25 octobre 2024
spot_img
AccueilA la uneQuand les chiffres chantent, les ventres déchantent !

Quand les chiffres chantent, les ventres déchantent !

L’Algérie est un pays béni de ressources naturelles, notamment en pétrole et en gaz, qui lui procurent d’importantes recettes en devises. Toutefois, un paradoxe persiste : malgré des indicateurs économiques prometteurs, une large partie de la population continue de vivre dans la précarité.

Ce contraste, entre richesse nationale et pauvreté individuelle, est au cœur d’une profonde réflexion sur la gestion des ressources, les politiques publiques et la nécessité d’un modèle de développement plus inclusif.

Une illusion de prospérité

Historiquement, l’Algérie a toujours été un acteur clé dans le secteur des hydrocarbures. Depuis la nationalisation de ses ressources en 1971 sous le président Houari Boumédiène, le pays s’est appuyé sur ses exportations de pétrole et de gaz pour financer son développement. À certaines périodes, notamment dans les années 2000, les recettes pétrolières ont permis de financer des projets d’infrastructures massifs, réduisant temporairement le taux de chômage et gonflant les réserves de change du pays.

Les gouvernements successifs ont souvent vanté ces chiffres impressionnants : taux de croissance positif, réserves de change dépassant les 100 milliards de dollars en 2013, et un poids économique croissant en Afrique du Nord. Des chiffres flatteurs, oui, mais qui cachent un malaise structurel. Comme l’explique l’économiste Joseph Stiglitz, « la croissance économique, lorsqu’elle ne s’accompagne pas de redistribution équitable des richesses, n’est qu’une illusion d’inclusion » (Stiglitz, The Price of Inequality). Cette critique trouve écho en Algérie, où les indicateurs macroéconomiques ne reflètent pas la dure réalité du quotidien.

Une réalité amère

En dépit de ces chiffres encourageants, les Algériens souffrent d’une situation économique précaire. Depuis la chute des prix du pétrole en 2014, l’Algérie fait face à une grave crise budgétaire. La forte dépendance aux hydrocarbures (qui représentent environ 95 % des exportations et 60 % du budget de l’État) a laissé l’économie vulnérable aux fluctuations des marchés mondiaux. Comme le soulignait Milton Friedman, « Une société qui met l’égalité devant la liberté n’obtiendra ni l’une ni l’autre. » En Algérie, cette quête de « croissance » sans diversification de l’économie a en effet compromis la liberté économique et l’égalité sociale.

- Advertisement -

Les pénuries alimentaires et la montée en flèche des prix de certains produits essentiels ont exacerbé la frustration. En 2022, le prix de la semoule, un aliment de base, a augmenté de 30 %, tandis que les pénuries de lait et de pain se multipliaient. Le chômage des jeunes dépasse les 30 % dans certaines régions, particulièrement en Kabylie et dans le Sud. Cette situation alimente le désenchantement. Le décalage entre l’image officielle d’une économie en plein essor et les difficultés réelles vécues par les citoyens rend tangible ce paradoxe : « les chiffres chantent, mais les ventres déchantent ».

Une gestion des ressources à repenser

Pour sortir de ce cycle de dépendance et de précarité, l’Algérie doit impérativement revoir la gestion de ses ressources. L’un des plus grands défis auxquels fait face le pays est sa dépendance au secteur pétrolier. L’économiste Thomas Piketty, auteur de Le Capital au XXIe siècle, met en garde contre l’accumulation de richesses entre les mains d’une minorité, ce qui conduit à la stagnation des conditions de vie pour la majorité. En Algérie, cette « économie rentière » n’a pas réussi à créer une véritable dynamique de développement inclusif.

Le pétrole, bien que générateur de revenus, est une ressource épuisable et volatile. Comme l’a souligné John Maynard Keynes : « L’instabilité de l’économie mondiale signifie que la politique nationale doit privilégier la diversification des sources de revenus. » Cela est particulièrement vrai pour l’Algérie, où l’urgence est d’investir dans des secteurs tels que l’agriculture, l’industrie manufacturière et les technologies vertes, afin de créer une économie plus résiliente.

La nécessité d’un nouveau modèle économique

Le salut économique de l’Algérie réside dans la diversification. Le pays possède un potentiel agricole énorme, notamment dans les Hauts Plateaux et le Sahara. Pourtant, le secteur reste sous-développé, rendant le pays dépendant des importations alimentaires. Avec des investissements adéquats, l’agriculture pourrait devenir un moteur de croissance économique durable, créant des emplois et garantissant la sécurité alimentaire.

L’industrie de la transformation est une autre piste à explorer. Plutôt que d’exporter des matières premières brutes, l’Algérie pourrait développer des industries locales capables de transformer ses ressources et ajouter de la valeur. En s’inspirant des théories du développement industriel de Friedrich List, l’Algérie pourrait adopter une politique de protectionnisme intelligent pour favoriser ses industries naissantes.

