23 novembre 2024
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38e Marche : Croyance versus volonté et des questions

DISSIDENCE CITOYENNE

38e Marche : Croyance versus volonté et des questions

Les averses de la matinée de ce vendreedi 8 novembre n’ont pas découragé pas les manifestants. Ils sont arrivés progressivement, de toutes parts, dès 13 heures  pour atteindre à la fin de cet après-midi un nombre particulièrement impressionnant.

La majorité est plutôt masculine pluie (echta) et préparation de la cérémonie du mawlid ennabaoui rechta (pâtes traditionnelles cuisinées la veille de l’anniversaire de la naissance du prophète) exigent. 

Les voitures de police sont moins nombreuses et les forces de sécurité se font plus discrètes. Postés le long des trottoirs, ils observent les marcheurs sans laisser paraître le moindre signe d’émotion.

Habituellement détendus, les Algérois entament leur marche avec une hargne plus ou moins perceptible. Ils répondent, en hurlant jusqu’aux cieux, au discours ahurissant du chef d’état-major qui les a affublés de « 3issaba » (gang) pour avoir réclamé un Etat civil : « dawla madania machi 3askaria » i.e. Etat civil et pas militaire ou encore ce peuple ne désire pas de nouveau un pouvoir militaire.

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Ils s’en prennent de nouveau aux généraux et concoctent une nouvelle chansonnette pour leur chef : Gaïd Salah trouh ezkara matihanash cheguevara, hna machi biya3in, 3assima bab el hara i.e Gaid Salah tu partiras malgré toi, ne te prends pas pour Che Guevara, nous ne sommes pas des vendus, la capitale est la porte des hommes libres.

Ils réitèrent leur refus des élections, en cette année 2019, dans de telles conditions et avec les chefs actuels de l’exécutif. Ils hurlent « ouallah manvoti hata tarahlou » i.e. je jure que je ne voterai qu’après votre départ ou encore « liyvoté khain watani i.e. celui qui vote est un traitre à la nation.

Ils exigent la libération des détenus qu’ils qualifient d’otages et hurlent : « Libérez Bouragâa ».

Ils marquent une halte au niveau de l’entrée de la faculté et font une minute de silence pour les trois militaires morts lors d’une opération à Tipasa. Ils scandent à leur intention : « zaoualia rabi yarhamhoum » i.e. que Dieu accorde sa grâce aux démunis.

Arrivés au niveau d’un balcon, rue Mourad-Didouche, sur lequel est juché l’animateur à la casserole, adulé par les manifestants et désormais faisant partie intégrante de la manifestation du vendredi, ils chantent en cœur avec lui leurs désirs : « Talbin talbin elhouria, inchallah edour ena3oura, ounahouhoum ezkara, hna ouled amirouche marche arriere manwalouch » i.e. nous sommes en quête de liberté, si dieu le veut la roue tournera, on les enlèvera malgré eux, nous sommes les enfants d’Amirouche » (colonel héros de la guerre de libération) et nous ne reviendrons pas en marche arrière.

Les marcheurs se savent esseulés. Les volte-face survenues, la semaine écoulée, du Syndicat des magistrats et de celui des banques publiques n’ont fait que les conforter dans leurs convictions. Ils n’ont nul besoin de représentants. Bien au contraire c’est l’un de leur atout majeur. Les occidentaux et leurs médias feignent d’ignorer leur combat et les boudent : ils le savent et l’assument. Ils croient en une issue heureuse de la  protesta, à une Algérie libre et démocratique, à un pouvoir civil, à un avenir meilleur. Comme disait le poète latin Virgile : ils peuvent parce qu’ils croient pouvoir.

D’un autre côté, le pouvoir soutenu par certains pays, parmi lesquelles figure l’ex-empire coloniale dont la mainmise sur le continent africain est sérieusement remise en cause, tient absolument à sa parodie électorale. Le jusqu’auboutisme affiché déclaré et télévisé du chef des armées en est la preuve. Il tonne que les élections doivent se dérouler selon ses conditions et son calendrier et qu’elles se feront : c’est sa volonté et celle de son état-major.

Quelles en seront les conséquences ?  Les élections se tiendront-elles ? La campagne électorale pourra-t-elle se faire dans un tel climat de rupture totale entre le peuple et le pouvoir ? Si oui, dans quelles conditions ? Si un président est « élu », quelle sera sa marge de manœuvre ? Pourrait-il exercer sa fonction ?

Les marcheurs laisseront ils faire car le mouvement ne fait que se renforcer ? Et sa détermination reste inébranlable. Alors des troubles ne sont-ils pas susceptibles d’éclater ? Quel prix les Algériens devront-ils encore payer pour enfin arracher cette indépendance totale tant réclamée ?

Auteur
Djalal Larabi

 




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