Mardi 9 juillet 2019
70 ans après la crise dite « berbériste » : bis repetita !!!
Bennaï Ouali et Amar Aït Hamouda, deux grands militants de la cause amazighe.
Soixante-dix ans se sont écoulés depuis ce qui a été désigné comme « la crise berbériste » où en sommes-nous depuis ? Qu’est-ce qui a fondamentalement changé ?
Ces questions et bien d’autres se posent hier comme aujourd’hui, à différentes générations non sans une certaine complexité. Par-delà sa réalité anthropologique le fait Amazigh est devenu tantôt une question, tantôt une problématique pour le réduire une dimension de l’identité nationale. Ce dernier qualificatif s’inscrivant dans une vision réductrice, non dénuée d’arrière-pensée quant à son objectif inavoué qui reste celui de la pensée jacobine et néo-jacobine de pousser le curseur de la folklorisation.
Ce qui s’est passé en 1949 mérite plus qu’une simple instrumentalisation à posteriori de cette séquence historique, les tenants du jacobinisme du PPA ont totalement occulté la dimension nationaliste des militants qui ont en de multiples occasions interpelé leur direction, ils furent présentés comme des agents pro-français. En clair, en guise de réponse à un problème politiquement posé, on leur a opposée une campagne de dénigrement qui à cette époque ouvrait la voie à une peine de mort en sursis, force est de constater que cette sentence fut exécutée bien plus tard. Ce qui, dans l’imaginaire collectif, assimilait le fait d’être désigné berbériste à une forme de trahison nationale.
Les rapports de forces à l’intérieur des organes de la révolution par la suite n’ont cessé de chercher des points d’équilibre avec comme point de basculement la proximité ou non avec ces milieux à la fois nationaliste et qui assumaient fièrement leur appartenance régionale.
Ce double chapitre de l’histoire de l’Algérie et de son mouvement national reste à écrire tant il déchaîne encore des crispations et nourrit des fantasmes.
Faire de la Kabylie une variable d’ajustement politique a été et est toujours une des constantes majeures du système algérien.
En effet à chaque mutation majeur de celui ci cette région fortement politisée devient son laboratoire de prédilection qui lui permet de sonner le tocsin de la main étrangère et même de souffler dans les oripeaux du néo-colonialisme.
Cette constante nous la retrouvons aujourd’hui chez le général Gaïd Salah et de son entourage qui se traduit par sa fetwa à l’encontre du drapeau amazigh et certains plumitifs, à l’image de Benzatat qui n’hésite pas à accuser “les berbéristes “ de vouloir casser la révolution de 2019 .
La cohérence des deux discours est totale du fait de leurs symbiose, en droite ligne idéologique du régime et ses ramifications. Il suffit de substituer 2019 par 1949 on trouvera les même éléments de langage répondant aux mêmes exigences jacobines confessionnalisation panarabiste et badissienne qui se rejoignent dans cette matrice idéologique qui ethnicise à outrance l’Algérie confessionalisé son Etat sur le plan constitutionnel.
Les coups de boutoir du régime et de ses affidés à l’encontre de la révolution de 2019 rappellent ceux de la France coloniale à l’égard des acteurs majeurs de 1954. Cependant à chaque fois, aux grand désespoir des agitateurs de tout acabit, ils produisent le contraire de l’effet escompté, le renforcement de cette révolution, la galvanisation des convictions des militants et des citoyen et pour une fois une prise de conscience de la dimension historique de cette séquence et son importance pour le suite de la reconstruction nationale .
Les contradictions du régime inhérent à sa nature même ont sonné son glas, et ce ne sera ni les éructations d’un pouvoir aux abois ni les plumes des nervis de ce dernier qui au mieux, à l’image des prêtres, lui donneront l’extrême onction, ne pourront arrêter l’avancée inexorable de notre révolution avec comme objectif l’instauration d’un véritable Etat démocratique en totale rupture avec celui qui a tout confisqué depuis l’indépendance.