Un modèle de gouvernance à réinventer

Cependant, aucune transformation économique ne pourra être durable sans une réforme en profondeur de la gouvernance. Le secteur public algérien est souvent critiqué pour son manque de transparence et la corruption endémique. Comme l’a observé Amartya Sen, la bonne gouvernance est essentielle pour « transformer la croissance économique en développement humain ». Pour que la richesse nationale bénéficie à tous, il est impératif d’instaurer une gestion plus transparente des ressources et de renforcer les institutions démocratiques.

Un appel à l’action collective

L’Algérie se trouve aujourd’hui à un carrefour historique. Les citoyens doivent jouer un rôle central dans ce processus de changement. Comme le disait Albert Einstein, « le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire ». La société civile algérienne, dynamique et engagée, doit se mobiliser pour exiger des réformes structurelles et garantir que la richesse générée par le pays profite réellement à la population.

Un chant à recomposer

« Algérie : Quand les Chiffres Chantent et les Ventres Déchantent » met en lumière un paradoxe persistant : une prospérité affichée mais inégalement partagée. Pour que l’Algérie puisse transformer ses promesses économiques en réalités tangibles, il est nécessaire d’opérer un changement radical. La diversification économique, la réforme des institutions et l’engagement citoyen sont des étapes cruciales pour réconcilier ces chiffres flatteurs avec la réalité quotidienne des Algériens.

En conclusion, il est temps que l’Algérie tourne la page de l’illusion économique et entame une véritable transformation qui améliorera la vie de chaque citoyen. Comme le disait si bien Adam Smith, « la richesse d’une nation se mesure au bien-être de ses citoyens ». Il est temps que l’Algérie, forte de ses ressources naturelles et de son potentiel humain, commence à chanter une mélodie harmonieuse, où chiffres et ventres vibrent enfin à l’unisson.

« Les chiffres peuvent chanter la prospérité, mais c’est dans le panier de la ménagère que se mesure la véritable santé d’une nation. »

Dr A. Boumezrag

1 COMMENTAIRE

  1. « La société civile algérienne, dynamique et engagée, doit se mobiliser pour exiger des réformes structurelles et garantir que la richesse générée par le pays profite réellement à la population. »
    . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
    Et le niff et la rajla ca se vent ou? J’en acheterais un Kg a tous les khorrotos et khorrotasses. J’ai une autre ide’e pour al-khorrotiyouns. Arreter de taper la tete parterre et essayez debout contre un mur. Ca marche mieux.

    Je savais que vous alliez tourner en rond quelques paragraphes durant avant de vous fatiguer et evidemment vous mettre a piocher, parterre. Si vous aviez lu mon commentaire avant de composer votre truc, vous seriez reste’ debout et mis a chercher un mur a taper ou faire Zidane, car comme le montre si bien votre photo…. Pas de mur ou structure solide a taper ou sur quoi s’appuyer.

    Vous avez commence’ votre texte par annoncer le malheur de « lalgerie » et non des Algeriens, de disposer d’immences ressources « naturelles » et de contempler des manques de semoule, de pain, lait et probablement de zlabia et que sais-je. Mystere quand a pourquoi vous ignorz la tchektchouka, mais j’ai mon ide’e – la redaction aime ca !!!

    Ce qu’il y a et a toujours eut a construire est l’Algerien, c.a.d. l’HOMME ALGERIEN. Or, ce bidule qui n’existe PLUS en Algerie depuis des SIECLES est LE et SEUL SUJET qui merite qui merite le moindre bit ou byte. Ce sujet Moh se l’est pose’ il y a 14 siecles. Mais Mouh est mort et enterre’, ca serait une erreur de s’en prendre a lui. En fait, faut-il s’en prendre a quiconque sinon a ceux et celles qui ne savent leurs culs de leurs tetes, qui continuent a dormir chez leurs meres au lendemain de leurs 18 ans !!! Ce dont il y a besoin, et je produirais un Manifeste Anonyme pour, est que tout bidule ou bidulette, qui se retrouve a devoir vivre chez ses parents, doit se debarasser de ces derniers. A rien ne sert de courir, il faut partir a point dit-on, n’est-ce pas?

    Je vois que vous avez trouve’ toutes les references d’ailleur, sauf celles de labas – or c’est de labas dont vous parlez. Croissance pour la raison de croissance !!! C’est comme ALLER PLUS VITE, mais SANS DESTINATION !

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

ARTICLES SIMILAIRES

Les plus lus

Présidentielles, dites-vous !

La campagne électorale pour les présidentielles du 7 septembre révèle combien la pratique démocratique a reculé depuis Octobre 1988 et l’avènement du multipartisme en...

Les derniers articles

Commentaires récents