Pour les Israéliens, il est l’homme à abattre : Yahya Sinouar, chef du Hamas dans la bande de Gaza, est considéré comme le cerveau de l’attaque du 7 octobre contre Israël. À 61 ans, il est bien connu des services de renseignements.
Contrairement aux autres chefs réfugiés au Qatar par exemple Yahya Sinouar ne semble bénéficier d’aucune protection des émirats du Golfe.
« Je rêve de Sinouar, j’y pense quand je mange… J’y pense tout le temps ! », avoue Michael Kobi. À 78 ans, ce vétéran du Shin Bet, le renseignement intérieur israélien, est hanté par Yahya Sinouar, raconte le correspondant à Jérusalem de Rfi. Il l’a côtoyé dans les prisons israéliennes où il était chargé des interrogatoires. Il comptabilise 150 heures d’interrogatoire avec celui qui était à l’époque à la tête d’une milice chargée de traquer les traîtres à la cause palestinienne. « Je n’ai jamais connu quelqu’un d’aussi cruel, témoigne-t-il. Il utilisait un couteau de boucher et il décapitait ses victimes. À Gaza, ils l’ont surnommé, « le boucher de Khan Younès ». Il parlait avec froideur, indifférence. Rien ne le touchait. »
Yahya Sinouar, c’est « le visage du mal », déclarait récemment un porte-parole de l’armée israélienne. Né dans le camp de réfugiés de Khan Younès, à Gaza, Yahya Sinouar grandit dans l’ombre de cheikh Yacine, le fondateur du Hamas, rapporte Murielle Paradon, journaliste au service International de Rfi. Bientôt, il prend la tête d’une milice chargée de traquer les traitres. Sa cruauté lui vaudra donc son surnom. Sa radicalité envers Israël est connue.
Parfait arabophone, Michaël Kobi, discute avec lui, tente de comprendre le personnage, sa vision. En 22 ans de prison en Israël, Yahya Sinouar a, lui, appris l’hébreu et eu l’occasion de se documenter sur l’ennemi, avant d’être libéré en 2011 dans le cadre d’un échange de prisonniers visant à libérer le soldat Gilad Shalit, aux mains du Hamas. « Il n’a jamais caché son objectif » se rappelle, l’ancien agent.
Cerveau des attaques du 7 octobre
Mais lorsqu’il devient chef du bureau politique du Hamas à Gaza, en 2017, son discours change. Yahya Sinouar affirme vouloir développer économiquement l’enclave palestinienne plutôt que de faire la guerre. Était-ce une façade ou une ambition sincère qui a échoué ? Cet homme à la fois charismatique et manipulateur est en tout cas soupçonné d’être à l’origine des attaques sans précédent du 7 octobre qui ont plongé Israël dans l’effroi et entraîné une répression sanglante contre les Gazaouis.
« En 1989, il avait dit qu’il planifiait un grand massacre de juifs, conformément à la charte du Hamas. Il considère donc ce qu’il a fait comme une réussite. Nous aurions dû l’éliminer depuis longtemps. »
Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a juré de le « trouver » et de l’« éliminer ». Il serait retranché dans les tunnels sous l’enclave palestinienne. Pour autant, les autres chefs du Hamas sont-ils capables de le lâcher pour satisfaire les appétits de vengeance d’Israël ? Beaucoup d’incertitudes planent sur ce qui va se passer les prochains jours à Gaza. La treve n’est pas le cessez-le-feu
Avec Rfi