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Zohran Mamdani : métis, musulman, démocrate et maire de New York

Zohran Mamdani, nouveau maire de New York

Donald Trump vient de vivre sa journée la plus cauchemardesque depuis son élection. Il s’est réveillé avec ce qui pouvait le traumatiser au plus haut point, l’élection d’un maire de New York métis, musulman, jeune, démocrate et séduisant (dans le sens de charismatique). 

Et le cauchemar n’est pas terminé puisque Zohran Mamdani est  membre du parti démocrate. Pire encore, dans sa branche socialiste affiliée, les Socialistes démocrates d’Amérique (DSA), un mouvement dont le chef de file est Bernie Sanders, candidat à la présidentielle de 2016.

Vous rendez-vous compte, un socialiste, le mot de l’enfer pour Donald Trump qui les appelle des communistes. Le mot le plus repoussant pour l’Amérique profonde des MAGA et bien avant, celui de l’Amérique blanche. Un mot dont la traduction en français est les « radicaux».

Un tsunami, la peste qui envahit sa ville de New York dans laquelle il était né, fait sa fortune et s’est installé dans son trône. Sa ville qui compte le plus de milliardaires au mètre carré et de gratte-ciel dont le sien qui est l’image ostentatoire de sa gloire. 

Il avait déjà assez à faire pour combattre les démocrates qui sont majoritaires dans sa ville. Par sa campagne électorale et son élection, il les avait étouffés et réduits au silence. Le roi de New York ne s’imaginait pas qu’un jour un tel coup de tonnerre puisse dévaster son projet de domination.

Zohran Mamdani est né à Kampala, en Ouganda. Son père, Mahmoud Mamdani est universitaire et sa mère, Mira Nair, une indienne réalisatrice. Ils s’installent à New York lorsque Zohran avait sept ans. Une famille d’immigrés et qui, en plus, a l’affront d’être d’extraction éduquée et instruite. 

Le jeune est diplômé de la Bronx High School of Science. Il obtient une licence en études afro-américaines dans le Maine. Zohran a gravi tous les échelons jusqu’au plus haut, celui de maire de New York.

D’abord comme conseiller en logement puis membre de l’Assemblée de l’État de New York après avoir battu un élu démocrate en place. Je l’ai déjà dit,  il est de la mouvance la plus à gauche, le DSA, fortement affilié au Parti démocrate.

Il a ensuite participé aux primaires démocrates pour la Mairie de New York où il avait obtenu une victoire contre le puissant Andrew Cuomo qui s’était présenté comme indépendant.

Et le voilà, le 4 novembre 2025, à l’un des postes les plus prestigieux des États-Unis. Cela nous semble être un très long parcours pour y arriver mais Zohran Mamdani a seulement 34 ans, ce qui prouve une ascension fulgurante.

Il est l’image du renouvellement des leaders du Parti démocrates qui s’étaient enracinés jusqu’à ne présenter que la vielle garde. Avec Joe Biden, ce parti en est venu à faire d’un homme écrasé par l’âge, à la santé plus que fragile, un président.

La jeunesse a parlé et enfin apparait du sang neuf dont la gauche avait besoin, elle qui a été tétanisée par la  victoire de Donald Trump.

Zohran Mamdani a joué tout d’abord avec sa jeunesse et possède tous les codes de la nouvelle génération. Même si c’est anecdotique et très furtif, il s’était engagé dans le Rapp ce qui n’est pas rien pour maitriser la communication politique avec les moyens modernes que sont les réseaux sociaux.

Sa méthode était effectivement conforme aux nouveaux codes et il a pu capter un auditoire impressionnant. Il n’a cessé de multiplier des posts délirants dans leur humour, audace et jusqu’au burlesque. Il a su faire une campagne de proximité sans relâche avec les fou-rires et les selfies. Bref, Zohran a renvoyé l’ancienne garde démocrate au souvenir du passé. 

Mais ce n’est pas tout, conforme à ses idées politiques et son parcours, il a construit un programme social très ambitieux. Zohran Mamdani veut geler les prix des loyers, rendre gratuit les transports publics de la ville et autres rêves d’une majorité des citoyens de la ville, écrasés par les difficultés financières quotidiennes. 

Cette grande ville phare du rêve et du symbole de la prospérité est en fait le lieu d’une affolante misère. On s’imagine bien combien l’espoir a envahi cette population démunie de New York.

Mais il y a une lourde question qui me traverse l’esprit. Zohran Mamdani a utilisé tous les ressorts d’une communication moderne et exaltée. Il y a mis toute la fougue de son charisme et de sa fougueuse jeunesse. Et c’est là où débute mon questionnement.

Sa méthode et son discours ressemblent étrangement aux ressorts qu’utilisent les populistes. Je souhaiterais tant y croire mais j’ai une petite résistance à le faire. Même si son projet est admirable et enthousiasmant, ne va-t-il pas s’écraser contre le mur des réalités ?

Les loyers bas, les transports gratuits et l’accès à l’éducation pour tous, n’est-ce pas le même discours des populistes ou des idéologies de gauche et d’extrême gauche qui ont mené aux plus terribles des désillusions.

Bonne chance Zohran mais maintenant que tu es au sommet, enlève le costume de l’exalté et  mets celui des idées progressistes qui t’avaient tant pénétrés. Il n’y a aucun doute pour moi qu’elles étaient sincères.

Mais attention, le discours populiste n’a jamais été à la hauteur des rêves. S’ils étaient plus haut que les réalités, ce seront toujours les mêmes qui se fracasseront. Ceux qui t’ont cru et t’ont suivi.

Ah, j’oubliais, dans le même temps le Parti républicain a perdu les élections au poste de gouverneur dans deux États américains. Pauvre Trump, il n’y a que l’industrie pharmaceutique dans laquelle il ne s’était pas engagé et fait faillite comme dans toutes les autres. Il aura tant besoin de paracétamol avec les temps qui viennent et surtout avec les élections de mi-mandat de l’année prochaine.

Allez Zohran, tu le peux (Yes you can !), fonce mais avec calme, lucidité et intelligence politique qui sont contraires au populisme. Hélas tu ne peux être qu’un aiguillon puissant pour le mouvement progressiste car tu n’es pas né aux États-Unis pour être un jour élu président, la constitution américaine ne le permet pas.

Je l’aurais tellement voulu !

Boumediene Sid Lakhdar

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