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Zoologie footballistique

REGARD

Zoologie footballistique

Les guerriers du désert, c’est ainsi qu’est surnommée notre équipe nationale de football, depuis peu certes mais c’est ainsi.

Somme toute, Il n’est plus question des « Fennecs » et franchement, c’est un bon sens voire une compensation cohérente pour le pays.

Une Algérie dont le peuple a, non seulement, payé le prix fort au prorata de son déclin réputationnel, tantôt belliqueux, tantôt ringard et souvent synonyme de menace aux yeux de la « perfection occidentale » du haut de son Olympe américain et ses « transcendances » européennes.

Aussi en matière de représentativité à l’étranger, tout symbolique soit-il, le surnom « Fennecs » est l’exemple type de la « décadence culturelle » algérienne et ces méfaits dévastateurs sur l’esprit collectif populaire, croyez-moi !

Combien de fois je me suis vu vert de rage lorsque j’entendais les commentateurs sportifs parler de « fennecs » pour désigner l’EN, et ce, à l’occasion d’un match ou autres occasions footballistiques.

Pis encore, l’ignescence bien qu’émotionnelle s’accroît en voyant les joueurs algériens affublés d’un maillot avec, distinctivement, un fennec au niveau de l’épaule droite.

C’est à croire que c’était fait « à dessein » pour certifier l’appellation « Fennecs » pour ceux qui n’avaient pas imagé le sens ou, comme moi, qui sont simplement, nuls en zoologie.

Précisément, c’est de toute la faune que contient le pays qu’il s’agit, nos experts ou je ne sais quels énergumènes en mal d’inspiration, n’ont rien trouvé de mieux que, ce petit renard du désert, comme « mascotte » représentative de l’équipe nationale de football.

Je ne veux pas verser dans une zoophobie caractérisée car j’ai assez de problèmes comme ça pour me mettre, en sus, des animaux sur le dos (dans le sens expression et non pas fourrure sur le dos, déjà que Brigitte Bardot n’aime pas les démonstrations de joies des Algériens à Paris).

Plus sérieusement, l’Algérie recèle des milliers d’exemples qui pouvaient servir de matière pour générer des surnoms, au lieu de cela, c’est ce petit canidé, le fennec, qui n’est nullement typique de l’Algérie car présent bien au-delà de nos frontières jusqu’en Egypte, qui a raflé la palme et c’est vu le représentant de tout un peuple lors des tournois de football internationaux.

Nos voisins marocains se sont promptement approprier le surnom « Lions de l’atlas » alors que nous sommes plus légitimes et environnants de cette appellation … honnêtement, eux aussi méritent le surnom mais c’est mon côté partial de chauvin « super-patriote » qui prend le dessus.

Qui n’a pas lu le « Tartarin de Tarascon » d’Alphonse Daudet qui s’était, entre autres, profondément inspiré du « varois » Jules Gérard, respectivement brigadier au sein du 3e régiment de spahis 1842 et chasseur notoire de lions, et non pas, de fennecs en Algérie.

Beaucoup me reprocheront d’ergoter, d’exagérer et de faire tout un plat au sujet d’une question qui n’en vaut pas la peine, j’y pense en évoquant le plat, dite moi le couscous est algérien n’es pas ?

C’est vrai, mea culpa, je coupe le cheveux en quatre , mais à force d’observer l’importance des détails et la place prédominante qu’ils leur est réservé, je préfère passer pour « un catalan international » tel Miro et devenir, pourquoi pas, un « détailliste du symbolisme culturel sportif », rien que ça !

D’autres me donneront les exemples des Springbok d’Afrique du sud ou des Wallabies d’Australie, ils n’ont pas tout à fait tort à dire vrai.

En revanche, je pourrais expliquer cet « état de fait dénominatif » par l’argument (facilement démontable) que les espèces en question sont typiques des régions, de plus, elles sont considérées comme étant une « plus-value » pour le tourisme dans ses pays, enfin, disons-le, une gazelle ou un kangourou c’est morphologiquement conséquent sur une affiche.

En parlant de détail, il me vient à l’esprit que lors de la deuxième guerre mondiale, il y avait bien un général allemand surnommé le « renard » mais jamais le mot fennec n’est venu se greffer à sa légende, pourtant le fennec est bien le renard du désert non ?

En effet à la tête de l’Afrikakorps en 1941 le « feld-maréchal » Erwin Rommel était surnommé « Wüstenfuchs » (« le Renard du Désert »).

Il en était ainsi, ses prouesses en matière de manœuvre des divisions blindé allemandes en Afrique du nord ont fait de lui une véritable « icône martiale ».

D’ailleurs Rommel était une référence pour le général US Patton et son homologue (pas dans le grade mais dans la fonction) britannique, le maréchal Montgomery alias Monty tous deux les acteurs majeurs de la libération de l’Europe du joug nazi.

Le surnom donné à Rommel était symbolique de ruse et d’adresse, en ce qui concerne notre équipe nationale, c’est aussi le cas, mais rajoutez-y la petitesse de la taille du fennec et c’est là, à ce moment précis que le bât blesse, tout est question de taille mes ami(e)s !

D’autres équipe africaines ont des surnoms pompeux et démonstratifs de la force et du courage, nous pouvons admirer les Eléphants de Côte d’Ivoire, Les Lions indomptables du Cameroun, les Aigles de Carthage (les mêmes espèces d’oiseau sont présentes en Algérie) les Pharaons et j’en passe.

Dans un autre registre outre méditerranéen, le coq gaulois (comprenez le coq français) est lui aussi un symbole de la France et pas n’importe lequel, on le retrouve partout en France c’est pour vous dire ce qu’il véhicule comme image.

Étrangement que cela ne puisse paraître, je n’ai pas de souvenirs des coqs gaulois ou une chose qui y ressemble concernant les bleus !!

C’est pour vous dire la nuance et le savoir-faire dans l’expression d’une symbolique qui, comme vous le savez, sera reprise partout dans le monde lors des tournois majeurs, telle fut la prudence française vis-à-vis de leur coq quitte à prendre « les bleus » comme surnom sans craindre que cela pouvait avoir une connotation de « novices » sur le terrain.

Les responsables algériens (toujours eux) qui sont derrière ce surnom de fennecs en attendant d’être derrière les barreaux ont faillis et, ma foi, ils auraient nettement pu mieux faire.

Heureusement pour nous, les Fennecs ont mué en « guerriers du désert » et ce n’est pas plus mal.

Indiscutablement c’est à la hauteur de la grandeur réelle des algériens et de l’exemple de positivité qu’ils donnent au monde.

Enfin, le comble pour moi serait de me retrouver seul dans le désert avec une meute de fennecs aux trousses, vivement qu’un guerrier vienne me tirer de la, ça m’apprendra à critiquer ce que je ne connais pas.

Tous mes respects aux Fennecs d’ici et d’ailleurs, sans rancunes !!

 

Auteur
Maiza Nazim 

 




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