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100 000 cas de fraude à la dotation voyage en devises : l’État durcit les contrôles

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Le durcissement récent des conditions d’octroi de la dotation en devises pour voyage ne relève plus d’une simple révision réglementaire. Il s’inscrit dans une réponse d’urgence à une fraude d’ampleur inédite, officiellement mise au jour par les autorités.

La Banque d’Algérie (BA), à travers sa note n°01/DGIG/2025, et le gouvernement justifient désormais leurs décisions par la nécessité de contenir ce qui est décrit comme une véritable hémorragie de devises.

Une fraude massive révélée au Parlement

Devant l’Assemblée populaire nationale (APN), le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Saïd Sayoud, a dressé un tableau alarmant : près de 100 000 cas de fraude à la dotation voyage auraient été recensés en l’espace d’un mois et demi. Des chiffres qualifiés de « terrifiants », révélateurs d’un détournement systématique d’un mécanisme censé répondre à un besoin légitime des citoyens.

Selon les explications fournies, les pratiques frauduleuses reposaient essentiellement sur des déplacements fictifs ou écourtés, facilités par le tamponnage répété des passeports sans respect de la durée minimale de séjour à l’étranger. Ces opérations auraient été structurées autour de réseaux de courtiers et d’intermédiaires, avec l’implication d’agences de voyage.

Les liaisons terrestres vers la Tunisie figurent au cœur de ce dispositif. Plus de 5 000 autocars auraient été mobilisés, certains effectuant des allers-retours rapides, permettant à des voyageurs de quitter puis de réintégrer le territoire après quelques jours seulement afin de bénéficier, à répétition, de la dotation annuelle de 750 euros.

Des populations vulnérables particulièrement ciblées

Le ministre a par ailleurs souligné que les demandeurs d’emploi constituaient l’un des principaux viviers exploités par ces réseaux. Près de 100 000 personnes, dont des bénéficiaires de l’allocation chômage, auraient été impliquées, parfois sans mesurer pleinement le caractère illégal des montages auxquels elles participaient. Cette dimension sociale confère à l’affaire une portée supplémentaire, dépassant le seul enjeu financier.

La riposte de la Banque d’Algérie

C’est dans ce contexte que la Banque d’Algérie a instauré un dispositif de contrôle renforcé, visant à colmater les brèches exploitées par les fraudeurs. La note publiée le 15 décembre introduit plusieurs mesures structurantes.

D’abord, l’octroi de la dotation est désormais conditionné à la détention d’un compte bancaire domiciliataire. Cette exigence vise à renforcer la traçabilité des opérations et à appliquer plus strictement les principes de connaissance du client (KYC), en évaluant la cohérence entre le profil du demandeur et la demande de devises.

Ensuite, l’exclusion totale des paiements en espèces pour le règlement de la contrevaleur en dinars constitue un tournant majeur. En imposant des moyens de paiement scripturaux, tels que la carte CIB ou le chèque bancaire, les autorités cherchent à tarir les circuits de financement informels sur lesquels prospéraient les réseaux de courtiers.

Enfin, la sanction liée à la durée effective du séjour cible directement le cœur du système frauduleux. Tout séjour inférieur à sept jours entraînera la restitution de la dotation perçue ainsi que la perte du droit de change pour une période de cinq ans.

Maintien du droit, durcissement de l’encadrement

Le gouvernement insiste toutefois sur un point : la dotation voyage n’est pas remise en cause en tant que droit du citoyen. « Elle ne sera pas annulée, mais strictement organisée », a assuré le ministre. Dans cette logique, des mesures complémentaires ont été engagées, notamment l’obligation d’autorisations préalables pour les autocars d’agences de voyage opérant aux frontières. Selon les autorités, ces contrôles ont déjà permis de révéler des manquements graves, certaines agences étant incapables de justifier la prise en charge de voyageurs en difficulté à l’étranger.

Un tournant dans la gestion des devises

L’offensive conjointe de la Banque d’Algérie et des pouvoirs publics marque un tournant dans la gestion de l’allocation devises. Au-delà de la lutte contre la fraude, elle traduit une volonté plus large d’assainir le marché des devises et de préserver des réserves nationales mises sous pression par des pratiques devenues industrielles. Reste à savoir si ce dispositif, aussi rigoureux soit-il, parviendra à endiguer durablement des réseaux qui ont démontré une capacité d’adaptation rapide.

Sofiane Ayache

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