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 Zinedine Zebar, le photographe qui a immortalisé l’âme de l’Algérie

Zinedine Zebar.

Zinedine Zebar.

Certains artistes laissent une empreinte indélébile au-delà de leur art, et Zinedine Zebar était de ceux-là. Photographe engagé et passionné par l’Algérie, il nous a quittés le 8 novembre 2020, emporté par la Covid-19 à l’âge de 63 ans. Quatre ans après sa disparition, son œuvre continue d’inspirer et de rappeler la profondeur de son regard sur son pays.

Né à Sétif en 1957, Zinedine a développé dès son plus jeune âge une passion pour l’image et la lumière. Sa formation à l’École de photographie et à l’Université Paris VIII à Paris lui a ouvert les portes du photojournalisme, et il a rejoint l’agence Gamma dans les années 1980. En France, il a documenté les scènes sociales et politiques avec un œil aiguisé, mais son cœur restait attaché à l’Algérie.

En 2008, il est retourné dans son pays natal pour une mission personnelle : préserver et célébrer le patrimoine algérien à travers la photographie.

Zinedine Zebar n’était pas seulement photographe : il était un témoin et un conteur. Par son objectif, il capturait la beauté discrète des paysages algériens, des phares solitaires de la côte aux montagnes kabyles et aux ruelles de la Casbah d’Alger.

Son livre Les Phares d’Algérie, en collaboration avec le journaliste Mohamed Balhi, est un témoignage de son amour pour ces monuments, symboles de résilience face au temps. Grâce à son talent, ces phares se transforment en personnages vibrants, leurs histoires semblant chuchotées à ceux qui les contemplent.

En mai 2017, j’ai eu l’honneur d’accueillir Zinedine à Rennes pour une conférence-débat sur les Phares d’Algérie et de Bretagne. Devant un public captivé, il partageait, avec une humilité rare, ses expériences et les récits de ses voyages. Ce moment, gravé dans les mémoires, révèle l’homme qu’il était : un artisan de la lumière, fasciné par la beauté cachée et attentif aux histoires que ses sujets avaient à raconter.

Son kiosque ZZ art et image, à Alger, était bien plus qu’un simple espace de vente. Il incarnait un lieu de rencontre, un sanctuaire où chaque photo devenait une invitation à échanger, à partager un morceau d’histoire.

Ceux qui ont eu la chance de le côtoyer se rappellent de son humanité, de sa chaleur et de sa fidélité à l’Algérie. Pour lui, chaque cliché représentait une connexion, un fil tissé entre les âmes.

Peu avant de nous quitter, Zinedine travaillait sur un projet ambitieux : Alger vue du ciel. Ce livre, pensé comme une déclaration d’amour à la capitale, devait en dévoiler la grandeur à travers des perspectives aériennes inédites. Bien que ce projet soit resté inachevé, il porte en lui le rêve de Zinedine de révéler au monde la beauté de l’Algérie. Verrons-nous un jour ce livre, Alger vue du ciel, se concrétiser ? Ce serait un hommage posthume à son engagement et au voyage qu’il voulait nous faire partager.

Aujourd’hui, Zinedine Zebar est reconnu comme une légende de la photographie algérienne. À travers son œuvre, il nous invite à voir le monde différemment, avec la sensibilité d’un humaniste. En immortalisant l’Algérie dans sa diversité et sa profondeur, il a légué bien plus que des images : il nous a offert un fragment de son âme, un appel à redécouvrir l’Algérie sous un nouveau jour.

Toufik Hedna

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