Durant quatre jours, du lundi 5 août 2024 au jeudi 8 du même mois, Tifilkout a vécu au rythme des festivités des 8èmes journées théâtrales dédiées au dramaturge Boubekeur Makhoukh, natif de ce village de montagne, situé à quelque 60 km, au sud-est de Tizi Ouzou.
Par la grâce des représentations théâtrales inscrites au programme de ce rendez-vous du 4e art, la place du village a pris les contours d’un grand tréteaux nocturne à ciel ouvert, au bonheur du nombreux public constitué des habitants de Tifilkout et de ses invités.
De nombreuses animations ont été organisées, en accompagnement des spectacles présentés par des troupes venues des wilayas de Souk-Ahras, Bejaia, Setif, Alger, Oran, Khenchela, Bouira et Tizi-Ouzou et qui se sont reliées sur la scène installée sur la place centrale de Tifilkout, à raison de deux représentations par soir à 21heures et 23 heures).
Ainsi, Azzouz Abdelkader de Tamanrasset a animé des ateliers de techniques de jeux (actorat). Un atelier portant sur la conception et la manipulation de marionnettes 1er degré a été coaché par Yacine Tounsi de Constantine.
Ali Nordjai de Bouira a, quant à lui, animé un cours sur l’écriture dramatique. Le comédien Tayeb Bouamar de Tizi-Ouzou a fait des démonstrations sur les techniques du récit (contes-timuchuha).
Diverses activités (expositions, ateliers et lectures de textes dramaturgiques, des animations poétiques ainsi que des ventes d’objets traditionnels et de produits du terroir à travers les ruelles du village ont, également, marqué ces journées organisées par l’association portant le nom du défunt dramaturge.
La cérémonie d’ouverture s’est déroulée dans la soirée de lundi à mardi en présence de noms connus du cinéma et du théâtre algérien chaleureusement acclamés par l’assistance.
L’occasion a donné lieu à des hommages rendu, au défunt dramaturge, Boubekeur Makhoukh, ainsi qu’à l’homme de théâtre, membre de la troupe théâtrale Debza (Le poing) fondée par l’écrivain et dramaturge Kateb Yacine, Marzouk Hamiane disparu, il y a peu de temps.
La cérémonie a été marquée par l’exposition du Théâtre national algérien Mehieddine-Bachtarzi (TNA) qui a permis au public de redécouvrir les grands moments qui ont marqué les scènes de cette prestigieuse institution.
A travers les affiches des principales pièces produites par le TNA et dans lesquelles avait joué le défunt Boubekeur Makhoukh, ses costumes, les éléments du décor, et autres photos, l’exposition est un clin d’oeil à tous les artistes qui ont appartenu au TNA ainsi qu’à la mémoire de Boubekeur Makhoukh, figure emblématique du théâtrale algerien.
Lancé en 1999, ce rendez-vous culturel en hommage au dramaturge Boubekeur Makhoukh, tend à perpétuer « l’amour et l’esprit théâtral qui a toujours prévalu au village et aussi maintenir vivant ce grand nom du théâtre national », déclare Madjid Naït Lhadj, de l’association organisatrice, dans une déclaration à la presse.
Né en 1954 et décédé en 1998, Boubekeur Makhoukh a passé l’essentiel de sa vie à Annaba, où il a dirigé le théâtre régional local.
Utilisant plusieurs langues, tamazight, l’arabe dialectal, l’anglais, le français et l’italien dans ses œuvres, Makhoukh a adapté et interprété diverses œuvres, dont « Les Mercenaires » de Lâadi Flici, « Clando Bazar » de Hamid Goudarzi (de l’arabe vers le français) et le roman « Le Roi des bons » de Henriette Bichonnier.
Il était, également, connu pour ses nombreuses productions et adaptations dont « Hafila tassir », « Ghabou lefkar », « Echouhada yaoudon hadha El ousboua » (Les martyrs reviennent cette semaine), « Ayoub », « Nouba fi el Andalouss ».
Sa dernière œuvre a été la traduction de tamazight vers l’arabe de la pièce de Mohya « Sin-nni » (Ces deux-là) en 1996.
Samia Naït Iqbal