Site icon Le Matin d'Algérie

XXVIe marche : Ecoutez-les messieurs les dirigeants

DISSIDENCE CITOYENNE

XXVIe marche : Ecoutez-les messieurs les dirigeants

Les marcheurs fêtent l’anniversaire de 6 mois de protesta en ce troisième vendredi d’août qui en compte cinq. C’est le plug long et le plus pénible mois depuis le début de leur, désormais, longue protestation.

Même le mois jeûne paraît, aujourd’hui, plus clément que ce mois d’août. L’été, les chaleurs, les vacances, la plage, l’Aïd sont autant de facteurs qui influent sur le bon déroulement de leur virée citoyenne hebdomadaire. Les millions de manifestants le savent et affrontent ces handicaps dans le courage et la dignité nécessaires. Imparable !

S’ils se targuent d’avoir obtenu l’éviction de l’ex-président en quelques semaines par la force des choses, et l’incarcération d’une bonne partie de la 3issaba (gang)  en quelques mois, par un dénouement de la guerre des clans au pouvoir, à leur avantage du moment, les manifestants ressentent bien qu’ils ne sont pas entendus sur l’essentiel de leur revendication : l’entame d’un Etat nouveau, moderne, porteur d’espoir pour toute cette jeunesse. 

Les différentes tentatives de dialogue qui ont vu le jour et qui ont avorté, la défection de certaines personnalités publiques, l’incarcération de détenus d’opinion et surtout celle du commandant Bouregâa, l’entêtement du pouvoir à ne pas les libérer, à maintenir le gouvernement Bedoui, le blocage des entrées de la capitale sont les signes qui incitent les marcheurs à penser qu’ils ne sont pas et ne seront pas entendus.

Aussi, ils se répètent depuis plus de deux mois. Les slogans restent globalement les mêmes, et s’arrêtent sur quelques points bien précis. Ils demandent aux observateurs de transmettre leur message en entonnant gouloulhoum (dites-leur). Alors, messieurs les décideurs écoutez-les :

  • Pas d’arrêt de la revendication jusqu’à la satisfaction des exigences

  • Pas d’élections avec les gangs et le gouvernement Bedoui

  • Décision transférée au peuple

  • Libération des détenus d’opinion 

  • Etat civil et pas militaire

  • Rejet du vieux général, chef d’état-major et des généraux impliqués dans la vie politique

  • Indépendance et liberté pour les algériens

  • Annonce d’entamer le processus de désobéissance civile dès la rentrée sociale

  • Rejet du FLN et du RND

Un groupe de jeunes femmes entonnent une chansonnette concoctée à l’adresse du vieux général. : « ah ya elgaid matansash rak khadam 3andana, oueldjeich dialana khadamtou yahmina bledna, khawa khawa ndirouha djamhouria madania machi dawla 3askaria » i.e he gaid n’oublie pas que tu es employé chez nous,  l’armée nous appartient et son rôle est de nous protéger, entre frères nous allons la construire république civile et pas militaires.

Un réseau de lutte contre la répression, pour la libération des détenus d’opinion et pour les libertés démocratiques affiche ses banderoles accompagnées des photos de détenus d’opinion. 

Se fondant parmi les orateurs du vendredi les mères de détenus, micro a la main, crient leur détresse et leur colère. 

La chaine Al Magharibia basée en France semble gagner la bataille médiatique et supplanter les autres chaines privés et publiques. Les chaînes offshore réputée pour leur soutien aux puissants du moment, se sont détournées de la couverture des marches. L’ayant largement comprisl  es manifestants crient : « Al Magharibia canat echa3b » : Al Magharibia chaine du peuple

Un jeune garçon, à proximité de l’université, auteur d’un poème, entouré de son auditoire, le dit en public : « ya Elgaid ghir dégage ou echaab dar el courage nba3touk el harrach allah allah , ya elgaid oula ennazzar hada rahhou la3b sghar, ou attalgou rakou kbar, had echa3b mahouch hmar la3ba makhdouma lesghar ouahna ndemandiou el part allah allah allah », ya el gaid ghir degage  ouacha3bi dar el courage ghir fatouk lel harrach, koulou koulou dzair chaba ki la3roussa ouel fln hia essoussa ladaban la namoussa ana bladi ndifendi la FLN la RND » i.e hé elgaid dégage, le peuple a recouvré son courage, gaid ou nezzar ce jeu est pour les enfants et vous vous êtes âgés, le peuple n’est pas un âne et il demande sa côte part, elgaid dégage, le citoyen a retrouvé son courage ils t’ont devancé à la prison d’El Harrach, dites dites l’Algérie est aussi belle qu’une jeune mariée, le FLN est porteur de virus c’est ni le moustique ni la mouche, c’est mon pays je le défends, pas besoin de FLN et de RND. 

Chaque semaine les attaques contre le vieux général s’accentuent. Les marcheurs s’estiment ignorés par ce dernier, pas entendus : ils réagissent. 

Un proverbe oriental dit : ne vous lassez pas d’écouter, on apprend à parler en écoutant les autres. C’est à cela que doivent s’atteler les tenants de la décision et leurs conseillers. 

L’Algérie est au centre d’une multitude de convoitises, d’une foule d’intérêts géostratégiques. Les marcheurs en ont conscience. Les influenceurs du web et certains hommes politiques ne cessent de leur dépeindre des tableaux souvent très sombres. Leurs revendications leur paraissent légitimes : ils veulent choisir leurs représentants, et s’atteler à l’édification de la république du sourire et de l’espoir. La rentrée sociale est à nos portes,  alors de grâce : écoutez les messieurs.

Auteur
Djalal Larabi

 




Quitter la version mobile