Une fête païenne celte née il y a plus de 2000 ans commémore la nuit du 31 octobre pendant laquelle les morts sortiraient des ténèbres pour visiter les vivants. Cette célébration intervenait à la naissance de la nouvelle année qui était fixée à cette époque au 1er novembre.
Dans des traditions diverses selon les différentes régions du monde, elle s’est transformée en une gigantesque opération marketing. Pour exemples, les chiffres d’affaires réalisés approximativement, sont de 10 milliards de dollars aux États-Unis, 500 millions de livres sterling en Grande Bretagne, 130 millions de dollars au Japon, 160 millions de dollars australiens pour l’Australie et 80 millions d’euros en France.
Tous les ans, comme lors de beaucoup de fêtes traditionnelles, les dépenses en festivités sont ainsi considérables. Pour Halloween la version modernisée de la tradition remplace les morts par les petits enfants qui en portent les masques et qui frappent à la porte des voisins ou commerçants pour leur demander des friandises. Autrement dit les morts qui rendent visite aux vivants pour leur demander leur dû.
Pourquoi cette fête celte, particulièrement développée en Irlande, a-t-elle conquis le vaste territoire chrétien alors qu’elle est d’essence païenne ? Tout simplement parce que lorsque la religion chrétienne s’était installée dans l’Empire romain, les autorités de l’Église craignaient son expansion qui devenait de plus en plus inquiétante.
Ainsi est venue l’idée d’instituer le 1er octobre comme un jour à l’honneur de tous les Saints, ce qui a donné le mot que nous connaissons tous de nos jours. Mais comme il fallait un lien, voulu ou imposé par les circonstances, la tradition instaure en ce jour une visite aux morts dans les cimetières.
En quelque sorte une visite inversée à celle de la tradition celte, beaucoup plus conforme au sens de la mort qui ne peut faire revenir les âmes humaines de l’au-delà.
Et tous les ans, j’ai ce ressentiment très partagé entre mon indignation envers ce détournement marketing et mon désir de toujours soutenir les célébrations collectives qui permettent un moment de joie festive et de communion sociale.
Ce même dilemme revient à mon esprit lors de toutes les autres fêtes car il y a l’autre versant du sentiment, plus critique. La surenchère collective en argent et cadeaux met considérablement plus en lumière la grande frustration des familles qui n’ont pas les moyens ou trop peu pour gâter leurs enfants à la même dimension que les autres.
Alors, l’ancien professeur ne peut que prendre la position qui lui semble la plus équilibrée. Profiter de ce moment, même envahi par le business et ses frustrations, pour apporter un peu de culture aux jeunes en expliquant l’origine et le sens.
Sinon, quelques friandises ou festins ne font pas de mal à l’humanité sinon au portefeuille et à l’estomac.
Boumediene Sid Lakhdar