en particulier, se tourner vers l’espace ?      

Si l’épisode du cinquième mandat et du départ de Bouteflika a eu un dénouement pacifique, il est permis d’en douter sérieusement en ce qui concerne celui des échéances électorales prévues pour le 15 décembre. Les marcheurs ont parlé : il n’y aura pas d’élections version Gaïd Salah.

Auteur
Texte :Djalal Larabi. Photos : Zinedine Zebar

 




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