Saïda Neghza, Belkacem Sahli et Abdelhakim Hamadi, trois ex-candidats à la présidentielle viennent de se faire rembourser leurs frais de campagne comme le prévoit la loi. L’Algérie sait financer la démocratie.
Ils sont passés à la caisse, dix ans de prison. L’accusation et la condamnation pour corruption est ce que risquent les faibles lorsqu’ils ont voulu avoir l’impudence de concurrencer les dieux.
Comme Icare, les ailes de la prétention ont été brûlées à l’approche du soleil et l’ont précipité vers la mort. Lorsqu’on veut faire partie de la meute, il faut être le leader et avoir les plus crocs au risque de graves conséquences.
Etre arrêté, jugé et condamné pour corruption par un régime militaire n’a aucune signification. Que ce soit vrai ou faux, ce n’est pas les procureurs de l’Olympe qui vont vous communiquer le contenu et la véracité de l’acte d’accusation.
Ce sont des documents pré-remplis qui attendent la permission d’être adressés aux accusés. C’est un peu comme les nécrologies que préparent beaucoup de journaux pour être prêts le jour venu. Corruption ou pas, c’est sans importance, la sentence est le dernier mot.
Je ne pleurerai pas Saïda Neghza, Belkacem Sahli et Abdelhakim Hamadi. Ils ont pactisé avec le diable, ils en connaissaient les risques. Je suis un humaniste et je ne devrais pas dire cela ? Moi, je ne demande rien, je n’ai ni accusé ni condamné ni incarcéré qui que ce soit.
D’autant que je suis un très grand partisan de la liberté. Je n’interdirai jamais le bon choix des êtres humains. Ils ont misé sur le régime militaire, ils l’ont voulu, ils l’ont légitimé par leur candidature, qui suis-je pour leur interdire les jeux de hasard ?
Je crois à la rédemption des mortels sur ce monde. La prison leur servira à la profonde réflexion sur leur repentance. Ils méditeront sur le martyre qu’ils ont participé à faire subir aux centaines de militants et journalistes qui croupissement dans les geôles d’une république qu’ils ont légitimée par leur participation aux élections.
Je n’ai pas le dossier de ces trois compromis à la dictature militaire. Sont-ils coupables de corruption ou non, je m’en fiche éperdument car il ne s’agit jamais de droit dans les régimes autoritaires à l’intérieur desquels ils ont voulu pouvoir et gloire.
Pour ce qui est de leur bon droit, qu’ils s’adressent à la justice algérienne, c’est la leur, pas la nôtre.
Dix ans, c’est le terme de deux mandats présidentiels, ils pourront se représenter de nouveau s’ils ne sont pas condamnés à l’inéligibilité. Dix ans, ce n’est rien, on attend bien depuis soixante ans pour participer au vote ou à la candidature avec l’estime de soi.
Boumediene Sid Lakhdar