Entre les partisans du vote massif et ceux qui appellent au boycott, y a-t-il place pour une troisième voie : celle du vote blanc ? Une option qui n’a pas beaucoup de supporters mais qui a trouvé une adepte, en la personne de Zoubida Assoul.
Alors qu’il reste deux jours pour le début du vote, la candidate malheureuse à la candidature à la présidentielle est sortie, mardi 3 septembre, de son silence pour appeller les citoyens au vote blanc.
L’appel qu’elle a lancé dans ce sens, via une affiche publiée sur sa page Facebook officielle, lui a valu beaucoup de sarcasme de la part des internautes qui ont trouvé la démarche de la présidente de l’UCP intenable et inopportune. Ils sont convaincus que ce choix pourrait produire l’effet contraire à celui recherché.
Autant dire que la proposition de cette avocate ancienne membre du CNT du temps de Liamine Zeroual qui s’est faite connaître par ses déclarations radicales pendant le Hirak de 2019 ne risque pas d’avoir l’écho et encore moins l’effet escompté.
Pour beaucoup d’intervenants dans la discussion, l’appel de Mme Assoul est du pain béni pour le pouvoir et tous les partisans du vote qui, jugent-ils, est fait sur mesure au président candidat à sa propre succession.
« Il sert à quoi de voter blanc ou noir quand cela ne changera rien ? Ne pas voter du tout c’est plus explicite pour ne pas cautionner la mascarade », lance un internaute à l’adresse de la cheffe de file de l’UCP à qui il rappelle que sa démarche ne signifie ni plus ni moins qu’une caution au processus électoral duquel elle voudrait se démarquer.
« On sait très bien que le seul souci du régime c’est le taux de participation. Ce n’est pas à nous de lui donner la légitimité », lance un autre intervenant, alors qu’un autre s’est tout simplement moqué de l’attitude de Mme Assoul qui semble se complaire dans une position de « ni oui ni non ». « C’est une non position! », lance t-il avec beaucoup d’ironie.
Plus nuancé, un participant à la discussion estime que « le vote est un attribut de la citoyenneté. Ce qui ne signifie pas de voter pour un candidat qu’on désapprouverait, on peut déposer un bulletin vierge, voire nul.
Une participation élevée avec un pourcentage aussi élevé de bulletins écartés est plus représentatif d’une désapprobation que le boycott, sachant qu’il sera difficile de le dissimuler.
La preuve en est qu’en 2019, même avec un taux insignifiant de participation, cela n’a pas embarrassé le pouvoir ni l’élu qui a dit qu’il ne tenait compte que de l’avis des citoyens, soit ceux qui ont voté. Aussi, la légitimité du scrutin était sauve même pour l’opinion internationale.
Il est donc question de réfléchir sur la démarche la plus fructueuse (boycott vs participation en masse avec vote nul). »
Voter blanc, qu’est-ce que ça veut dire?
« Un vote est considéré comme blanc quand au dépouillement, les assesseurs retrouvent une enveloppe vide ou contenant un bulletin dépourvu de tout nom de candidat (ou de toute indication dans le cas d’un référendum). Ce type de vote indique une volonté de se démarquer du choix proposé par l’élection, en se déplaçant pour effectuer le geste citoyen du vote tout en montrant qu’aucun des candidats ne convient à l’électeur », explique le site Vie Publique.
Quelle différence avec le vote nul ?
« Un bulletin est considéré comme nul quand il comporte des mentions écrites, annotations, ou qu’il ne correspond pas au bulletin officiel. Les bulletins pour un candidat qui ne s’est pas officiellement présenté ou ceux portant des insultes et autre remarques font, entre autres, partie des votes considérés comme nuls », explique la plateforme du gouvernement français.
En Algerie la loi ne reconnaît pas le vote blanc qui est confondu avec le vote nul en vertu de l’article 52 de la loi organique n° 16-10 du 22 Dhou El Kaâda 1437 correspondant au 25 août 2016 relative au régime électoral qui ne reconnaît que le « vote nul », compté mais pas comptabilisé », écrit, a ce propos, dans Le Matin d’Algérie du 22-02-2017, Cherif Ali, un ancien cadre Supérieur connu pour ses chroniques et contributions dans la presse nationale.
« Jusqu’à quand [ les] électeurs passés sous silence qui expriment, volontairement, leur insatisfaction politique verront-ils leur vote passé par « pertes et profits » ? L’heure n’est-elle pas venue de faire un bilan d’étape de la loi organique n° 16-10 du 22 Dhou El Kaâda 1437 correspondant au 25 août 2016 relative au régime électoral ? La loi doit être revue pour permettre à ces derniers de s’inscrire dans une catégorie qui leur sera «spécialement» consacrée car la seule rubrique «votes nuls» est trop restrictive pour eux », note l’auteur de l’article.
Il rappelle que lors des élections de 2012, « 18,25% d’électeurs, ont fait l’effort de se déplacer pour déposer un bulletin dans l’urne, lequel bulletin a été considéré comme « nul », en vertu de l’article 52 de la loi organique n° 16-10 du 22 Dhou El Kaâda 1437 correspondant au 25 août 2016 relative au régime électoral !
Ils étaient 1704 047 électeurs à s’être déplacés : leur vote a été pourtant annulé ; autant de voix passées sous silence. Alors que si ça se trouve, un certain nombre d’entre eux, en l’absence d’un « bulletin blanc » approprié que la loi ne prévoit pas, ont, délibérément, glissé dans l’urne « une enveloppe sans bulletin ou le bulletin sans enveloppe », pour dire :
– Qu’ils ne se reconnaissent pas dans les candidats
– Qu’ils n’arrivent pas à choisir leur candidat
– Qu’ils ne voteront pas pour les sortants
– Qu’ils estiment ne pas être, suffisamment, informés des programmes des candidats
On appelle cela un « vote blanc » qui est comptabilisé dans la rubrique des suffrages exprimés dans certains pays, notamment en Europe »
La loi organique n° 16-10 du 22 Dhou El Kaâda 1437 correspondant au 25 août 2016 relative au régime électoral ne prévoyant pas la mise en place de bulletins blancs réglementaires, beaucoup d’électeurs semblent pêcher par incompétence ou, surtout se voient obligés de «parer au plus pressé» en écrivant «vote blanc» sur leur bulletin passant ainsi dans les votes nuls !
Que faut-il faire ?
Il faudrait, d’abord, lever la confusion entretenue par la loi organique n° 16-10 du 22 Dhou El Kaâda 1437 correspondant au 25 août 2016 relative au régime électoral en amendant l’article 52 pour différencier « les bulletins nuls qui ne sont pas considérés comme des suffrages exprimés lors du dépouillement, des bulletins blancs qui seront pour leur part, comptabilisés ».
En conséquence, et pour les législatives du 4 mai 2017, il faudrait mettre à la disposition de l’électeur, concomitamment aux autres bulletins des partis politiques et de leurs candidats, « un bulletin blanc spécialement confectionné ». Il conviendrait ensuite, pour afficher la pertinence du vote blanc et celle de son pourcentage, lui consacrer une colonne lors de la proclamation officielle des résultats du scrutin. »
En résumé, il est techniquement prouvé que les électeurs qui glissent dans l’urne un bulletin nul ou blanc qui sont annoncés comme faisant partie du nombre de votants mais non considérés comme des suffrages exprimés n’ont pas la même influence du point de vue politique sur l’issue d’un scrutin que les abstentionnistes.
La rédaction