22 novembre 2024
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Algérie, la tragédie du silence

Il est des pays où le silence est une tragédie. Et l’Algérie, sous le joug de ceux qui se succèdent au pouvoir, en est le plus triste exemple. Tebboune a encore parlé hier samedi. Pendant ce temps, le peuple et l’opposition sont réduits au silence et sommés de se taire.

Le silence, imposé par la répression, devient une ombre mortelle qui engloutit les vérités et étouffe les espoirs. Il y a ceux qui parlent, certes, mais à quel prix ? Ceux qui disent les choses telles qu’elles sont, qui dénoncent la corruption, les abus, le népotisme, finissent dans les geôles de l’État ou contraints à l’exil, comme nous l’avons vu trop souvent dans l’histoire récente du pays.

Le régime d’Abdelmadjid Tebboune ne fait pas exception. Plus de 200 prisonniers d’opinion, des dizaines de citoyens placés sous surveillance et sous interdiction de quitter le territoire national (même d’anciens hauts responsables sont soumis à cet arbitaire).

En effet, derrière la façade d’un homme présenté comme le « renouveau » de l’Algérie, on retrouve les mêmes rouages d’un système grabataire, héritier direct de cette longue tradition d’abus et de trahisons. La rencontre récente entre Tebboune et la presse ne fut qu’une pièce supplémentaire dans le théâtre de l’absurde où les mensonges du pouvoir sont glorifiés et où l’indépendance des médias est mise à mal.

Les journalistes conviés à cette mascarade ont peut-être cru, un instant, qu’ils pourraient jouer leur rôle. Mais il ne s’agissait là que d’un simulacre, d’une énième tentative de maquiller un régime en décomposition avancée, incapable de se réformer ou d’entendre les cris de ceux qui demandent justice. 

L’une des meilleures illustrations de sa sénéscence est sans nul doute l’âge des dirigeants : Tebboune (79 ans), le général-major Saïd Chanegriha (79 ans), le général Benali Benali (94 ans), Salah Goudjil (93 ans)…

Tebboune : l’art de la supercherie

Le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune est à la tête d’un État qui se maintient par la ruse, la répression et l’intimidation, comme l’avait si bien décrit Mohamed Benchicou dans ses écrits. Son ascension, loin d’être le fruit d’un vote populaire légitime, est plutôt l’œuvre de ces décideurs cachés, ces généraux qui tiennent les ficelles et orchestrent les jeux du pouvoir à leur avantage.

Dans le discours officiel, Tebboune se présente comme le réformateur, le rassembleur, mais les Algériens savent bien que ce vernis craque de toutes parts. Derrière ce masque de respectabilité se cache un président isolé, déconnecté des réalités et dépendant de l’appareil militaire pour conserver une quelconque autorité. La dernière présidentielle avec un taux de participation qui ne dépasse pas les 20% selon certains observateurs, a montré l’impopularité de Tebboune.

Cette illusion de renouveau est, en réalité, une imposture bien rodée. Et comme Benchicou l’a si souvent souligné dans ses dénonciations des régimes algériens, il n’y a pas de place pour l’indulgence face à de telles manœuvres. Tebboune, comme ceux qui l’ont précédé, se targue de servir le peuple, mais il n’est que l’auxiliaire docile de ceux qui manipulent l’Algérie depuis des décennies, transformant la République en une caricature grotesque.

La presse muselée, la voix des lâches

La presse algérienne, autrefois vivante et vibrante, s’est peu à peu transformée en une institution asservie, où les rares voix dissonantes sont réprimées ou réduites au silence. Il est loin le temps où les journalistes osaient encore défier le pouvoir ouvertement. Aujourd’hui, les quelques courageux qui continuent à dénoncer les abus de ce régime corrompu se retrouvent rapidement confrontés à la censure, aux menaces, et à l’incarcération. Ceux qui résistent le font au prix de leur liberté, car critiquer ce régime, c’est signer son arrêt de mort sociale, voire pire.

Mohamed Benchicou le disait avec une précision chirurgicale : « Ils veulent une presse aux ordres, une presse qui flatte et qui encense, une presse qui ne dérange pas, et surtout, une presse qui détourne le regard des véritables enjeux. » Et c’est exactement ce qu’ils ont réussi à créer. Ceux qui osent encore écrire sur la corruption, les droits bafoués, ou les affaires scabreuses, comme celle des milliards évaporés de Khalifa, sont perçus comme des ennemis de la nation. Ils sont traqués et emprisonnés. La vérité n’est pas bonne à dire aux Algériens, surtout quand elle remet en cause les dirigeants.

Un avenir en suspens, pris en otage

Le peuple algérien, ce peuple qui a bravé la peur pour descendre dans les rues lors du Hirak/tanekra, continue de vivre dans l’ombre de ce régime oppressif. Chaque jour qui passe sans que justice ne soit rendue, sans que les véritables réformes ne soient mises en œuvre, est un jour de plus où le destin de l’Algérie est pris en otage. Tebboune, comme les marionnettistes qui le tiennent en place, cherche à gagner du temps, espérant que la lassitude finira par faire taire le peuple.

Mais la jeunesse algérienne, elle, ne se résigne pas. Cette jeunesse connectée, instruite, qui a soif de démocratie et de justice, refuse d’abandonner l’espoir. Ils savent que leur avenir ne doit pas être confisqué par une poignée d’individus corrompus. Ils savent que l’Algérie mérite mieux que d’être gouvernée par des vieillards coupés de la réalité, nourris d’un pouvoir factice et obsédés par la préservation de leurs privilèges.

