26.9 C
Alger
dimanche 22 juin 2025
AccueilIdéesYasmina Khadra chez Abdelmadjid Tebboune : le prix du silence !

Yasmina Khadra chez Abdelmadjid Tebboune : le prix du silence !

Date :

Dans la même catégorie

John Steinbeck en ses trois entrées (II)

2. Les Raisins de la colère. Dans la fin...

L’Île aux mots (Marseille) : une librairie entre deux rives

À Marseille, dans le quartier d’Arenc, tout près des...

Qui est l’ennemi de l’Algérie, l’IA ou Allah ?

Et si on se disait enfin la vérité. La...

Le règne de M. Tebboune ou l’art d’emmurer un pays !

Il flotte sur l’Algérie comme une brume d’anesthésie. Une...
spot_imgspot_img
- Advertisement -

L’accueil fastueux accordé, ce lundi 19 mai,  par le président Abdelmadjid Tebboune à l’écrivain Mohamed Moulessehoul, alias Yasmina Khadra, a surpris plus d’un observateur. Photos officielles, honneurs d’État, large couverture médiatique : rarement un écrivain algérien francophone, installé en France et édité à Paris, n’a été aussi ostensiblement célébré par le pouvoir.

Mais derrière l’apparente reconnaissance culturelle, cette scène de réception relève d’un symbolisme politique fort. Elle ressuscite une figure historique : celle du bouffon du roi, personnage autorisé à divertir et à exister dans les cercles du pouvoir… tant qu’il ne le dérange pas.

Boualem Sansal en prison, Kamel Daoud traqué : un contraste saisissant

Ce retour triomphal de Yasmina Khadra sur la scène officielle algérienne intervient dans un contexte particulièrement troublant. Boualem Sansal, écrivain au regard critique sur le système politique, croupit en prison. Kamel Daoud, autre voix majeure de la littérature algérienne contemporaine, fait quant à lui l’objet de deux mandats d’arrêt internationaux. Leur seul crime : avoir pris la parole, dérangé, bousculé.

Face à cela, le silence de Yasmina Khadra est assourdissant. Aucun mot, aucun geste, aucune réserve exprimée au sujet de ces écrivains muselés. Son acceptation sans condition de cette mise en scène présidentielle devient dès lors plus qu’une simple neutralité : elle s’apparente à une complicité passive. Comme le bouffon du roi, il accepte d’endosser le rôle que le pouvoir lui assigne : celui d’un écrivain consensuel, célébré mais inoffensif.

Ce choix du régime algérien de mettre en avant un écrivain « maison » n’est pas anodin. Il s’inscrit dans une stratégie plus large : récupérer l’image d’une Algérie cultivée, ouverte, tolérante, en exhibant un auteur reconnu à l’international — mais qui ne remet pas en cause l’ordre établi. Le geste est habile : on célèbre la littérature, tout en la vidant de sa charge subversive. Le message est clair : soyez talentueux, mais loyaux.

Il faut rappeler ici que Yasmina Khadra s’est aussi accommodé du règne de Bouteflika en acceptant le poste de directeur du Centre culturel algérien à Paris avant de tenter de se présenter à la présidentielle contre justement ce dernier.

Une littérature au service du pouvoir ?

Yasmina Khadra, en acceptant ce rôle sans le moindre recul critique, semble ainsi délaisser la tradition des intellectuels algériens engagés — de Kateb Yacine à Tahar Djaout — qui voyaient en l’écriture un acte de résistance. Le romancier, dont l’œuvre est pourtant traversée de réflexions sur la guerre, l’exil et la dignité humaine, semble ici avoir choisi la faveur du prince plutôt que la voix du peuple.

Une mise en scène révélatrice

Entre la réception d’un ambassadeur et d’un celle du président de la BAD, Tebboune accueille Yasmina Khadra tout heureux de se retrouver au palais d’El Mouradia. En dernière analyse, cette réception n’est pas simplement une affaire d’agenda culturel. Elle dit quelque chose de l’état du rapport entre pouvoir et création artistique en Algérie. Le régime continue de tracer une frontière claire : d’un côté, les artistes tolérés, récompensés, mis en vitrine ; de l’autre, ceux qui parlent trop fort, qui dérangent — et qu’on enferme, qu’on voue aux gémonies, ou qu’on réduit au silence.

Yasmina Khadra n’est évidemment pas un imposteur. Mais à force de silence et de compromis, il risque de devenir le personnage de cour que l’histoire retiendra moins pour ses romans que pour son alignement sur un pouvoir impopulaire, populiste et qui malmène ceux qui osent parler.

Samia Naït Iqbal

Dans la même catégorie

John Steinbeck en ses trois entrées (II)

2. Les Raisins de la colère. Dans la fin...

L’Île aux mots (Marseille) : une librairie entre deux rives

À Marseille, dans le quartier d’Arenc, tout près des...

Qui est l’ennemi de l’Algérie, l’IA ou Allah ?

Et si on se disait enfin la vérité. La...

Le règne de M. Tebboune ou l’art d’emmurer un pays !

Il flotte sur l’Algérie comme une brume d’anesthésie. Une...

Dernières actualités

spot_img

8 Commentaires

  1. Ce type a une rangers dans la tête, élevé et éduqué à la caserne sous les ordres.
    Il est formaté, programmé par et pour le système, je suis certain qu’il doit faire encore son lit comme à la caserne.
    Ce que je veux dire par là, c’est qu’ il ne faut surtout pas l’en vouloir, en effet, il ne faut pas s’ attendre qu’un toutou devienne
    un 🦁 un jour!

  2. il a choisi son camp ; grand bien lui fasse !! j’ai toujours été dubitatif en écoutant ses interviews ; il ne respire pas la franchise.

  3. À l’Ouest rien de nouveau, suis-je tenté de dire. Tout écrivain talentueux qu’il est, YK a toujours excellé dans le brossage dans le sens du poil. Ce n’est pas d’aujourd’hui. Il a toujours fait sienne la devise « Edénia m3a el ouqaf … oua laou kana Si Baghloune… pardon, Si Tebboune! » Il lui arrive, néanmoins, d’assumer des prises de positions courageuses à l’image de sa fameuse déclaration « S’il me dit je suis kabyle, je ne signe pas! ». Ya bouguelb! On dirait un partisan du projet « zéro kabyle » qui parle! Entre nous, soit dit ….!

    • Biensur que non, il faut en avoir pour en revendre ! de l’ame, conscience et honneur… ou le moindre sens de soi !
      Dit-on qu’il n’y a que les stupide qui ne changent pas d’avis. Qu’est-ce que vous foutez ici?
      Tu veux un beeper? « gratuit »

    • FIDO
      Votre raisonnement est infantile (et je suis Clément !!!)
      C’est la même chose.
      La trahison est une constante par conséquent elle n’est pas variable.

  4. Kateb Yacine, Tahar Djaout ,Rachid Mimouni des plumes libres trompées dans le vitriol…leur combats pour les libertés et le respect de la dignité des Algériens…! Ce combat là , ils l’ont mené sur cette terre qui les a vu naître.. et nulle part ailleurs…des hommes, des intellectuels dont la conscience n’était pas négociable
    Les zelateurs de la dictature autant que ceux qui ont avalé des boas constrictors ceux là sont à classer dans cette tendance du KHOUBSISME ambiant !!!

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici