L’incident diplomatique qu’il y a eu à la Maison-Blanche pendant le passage de Zelensky en révèle beaucoup sur le nouveau gouvernement des États-Unis.
L’extrait d’une dizaine de minutes de la fin de la rencontre le 28 février entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky, celui américain, Donald Trump et son vice-président, JD Vance, a tourné en boucle sur la plupart des médias internationaux, causant des remous diplomatiques un peu partout sur la planète.
Avant que les échanges ne deviennent plus musclés, on y entend le président américain défendre sa politique sur l’Ukraine dont les arguments ressemblent fortement à ceux de la Russie. Trump y affirme pourtant qu’il n’est pas aligné sur Poutine, mais plutôt sur le monde et l’Europe bien qu’il mène actuellement une guerre tarifaire avec une bonne partie des pays qui étaient considérés comme alliés des États-Unis avant le 20 janvier dernier.
JD Vance insiste alors pour intervenir et dire que pendant quatre ans, Joe Biden, le président des États-Unis affirmait que Poutine avait envahi l’Ukraine et avait détruit une partie du pays. Selon lui, le chemin pour la paix et la prospérité est de s’engager plutôt dans une résolution diplomatique du conflit.
Volodymyr Zelensky prend par la suite la parole et décrit ce que son pays a dû souffrir sous l’invasion russe qui a commencé en 2014 et n’a pas cessé depuis malgré une longue période de moindre intensité entre 2014 et 2022, stressant que personne jusqu’à maintenant n’a été capable d’arrêter Poutine qui brise les cessez-le-feu, malgré le fait qu’il signe des documents qui spécifient l’arrêt des hostilités et l’échange de prisonniers. Zelensky pose alors à Vance la question qui mettra le feu aux poudres : de quel genre de diplomatie JD parlez-vous?
Le vice-président répond alors avec arrogance que c’est le genre de diplomatie qui va arrêter la destruction de l’Ukraine et que c’était irrespectueux de venir dans le bureau ovale et de plaider sa cause devant les médias américains, décrivant par la suite ce qu’il considérait être les problèmes que vivent les Ukrainiens. Incapable de dire quand il avait été en Ukraine pour y constater ces problèmes, Vance donne plusieurs arguments déjà relevés par la propagande russe.
Trump entre alors dans la conversation et parle d’une manière condescendante à Zelensky, affirmant qu’il n’est pas dans une bonne position et n’a pas de carte dans son jeu, disant du même coup qu’il les aurait s’il signait l’entente avec les États-Unis.
La situation passe alors de l’humiliant au dégradant, le président américain imitant de manière ridicule Zelensky et rejetant sur les démocrates américains la mauvaise opinion que le monde a de Poutine, précisant que le dirigeant russe a beaucoup souffert de ces accusations dont il n’était aucunement responsable.
Répondant à une question d’un journaliste, Trump continue en affirmant que si Poutine a brisé ces cessez-le-feu dans le passé, c’est qu’il n’avait pas de respect pour les présidents américains antérieurs tandis qu’il en avait pour lui et qu’il croyait que ce dernier ne le ferait plus pour cette raison.
La fin de la rencontre est encore pire et Trump sort des arguments de vente sous-pression disant que si Zelensky ne signe pas l’entente sur les minéraux critiques, les États-Unis ne fourniront plus d’aide, que les Ukrainiens devront se battre sans et qu’il pense que ce ne sera pas beau.
« Vous n’avez pas les cartes, mais quand nous aurons signé cette entente, vous serez en bien meilleure position. » Il précise encore de manière condescendante que Zelensky ne semblait pas avoir de gratitude pour ce qu’on fait les États-Unis pour son pays et que ce n’était pas une bonne chose à ses yeux. Le président américain met ensuite fin à la rencontre.
La délégation ukrainienne serait donc repartie précipitamment par la suite sans signer l’entente voulue par les Américains. Les invectives et l’attitude condescendante de Trump et Vance semblent donc liées directement à l’insistance de Zelensky à rétablir les faits au sujet de ce qui se passait actuellement en Ukraine et des garanties de sécurité qu’il voulait.
Les conclusions que l’on pourrait tirer de cette partie de la rencontre seraient que le gouvernement des États-Unis utilisait les mêmes arguments que Poutine et allait lâcher l’Ukraine, allant en ce sens jusqu’à demander une part des ressources du pays sans pour autant s’impliquer dans sa sécurité face à la Russie.
Comme tout cela a été mis en onde ou sur internet en direct par plusieurs médias et diffusé partout dans le monde, les dirigeants européens ont pu voir de leurs yeux l‘attitude absolument scandaleuse et irrespectueuse que le président ukrainien, considéré par plusieurs comme un héros résistant courageusement à une invasion, à du subir aux mains des plus hauts dirigeants des États-Unis.
Ceux qui avaient encore des illusions sur la voie qu’avait prise ce pays depuis l’arrivé en poste de l’administration Trump, ne peuvent plus se cacher la tête dans le sable et devront prendre rapidement des décisions pour se protéger des dangers qui les guettent, provenant de ce qui a toutes les allures d’être actuellement pour beaucoup d’entre eux un ancien allié.
Michel Gourd