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Yacine Mebarki écope d’une lourde peine pour « incitation à l’athéisme »

ARBITRAIRE

Yacine Mebarki écope d’une lourde peine pour « incitation à l’athéisme »

Un militant du mouvement de dissidence populaire, Yacine Mebarki, a été condamné jeudi à dix ans de prison pour « incitation à l’athéisme » et « offense à l’islam », la plus lourde peine jamais prononcée contre une personnalité du Hirak.

Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), a déclaré à l’AFP que M. Mebarki avait été condamné « à dix de prison ferme et à dix millions de dinars d’amende (66.000 EUR) » par le tribunal de Khenchela (est).

Cette nouvelle condamnation s’inscrit dans une vague de répression ciblant quotidiennement des militants de la contestation ou « Hirak », des opposants politiques, des journalistes et des blogueurs.

M. Salhi s’est dit « choqué par la lourdeur du verdict contre un citoyen qui n’a fait qu’exprimer son opinion sur les réseaux sociaux ».

Il s’agit de la plus lourde peine prononcée contre un militant du « Hirak » depuis le début en février 2019 du soulèvement populaire pacifique pour réclamer un « changement du système » en Algérie.

Le parquet avait requis mardi huit ans de prison. Il est rare qu’un juge prononce une peine supérieure à celle réclamée par le parquet.

Le prévenu, qui clame son innocence, a décidé de faire appel, a indiqué M. Salhi, en réclamant sa libération, l’annulation du procès et l’abandon des poursuites.

Yacine Mebarki était poursuivi notamment pour « incitation à l’athéisme » et « offense ou dénigrement du dogme ou des préceptes de l’islam », a-t-il ajouté sans préciser qu’est ce qui était exactement reproché au militant.

L’athéisme est sévèrement condamné dans le monde musulman. 

Liberté de conscience 

Très impliqué localement dans le « Hirak » et militant berbère, M. Mebarki, 52 ans, a été arrêté le 30 septembre après une perquisition à son domicile.

Selon un ami du condamné, joint au téléphone par l’AFP et qui était présent au tribunal, les policiers auraient trouvé chez lui un exemplaire jauni du Coran appartenant à son grand-père, « dont une des feuilles était déchirée » du fait de l’ancienneté de l’ouvrage.

Déchirer une page du livre saint est considéré comme une atteinte à l’islam.

Dans un communiqué, la LADDH « rappelle les garanties contenues dans le droit national notamment la Constitution et les conventions internationales ratifiées par l’Algérie, en matière du respect des libertés de conscience et d’opinion ».

« En #Algérie on applique les mêmes peines aux islamistes qui incitent au meurtre comme Ali Belhadj, qu’aux militants #laïque-s comme Yacine Mebarki », a réagi un internaute, en référence à l’ancien numéro deux du Front islamique du salut (FIS, dissous). 

Egalement jeudi, le parquet de Dar El Beïda, dans la banlieue d’Alger, a requis deux ans de prison ferme et une amende de 100.000 dinars à l’encontre de Fodil Boumala, opposant et figure du « Hirak », suspendu depuis mars dernier en raison de l’épidémie de Covid-19.

Selon le Comité pour la libération des détenus (CNLD), M. Boumala est poursuivi pour « incitation à attroupement non armé, outrage à corps constitué et publications pouvant porter atteinte à l’intérêt national ». A Oran, un rassemblement pacifique en hommage à la jeune Chaïma, violée et tuée, a été brutalement dispersé. La police a procédé à de nombreuses interpellations. Les personnes interpellées ont été relâchées dans la journée. Ce n’est pas le cas des manifestants arrêtés lundi 5 octobre. 

Quelque 70 personnes sont actuellement emprisonnées en Algérie pour des faits liés à la contestation, la plupart pour des publications sur Facebook, d’après le CNLD. 

Soulèvement inédit, pacifique et sans véritable leadership, le « Hirak » est né en février 2019 d’un immense ras-le-bol des Algériens qui réclament un profond changement du « système » en place depuis 1962. En vain jusqu’à présent, même s’il a poussé en avril 2019 au départ du président Abdelaziz Bouteflika après 20 ans au pouvoir.

Auteur
Avec AFP

 




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