La tension monte encore d’un cran en Cisjordanie. Le président israélien Isaac Herzog a «condamné fermement» jeudi 15 août, dans la soirée, une attaque de colons juifs ayant eu lieu un peu plus tôt contre un village palestinien situé dans le nord du territoire occupé.
Dans un message publié sur X (ex-Twitter), le président israélien a qualifié de «pogrom» ces violences ayant fait un mort et un blessé grave, selon l’Autorité palestinienne.
«Des colons armés ont attaqué le village de Jit, incendiant plusieurs véhicules», a rapporté l’agence de presse officielle palestinienne, Wafa. Vers 20 heures, «des dizaines de civils israéliens, dont certains masqués, [sont] entrés dans […] Jit, [ont] incendié des véhicules et des infrastructures dans la zone, et lancé des pierres et des cocktails Molotov», a rapporté le porte-parole de l’armée israélienne.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a condamné, vendredi 16 août, «dans les termes les plus fermes» l’attaque «abjecte» de colons juifs la veille sur un village en Cisjordanie occupée. «Les images de cette nuit de bâtiments incendiés, de cocktails Molotov jetés sur des voitures (…), de gens poursuivis pour être sortis de chez eux sont abjectes», a-t-il dit à Jérusalem, aux côtés de ses homologues français et israélien, relate l’AFP.
Jeudi soir, des dizaines de colons israéliens ont attaqué un village palestinien près de la ville de Qalqilya, en Cisjordanie occupée, rapporte Rfi. Plus précisément, l’attaque s’est déroulée dans la localité de Jit, entre les villes de Naplouse et Qalqilya, selon le ministère de la Santé palestinien. Parmi les victimes, un mort par balle, un autre a été blessé grièvement par un tir à la poitrine. Le village pleure Rashid Sidi, 23 ans. Son frère, Hussan Mahmoud, est sous le choc : « Il a reçu une balle dans le cœur ou dans le ventre. Mon cœur à moi est brisé ».
« Ils ont commencé à tirer sur les jeunes »
Ali Yamon est sorti avec d’autres jeunes dans la soirée, quand les colons armés et encagoulés ont débarqué. « On était dans nos maisons, on a entendu des appels à la mosquée, il y avait des attaques de colons, ils brûlaient des maisons, des voitures, détaille le jeune homme. Ils ont commencé à tirer sur les jeunes, le martyr est tombé alors qu’il n’avait rien fait. On était parti éteindre les incendies, pas pour les affronter ».
Des images diffusées sur les réseaux sociaux montraient des véhicules et des maisons en feu après les attaques. En écho, un vieil homme crie sa colère : « On devrait faire comme à la première intifada, que les colons ne nous approchent pas, à moins d’être protégés par l’armée ».
Envoyés sur les lieux, des soldats et des membres de la police aux frontières «ont évacué les civils israéliens de la ville», a ajouté le porte-parole, précisant qu’«un civil israélien ayant pris part à la violente émeute [avait] été appréhendé et transféré à la police israélienne pour un interrogatoire».
Selon le ministère de la Santé palestinien, l’attaque, ayant visé la localité de Jit, entre les villes de Naplouse et Qalqilya, a fait un mort, Mahmoud Abdel Qader Sadda, âgé de 23 ans, tué par «les balles de colons». Un autre Palestinien a été blessé grièvement par un tir à la poitrine, ajoute le ministère.
«Il s’agit d’une minorité extrémiste qui porte préjudice à la population des colons respectueux des lois, à la colonisation dans son ensemble, et à [la réputation] d’Israël dans le monde, pendant une période particulièrement sensible et difficile», a réagi Isaac Herzog. «Les forces de l’ordre doivent agir immédiatement contre ce phénomène grave et traduire les contrevenants en justice», a ajouté le président, dont le rôle est surtout protocolaire en Israël.
