À la veille de la nouvelle année 1993, la reine Elizabeth formulait ses vœux au royaume avec une expression latine devenue dorénavant célèbre « La nouvelle année ne sera pas un annus horribilis comme la précédente ». Et pourtant, quelle insignifiance que l’annonce du divorce de Charles et Diana suivi de l’incendie qui avait dévasté le château de Windsor.
Pour les Algériens, l’année sera celle de la pire des tyrannies s’il pouvait y en avoir, une de plus forte que toutes les décennies passées.
Désormais Abdelmadjid Tebboune nous avait envoyé sa carte de vœux, nous aurions dû bien la lire.
De la terreur sourde à la répression massive, visible et assumée
Le régime du sinistre règne du colonel Houari Boumédiene n’avait jamais été contesté ouvertement pour qu’il y ait une violence générale et visible. La violence d’Etat était féroce mais elle n’avait pas besoin de le montrer ostentatoirement pour susciter la crainte et le silence.
L’ouverture inévitable au monde, la formation à la démocratie de beaucoup et une organisation un peu plus viable de rares partis politiques ont ouvert les yeux de nombreux Algériens et les choses ne se sont plus passées de la même manière. Abdelmadjid Tebboune n’a aucun autre choix que la violence visible et assumée.
La tyrannie d’Abdelmadjid Tebboune, née en 2019 en plein manifestations du Hirak, va atteindre des sommets en 2024 par une violence d’Etat contre l’opposition, les journalistes et les intellectuels qui avaient osé commettre un sacrilège, le Hirak.
Abdelmadjid Tebboune n’avait pas seulement l’objectif de remettre en place l’ordre militaro-policier, il voulait une vengeance. C’est manifeste.
2024, la liberté foulée aux pieds comme jamais
La lecture des rapports des principales organisations mondiales de défense des droits de l’homme avait tous les ans relevé les graves dérives du régime algérien. Ceux d’Amnesty International, de Human Rights Watch ou de la Fédération internationale, des Ligues des droits de l’homme, de Riposte internationale, entre d’autres, le constat est encore plus édifiant en 2024 qu’il ne l’était auparavant.
Nous éviterons de citer les rapports du Conseil des droits de l’homme des Nations unies tant cette organisation, « ce machin » disait le général de Gaulle, est discrédité au plus haut point. L’Algérie est élue membre de ce conseil des droits de l’homme. Il y a des rires qui étouffent.
Au-delà de cette pantalonnade particulière, les rapports successifs des organisations sérieuses glacent le sang en 2024.
Restrictions de la liberté d’expression et de réunion pacifique : Arrestations de journalistes et d’activistes, censure des médias, dissolution d’associations.
Harcèlement judiciaire : Utilisation abusive de la justice, détention provisoire prolongée, violations des droits des détenus, conditions de détention difficiles, torture et mauvais traitements.
Les questions liées au Hirak : Poursuites judiciaires des manifestants, répression du mouvement.
Il convient maintenant d’examiner l’outil de mise en œuvre de toutes les dérives précédemment mentionnées, soit le code pénal réformé en 2024. Un code pénal dans une dictature n’a aucune signification sinon de donner bonne conscience aux juges mais reflète l’état de violence d’un régime qui s’enfonce davantage dans l’abomination.
2024, un code pénal affûté comme la lame d’un sabre
Nous l’avons dit, tous les griefs qu’on peut reprocher à Abdelmadjid Tebboune ne sont pas uniquement le fait de l’année 2024. Mais dans celle-ci, le renforcement des dispositifs du code pénal atteint un niveau de délire inouï.
Pour beaucoup d’entre nous, nous avons un livre de chevet, pour Abdelmadjid c’est le code pénal. Il l’avait déjà modifié dans le sens d’une plus grande restriction, il ne pouvait s’empêcher d’y revenir en 2024 pour l’améliorer.
Voici un résumé de son œuvre.
Sécurisation de l’État et de l’unité nationale: Incrimination de la diffusion de « fausses informations » désormais passible de peines d’emprisonnement et d’amendes. Protection des symboles de la révolution, comme le drapeau. Limitation de la liberté d’expression, encore plus fortement.
Protection de l’ordre public : répression des manifestations non autorisées. Renforcement des pouvoirs de la police. Lutte contre la corruption: Alourdissement des sanctions. Élargissement du champ des infractions.
Je laisse la joie au lecteur de lire un échantillon avec les articles 63 bis, 87 bis, 96, 144, 146 et 149 bis pour échantillon si nous nous en tenons à ceux qui sont les plus cités par les organisations internationales des droits de l’homme.
Mais ce qui est à noter, réaffirmé chaque année par les rapports de ces organisations internationales, à fortiori encore plus fortement pour la réforme du code pénal en 2024, est l’extrême flou juridique des termes comme celui de terrorisme. Ces organisations, ainsi que les principes du droit, savent combien l’arbitraire peut se loger dans le flou. Il existait déjà auparavant, il est encore plus opaque avec la réforme de 2024.
2024, le sacre du tsar Vladimir Tebboune
Au tyran, il ne manquait qu’un sacre pour couronner 2024. Ce ne sera pas à la Cathédrale de Reims comme les monarques français mais dans les urnes. L’empereur a besoin de l’hommage du peuple agenouillé à son passage.
Il se doit entièrement à lui, Dieu lui en a donné mission pour le protéger et le conduire vers les routes du ciel. Ce sera par l’élection présidentielle que l’empereur sera oint et obtiendra la bénédiction de son peuple.
Prenant exemple sur Vladimir Poutine, il aura deux prétendants concurrents qui seront, comme pour Jésus Christ, les témoins sur la croix de sa montée au ciel.
2024, la bonté clémente du tsar
Comme tout monarque, il se devait de gracier les manants du royaume qui ont osé défier son autorité. Plus de deux cent prisonniers politiques bénéficieront de la haute clémence d’Abdelmadjid Tebboune.
Sa cécité et sa surdité ne peuvent lui faire comprendre que s’il en libère un train entier c’est que le Tsar de l’Atlas les avait emprisonnés.
En conclusion de cette année 2024, nous attendons avec impatience les vœux pour 2025 qui nous promettront certainement un nouveau code pénal comme d’autres attendent annuellement la sortie du guide Michelin.
La similitude est dans le rouge de la couverture, celle de la carte des vins pour ce dernier, celle du sang et des larmes pour le premier.
Boumediene Sid Lakhdar
Moi j’attends que natanyahu vienne lui mettre un bouchon qu’il arrete de hazguer sur le monde. Et je n’aurais jamais cru que j’ecrirais une chose pareil, mais vive bouteflika qui lui a parfaitement signifier « Ally Kewad, rouh takhra ailleur ! »