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Yaha Abdelhafidh, cinq ans déjà…

EVOCATION

Yaha Abdelhafidh, cinq ans déjà…

Moment de recueillement sur la tombe de Si Lhafid ce samedi matin du 23 janvier à Takhlijt At Asou où l’ancien maquisard repose en paix.

Cinq ans déjà que Yaha Abdelhafid dit Si Lhafidh nous a quittés le 24 janvier 2016, mais il reste si présent dans le cœur de tous ceux qui l’ont côtoyés. Ils sont nombreux à témoigner respect et attachement à cette figure du patriotisme  à cet « infatigable combattant pour une Algérie libre et juste qu’il fût. Son combat est plus que jamais d’actualité, il est celui du Hirak. 

Si Lhafid et le Hirak : un même combat pour la liberté, la dignité, et la justice sociale  
Depuis le début de ce mouvement inédit, populaire et pacifique en Algérie auquel la famille Yaha Abdelhafid a participé sur Alger et Paris et auquel elle a apporté son soutien par voie de presse, une phrase revient sans cesse au sein de sa famille  comme un leitmotiv   « Si seulement il avait pu vivre une seule journée de ce mouvement ». Il y aurait vu la concrétisation de de toute cette vie de combat pour une Algérie indépendante, libre, démocratique et unie.

Il aurait été au premier rang de ces manifestations au milieu de ce peuple qu’il aimait tant, aux côtés de ses compagnons de lutte , combatif, enthousiaste avec son sourire habituel, ce sourire d’enfant qu’il a su garder malgré toutes les vicissitudes et les drames qui ont jalonné sa vie.

Il serait resté éveillé nuit et jour au milieu du Hirak, comme toujours :

Comme lors des manifestations du MTLD 

Comme lors du déclenchement de novembre 54

Comme lors du combat armé du FFS de 1963 à 1965

Comme lors du mouvement de 80 

Comme lors du mouvement « l’Aarouch »

Comme toujours…

Il aurait écouté les jeunes dont il aimait l’énergie, la créativité, débattu avec la passion qui le caractérisait, fait des parallèles avec des événements historiques vécus qu’il conterait avec émotion ou humour. 

Il serait resté accroché à son téléphone pour avoir des nouvelles de l’état du mouvement de chaque coin du pays, s’informant, commentant , animant des réunions en tout lieu, aux quatre coins de l’Algérie

Il aurait décrypté des heures durant avec les militants, les pratiques, les manipulations, les stratégies machiavéliques du système politique en place, combattu avec force de 1962 à son dernier souffle, de cette caste de parvenus, de mafieux, héritiers des pratiques du clan d’Oujda, qui disait-il a confisqué le pays aux Algériens.

Tout comme le Hirak, Si Lhafid pensait que sans rupture définitive avec le  système aucune solution politique ne serait viable sur le long terme. Aucune réforme n’était possible avec un régime qui n’avait aucune dimension politique au sens étymologiques du terme « la vie de la cité » et dont la seule préoccupation était la conservation et l’exercice du pouvoir à des fins personnelles et claniques. 

Il entendrait encore des voix amicales s’élever sur son passage « … alors toujours en guerre Si Lhafidh !! », il répondrait avec sa légendaire bienveillance et modestie « comme beaucoup d’autres » ou « j’encourage juste ces jeunes pour que le combat continue… ». 
 

Il aurait été heureux de voir ce peuple auquel il n’a jamais cessé de croire se réapproprier, enfin son Histoire, heureux d’assister à ce réveil des consciences pour lequel il a tant œuvré. Heureux, enfin  de voir les idées pour lesquelles il a tant souffert être incarnées, relayées par la jeunesse algérienne, comme il l’écrivait en conclusion du 2eme Tome de ses Mémoires « FFS contre Dictature » :

« Après un demi-siècle de luttes, de larmes, de solidarités, d’espoir et parfois de trahisons « l’Algérie Libre » dont nous avions rêvée dans les maquis, dans les prisons et dans les salles de torture reste à conquérir. C’est le défi d’avenir qui attend les nouvelles générations ».

Au crépuscule de ma vie, je mesure, plus que jamais, la valeur de la liberté de la dignité et de la justice, qu’aucun bien matériel ne peut remplacer.

J’estime avoir accompli ma part du combat pour une Algérie meilleure ; Aux jeunes générations de continuer la lutte pour hisser ce pays au niveau des nations modernes… »

Il aurait enfin vu que les luttes, les sacrifices consentis pour qu’adviennent la démocratie, la justice sociale n’étaient pas vains, que le combat continuait. Alors il aurait reposé en paix.

Auteur
Zakia Yaha

 




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