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XXVIIème marche : force et honneur des Algériens

DISSIDENCE CITOYENNE

XXVIIème marche : force et honneur des Algériens

Alger endeuillée, Alger humiliée, Alger barricadée mais Alger libérée pour paraphraser la célèbre phrase du général De Gaulle. Les Algériens transcendent définitivement leurs peurs. Ils s’en libèrent. Les marcheurs entament leur périple hebdomadaire, sereinement, forts de leur puissance et convaincus du bien-fondé de leur combat. Ils arrivent par un temps plus supportable qu’à l’accoutumée, par vagues successives durant tout l’après-midi. 

Les intimidations matinales récurrentes, désormais habituelles, surpassées d’ailleurs par les marcheurs, exercées par les forces de l’ordre, ne suffisent pas à altérer la détermination des manifestants. La réduction du circuit à une peau de chagrin non plus.

Le concepteur des obstacles à dresser aux marcheurs durant leur procession redouble de machiavélisme chaque semaine. Ce vendredi il s’est attelé à créer un mur infranchissable par la disposition de camions de police collés strictement les uns aux autres, entre le trottoir pair (celui de l’entrée de la faculté) et la rue Didouche-Mourad afin de diviser le flux de marcheurs. Le résultat est l’entassement des protestataires au centre et la désertion du trottoir.

Ils crient  : « Karim Younès ne nous représente pas et Gaïd Salah ne nous commande pas i.e Karim Younes matmatalnach ou Gaid Salah matahkamnach ». Ils hurlent leur honte de voir le le dialogue mené par des caciques du système et les gangs le rejetant d’un trait.

Un jeune homme élégamment vêtu et bien de sa personne tente de convaincre un groupe de la nécessité de dialoguer. Coupé sans interruption par des «pas de dialogue avec les gangs » il perd le contrôle, s’énerve et tente de s’en prendre à l’un des  manifestants. Il est repoussé, sommé de quitter les lieux illico presto.

Des jeunes d’Alger scandent une nouvelle trouvaille concernant le dialogue. Ils disent : « ya hafid ya satar men ladjnet elhiwar daratha frança oua3liha l3asa faknalkoum c’est trop tard matbedlouch el ahrar lahkaya baina ou eddoula khaina ….. i.e Mon dieu préserve nous de la commission de dialogue, elle a été créée par la France et elle est contrôlée, on s’en est rendu compte c’est trop tard l’histoire est claire l’état est traître…

Le dialogue version Karim Younès semble définitivement enterré. 

Ils ne cessent de réclamer un état civil et pas militaire en redisant leur ras le bol du régime des généraux. Ils réclament leur indépendance. Ils crient  : « les généraux à la poubelle ou El Djazair tedi listiqlal i.e les généraux à la poubelle et l’Algérie prendra son indépendance ».

Le divorce avec le vieux général semble définitivement consommé. Les nouveaux slogans prononcés à son encontre atteignent un degré qui frise l’indécence eu égard à l’institution qu’il représente. Son rejet par les manifestants se radicalise.  

Ils se rappellent Lakhdar Bouregâa et chantent  : « frères n’oubliez pas les martyrs, libérez Bouregâa i.e ya ikhwan mantensawch echouhada libérez Bouregâa ». Ils exigent la libération de leurs enfants emprisonnés durant les manifestations et préconisent de leur substituer les enfants du chef d’état-major. Ils sont scandalisés de voir les enfants du général Hamel, du fils Tebboune, relaxés pour des affaires de corruption et leurs enfants séquestrés pour délit d’opinion. 

Ils annoncent le proche avènement de l’ère de la désobéissance civile.

Les jeunes de Belouizdad très prolifiques en écriture de chansonnettes mettent en garde le président Macron en scandant : « wallah ya Macron loukan kach ma yasra nahargou ga3 ou nahargou hadik França emala bala3 eddi ouladak ou9ala9 yetnaw ga3 ou etterikh jamais yensa i.e nous jurons devant Dieu Macron, que s’il arrive quelque chose, nous brûlerons tout et nous brûlerons cette fameuse France, alors boucle là, prends tes enfants avec toi et tire-toi, l’histoire n’oublie jamais. Sur une affichette on peut lire ne dites pas à ma mère que je suis député FLN, elle me croit pompiste chez Total.

Le pouvoir semble faire fausse route pour un énième fois, s’appuyer sur des personnalités inadéquates et se diriger droit vers une autre impasse. Les marcheurs, eux, vont vers leur destin chaque vendredi comme des soldats de la paix.

Après avoir dit ce qu’ils ne voulaient pas ils précisent chaque fois mieux ce qu’ils veulent. Ils s’attèlent à dessiner les contours de leur nouvelle république avec force et honneur.   

Auteur
Djalal Larabi

 




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