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Zoubida Assoul passe la main : « Il est temps d’ouvrir une nouvelle page »

Zoubida Assoul, UCP

Figure du combat démocratique en Algérie, l’avocate et femme politique Zoubida Assoul a annoncé, jeudi, son retrait de la présidence de l’Union pour le changement et le progrès (UCP), qu’elle avait fondée et dirigée depuis sa création. Dans une déclaration empreinte d’émotion, elle a expliqué sa décision comme une étape naturelle dans un parcours marqué par la constance de ses engagements.

« Il est temps pour moi de passer le flambeau. Les responsabilités politiques doivent circuler, se renouveler, porter d’autres voix, d’autres énergies », a déclaré Assoul, soulignant que ce choix a été mûrement réfléchi.

Militante des droits humains, ancienne magistrate, Zoubida Assoul s’est imposée au fil des années comme une voix singulière dans le paysage politique algérien. Son engagement a particulièrement gagné en visibilité lors du Hirak, où elle fut l’une des rares figures politiques à défendre sans ambiguïté une transition démocratique portée par le peuple.

Dans sa déclaration, Assoul a tenu à remercier ses compagnons de route, tout en insistant sur l’importance de la relève :

« Le combat pour l’État de droit, la démocratie et la justice sociale ne s’arrête pas. Il doit être repris, nourri, prolongé par d’autres générations. »

Si elle se retire de la direction de l’UCP, elle n’a pas pour autant annoncé un retrait total de la scène publique. « Je resterai fidèle à mes convictions, disponible pour mon pays, autrement », a-t-elle précisé, laissant entendre qu’elle continuera à s’exprimer et à contribuer au débat national.

Sa décision intervient dans un contexte politique toujours verrouillé, où l’espace d’expression pour les forces d’opposition reste étroit. Pour beaucoup, ce départ marque la fin d’un chapitre, mais peut aussi ouvrir la voie à une nouvelle dynamique au sein de l’UCP, dont l’avenir immédiat dépendra de sa capacité à se réinventer.

Zoubida Assoul, qui a souvent incarné une politique de principes plus que de compromis, quitte la tête du parti avec un bilan mitigé sur le plan électoral, mais une reconnaissance indéniable quant à la clarté de ses positions.

Qui est Zoubida Assoul ?

Née à Bir El Ater (Tébessa), Zoubida Assoul est juriste de formation et ancienne magistrate.

Elle se reconvertit alors en avocate au barreau d’Alger, où elle se distingue par sa défense des libertés individuelles et des détenus d’opinion.

En 2012, elle fonde avec des militants l’Union pour le changement et le progrès (UCP), parti centriste prônant l’alternance démocratique.

Durant le Hirak, elle devient l’une des figures de la « voix politique » du mouvement, réclamant un processus constituant et une transition pacifique vers un État de droit.

Zoubida Assoul est également membre fondatrice du Pacte de l’Alternative Démocratique (PAD), regroupement de partis et d’acteurs de la société civile opposés à l’agenda électoral imposé par le pouvoir en 2019.

En 2024, elle décide de participer aux élections présidentielles mais ne parviendra pas  à dépasser le cap de la collecte des signatures qui lui permettrait  de prendre part à la course.

Aujourd’hui, elle quitte la présidence de l’UCP, mais affirme rester engagée dans la vie publique et le combat démocratique.

Samia Naït Iqbal

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