Mohamed Sidi, lui, salue les réactions des dirigeants israéliens qui ont condamné l’attaque. « C’est la première fois franchement que responsables les israéliens condamnent les attaques, car ils savent bien que ce village est tranquille. Moi, je trouve ça bien ». L’armée israélienne a assuré que la police et des unités de l’armée étaient intervenues et qu’un Israélien avait été interpellé. « Les personnes ayant commis des infractions seront interpellées et jugées », a déclaré le cabinet du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. Selon le maire de Jit, ce village tranquille n’a jamais créé de problèmes aux colons.
«Les attaques par des colons violents contre des civils palestiniens en Cisjordanie sont inacceptables et doivent cesser», a martelé dans un communiqué un porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, organe rattaché à la Maison Blanche. Il a également exhorté les autorités israéliennes à prendre les mesures nécessaires pour «protéger toutes les communautés». «Cela comprend d’intervenir pour mettre fin à de telles violences, et de faire rendre des comptes aux auteurs de telles violences», a-t-il ajouté.
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a annoncé ce vendredi qu’il entendait proposer des sanctions contre des responsables israéliens en réponse aux attaques de colons juifs en Cisjordanie occupée «dans une impunité quasi-totale». «Le gouvernement israélien doit immédiatement mettre un terme à ces actes inacceptables», a exhorté Josep Borrell sur X. «Je confirme mon intention de mettre sur la table une proposition de sanctions de l’UE contre ceux qui rendent possibles les actes de ces colons violents, y compris certains membres du gouvernement israélien», a-t-il ajouté.
Une annexion en perspective
Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou «prend au sérieux les émeutes qui ont eu lieu ce soir dans le village de Jit», a souligné jeudi soir un communiqué de son bureau, assurant que «les responsables de tout acte criminel seront arrêtés et poursuivis en justice». Chef du Likoud, le grand parti de la droite israélienne, Nétanyahou gouverne depuis décembre 2022 avec l’appui de partis d’extrême droite, prônant l’extension de la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée, et même l’annexion pure et simple de l’intégralité de ce territoire palestinien qu’Israël occupe depuis 1967.
«Les émeutiers de ce soir à Jit n’ont rien à voir avec la colonisation et les colons», a nié pour sa part le ministre des Finances Bezalel Smotrich (dirigeant du Mafdal, parti d’extrême droite), grand architecte de l’extension de la colonisation juive en Cisjordanie observée depuis décembre 2022, et tout spécialement depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza.
«Ce sont des criminels qui doivent être traités par les autorités chargées du maintien de l’ordre public et avec toute la sévérité de la loi», a-t-il cyniquement ajouté.
«Il ne s’agit pas d’une minorité extrémiste et d’un problème mineur, mais d’un groupe violent qui bénéficie d’un énorme soutien de la part du gouvernement», a rétorqué l’opposant Yaïr Golan, cité dans le média israélien Haaretz. Le ministère palestinien des Affaires étrangères a même qualifié ce vendredi l’attaque de colons juifs sur un village palestinien de Cisjordanie occupée de «terrorisme d’Etat organisé».
L’entreprise de colonisation israélienne en Cisjordanie est régulièrement dénoncée comme une violation du droit international par l’ONU, qui y voit un des obstacles majeurs à l’établissement d’une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens.
Depuis le début de la guerre à Gaza, il y a eu 40 000 morts dans cette enclave. Les meurtres contre les Palestiniens ont aussi flambé en Cisjordanie. Au moins 633 Palestiniens y ont été tués par l’armée israélienne ou des colons, qui agissent sans retenus ni crainte, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles palestiniennes, et au moins 18 Israéliens parmi lesquels des soldats dans des attaques palestiniennes ou lors d’opérations de l’armée en zone autonome palestinienne, selon les données officielles israéliennes.
Avec AFP/RFI
Au meme moment, tout va bien en Lybie et dans l’Azawad, sous un doux soleil au bord de piscines a perte de vue…
il y a eu une scène hallucinante où on voit des colons blonds voler des moutons à des bergers palestiniens!!!