Le spectre de la répression toujours présent

L’histoire de l’Algérie est marquée par la répression, comme un fantôme qui refuse de disparaître. C’est l’ADN même du régime algérien et celui de tout pouvoir autoritaire.

Que ce soit sous Bouteflika ou aujourd’hui sous Tebboune, la méthode reste la même : réprimer, intimider, faire taire. Les jeunes qui protestent, les journalistes qui exposent, les militants qui s’organisent, tous sont confrontés à une machine répressive implacable. « La vengeance est leur style de gestion », écrivait Benchicou en parlant de Bouteflika, et cette observation est tout aussi valable aujourd’hui.

Jusqu’à quand la digue policière va-t-elle tenir ? Quels sont les derniers ressorts de l’opposition pour relever la tête et arrêter la machine infernale qui broie les Algériens ?

Où est donc l’espoir ? sommes-nous tentés de nous interroger. L’espoir réside dans ce refus obstiné du peuple algérien à se soumettre. Il est dans chaque manifestation, chaque article dénonçant les abus, chaque appel à la justice. C’est cette révolte silencieuse qui finira par éclater, car il ne peut en être autrement dans un pays où la dignité a été tant de fois piétinée.

La rédaction

3 Commentaires

  1. Citation: « Dans le discours officiel, Tebboune se présente comme le réformateur, le rassembleur, mais les Algériens savent bien que ce vernis craque de toutes parts.

    Loin, tres loin de ce bourbier que j’ai connu de pres dans ma jeunesse et suivi a distance depuis – j’ai maintes fois essaye’, dans mon distant silence, d’etre objectif. D’analyser a distance. De poser les parametres de la situation tels qu’ils sont et non tels qu’ils pourraient ou devraient etre. Et je me suis pose’ ces questions – que je repose maintenant:

    1. Les decideurs, quiconque soient-ils, evaluent-ils la situation du pays qu’ils ont naviguent?
    Reponse: Oui.

    2. Ont-ils et essayent-ils de corriger les manieres et moyens de naviguer?
    Reponse: Oui

    3. Ont-ils jamais essaye’ de changer de vision et de cape/destination?
    Reponse: Non.

    J’arrive a la conclusion suivante:

    Pour commencer l’ordre de ces questions est certes le mauvais pour eux, mais tout a fait correct pour moi. Eux doivent proceder dans l’ordre inverse, mais moi comme observateur, dois suivre l’ordre de ce qui m’est visible.

    Le NIET que je conclus en (3.) decoule des reponses de 2 questions precedantes. Les OUIs aux 2 1eres questions se doit d’aboutir a un OUI a la 3eme et la conclusion que les questions qu’ils se seraient pose’es etaient les bonnes et les reponses approprie’s. On ne peut alors que constater le MEPRIS TOTAL ENVERS LES POPULATIONS, en posant une question et repondant, dans l’action, a une autre. Un tel example est la creation de cette boite noire ANIE – pour des elections transparentes et qui livre une opacite’ aberrante.

    Pour oser une telle insulte envers une population, il faut vraiment etre convaincu de ne pas en faire partie. Cela confirme la guerre continue, depuis pres d’un siecle maintenant, de tout ce qui constitue l’Identite’ de cette population – dans laquelle ILS NE SE RECONNAISSENT TOUT SIMPLEMENT PAS !

  2. En Algérie, il n’y a qu’un problème et personne ne veut en parler y compris le Matin pour qui j’ai beaucoup de respect.
    Pour être court, le problème est l’armée. Cette armée que certains, journalistes et quelques opposants démocrates (?) nous présentent comme la seule institution républicaine encore debout. Il n’en ait rien. C’est l’institution la plus archaïque qui puisse exister sur cette pauvre Terre nommée Algérie.
    Tout soulèvement ou révolte qui ne s’attaque pas à cette engeance à la casquette est voué à l’échec.

  3. La raison toute simple de ce silence et du laisser faire par le peuple qui laisse ce pouvoir inculte et médiocre continuer à appliquer la gestion de la terre brulée dans ce pays, c’est parce que en réalité, il y’a deux peuples distincts en Algérie. Le peuple kabyle qui n’a jamais arrêté et qui n’arrêtera jamais de lutter pour sa survie et sa liberté, et le peuple amorphe qui se considère arabe ou bien que le régime fasciste et rasciste d’Alger a persuadé qu’il est arabe, et par conséquent, se croit donc à tort ou à raison qu’ il est du coté du pouvoir. Ce peuple croit donc que malgrès toutes les dérives et la très mauvaise gestion de ce régime, n’a pas à se lever, car le régime l’a endoctriné et persuadé, que l’ennemi et le kabyle qu’il faut par conséquent exterminer. Le régime a très bien su appliqué la règle de diviser pour régner. Voilà, le peuple arabe algérien ne se lèvera donc pas pour réclamer une bonne gestion ou la liberté. Le peuple algérien restera sous le joug de l’armée, comme le sont d’ailleurs tous les pays arabes. Il ne reste donc qu’une solution pour que la paix puisse exister dans ce pays, c’est, soit négocier et laisser le gouvernement kabyle gérer ses propres affaires pour que ce régime corrompu, raciste et fasciste continue, ou continuer à nier les revendications kabyles au risque très probable de diriger l’Algérie vers la catastrophe. Ce n’est pas avec le médiocre et minable changriha, que ce pays réussira à protéger et défendre le pays. Ce n’est pas non plus avec le médiocre Teboune que le pays se sortira du marasme économique et social que les algériens s’en sortiront. Il me semble que 4 ans de gestion catastrophiques ont déjà montré l’étendue de la médiocrité de cet énergumen. Alors le deuxième mandat ne fera qu’aggraver la situation.

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