23 novembre 2024
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L’Algérie échappera à la régionalisation : ou le triomphalisme insidieux de la régence !

Par cette déclaration résonnant dans l’hémicycle du sérail d’Alger, le ministre de l’Intérieur, Ibrahim Merad, se veut rassurant : « Le gouvernement n’a aucune intention de diviser le pays en régions. »

Pense-t-il vraiment que nous ne le savons pas ? Certainement pas ! Mais il ajoute cette sentence présomptueuse : « Que les Algériens se rassurent, l’État veille, soucieux de préserver l’unité nationale ! » Seulement, tout ce que réussit cette intervention, c’est de révéler une fois de plus la volonté du pouvoir central de conserver son emprise : Préserver son héritage bonapartiste.

L’ironie de ce démenti n’échappera à personne. En réalité, le ministre ne fait que condamner une demande populaire croissante pour une autonomie locale plus marquée, au lieu de démentir les informations fuitées sur les réseaux sociaux. Il est crucial de souligner que la régionalisation et la création de « subdivisions administratives » sont des concepts distincts. Parler de régionalisation revient à envisager une véritable répartition des pouvoirs entre le centre et les territoires, permettant aux régions de décider de leurs propres priorités. Pourtant, là où le peuple réclame une régionalisation véritable, le pouvoir ne propose qu’un restructuration bureaucratique superficielle : un énième ajustement des rouages bureaucratiques, conçu non pour servir les citoyens, mais pour étendre l’emprise de l’État central.

Merad affirme que la régionalisation fragmenterait le pays. Laissez-moi vous dire, Monsieur, que c’est l’opposé qui se produit. En réalité, c’est cette concentration excessive du pouvoir qui divise le pays, car elle empêche les régions de se développer librement et d’exprimer leurs particularités.

Votre conception du pouvoir est celle d’une caste qui ne veut pas céder un iota de contrôle et qui préfère étrangler les marges pour asseoir son autorité, même au mépris des aspirations légitimes des Algériens à une autonomie et à une responsabilisation locales. En privant les régions de leurs droits de décider de leurs priorités, vous ne faites que renforcer les frustrations et alimenter un sentiment de mécontentement généralisé. Les citoyens veulent avoir leur mot à dire, ils veulent pouvoir décider de ce qui est bon pour leurs familles et leurs communautés.

La véritable unité nationale ne peut être atteinte qu’en permettant aux régions de prospérer selon leurs besoins spécifiques, en créant un sentiment de engagement et de prise de responsabilité. Cette obstination à tout centraliser n’est pas un signe de force, mais bien de faiblesse, car un État fort est un État qui fait confiance à son peuple, qui l’encourage à participer activement à la gestion des affaires locales.

C’est en adoptant cette régionalisation authentique que l’on pourrait vraiment répondre aux aspirations des citoyens et renforcer la cohésion nationale sur des bases solides et respectueuses des diversités locales.

Daho Ould Kablia, figure emblématique de l’appareil bureaucratique et militaire, a récemment été chargé de conduire une réforme administrative de la régence qu’est devenue l’État algérien. Peut-on vraiment s’illusionner sur la capacité d’une structure totalement déconnectée du peuple à apporter des changements positifs pour les citoyens ? La réforme en question ne vise pas à donner aux Algériens un pouvoir de décision accru sur leur destin, mais simplement à redistribuer les rôles au sein du sérail, à renforcer la régence dans un costume administratif un peu mieux ajusté pour faire face aux critiques. Ce n’est qu’une mascarade.

Un pouvoir qui a peur de l’autonomie

Pourquoi ce refus farouche de la régionalisation ? Car, pour cette régence, la régionalisation signifierait un abandon du pouvoir centralisé et une répartition du contrôle avec les citoyens. Cela serait perçu comme une remise en cause de l’autorité d’Alger, comme une fissure dans le monopole de pouvoir que le sérail a patiemment construit. Ce pouvoir préfère imaginer une pléthore d’organes bureaucratiques destinés à renforcer son emprise plutôt qu’un système réellement démocratique où chaque région aurait un pouvoir décisionnel autonome.

Une véritable régionalisation impliquerait de doter les territoires d’instances décisionnelles capables d’agir indépendamment, de fixer des priorités locales et de se développer en tenant compte de leurs spécificités et de leurs besoins.

Mais voilà le cœur du problème : une gouvernance décentralisée signifierait une perte de contrôle pour le pouvoir central. Et le pouvoir algérien, pétri d’autoritarisme, tremble face à cette idée, car elle sape les fondations mêmes de son hégémonie.

C’est pourquoi, comme à l’accoutumé, au lieu de répondre aux attentes de la population, il préfère agiter l’épouvantail d’une “menace pour l’unité nationale”, en jouant sur la peur de la division. Il faut comprendre ceci : ce qui divise le pays, ce n’est pas l’aspiration à une meilleure gouvernance locale, mais l’acharnement d’un État qui refuse obstinément d’accorder aux citoyens la possibilité de prendre en main leur avenir.

Une régence aveuglée par son passé

Il ne faut pas se leurrer : depuis 1962, l’État algérien a violement rompu avec tout modèle de régionalisation. Il s’est bâti sur une centralisation absolue, érigeant Alger en siège incontestable du pouvoir. Ce refus de la régionalisation, c’est en fait un rejet de la diversité et de la richesse de nos identités locales, une tentative de gommer les particularismes au nom d’une uniformité qui n’a jamais existé que dans les bureaux des bureaucrates.

Le 15 octobre dernier, M. Tebboune a instruit la création de “wilayas déléguées” dans le Sud et les Hauts-Plateaux. C’est là une énième instruction qui confirme que les informations fuitées sur les réseaux sociaux peuvent avoir une grande part de vérité.

Le pouvoir algérien cherche avant tout à étouffer toute contestation en renforçant son emprise sur le territoire. Mais il se méprend en pensant que les Algériens accepteront indéfiniment cette situation. Car nous savons d’où viennent les vrais dangers pour la nation : ils viennent de l’obstination aveugle de la régence à se maintenir, de ce blocage systématique de toute réforme démocratique, de ce système autoritaire figé qui étouffe les voix populaires.

Un front populaire déterminé et éveillé

À ceux qui s’agitent dans l’ombre du sérail, croyez-vous que le peuple restera passif face à ces manœuvres ? C’est mal connaître la détermination du front populaire algérien, ce front qui a résisté aux colonisateurs, qui a exigé son indépendance, et qui, aujourd’hui encore, rejette cette administration stérile et cet autoritarisme despotique. Les Algériens ne réclament pas de nouvelles couches du mille-feuille bureaucratique, ils veulent une gouvernance transparente, proche, responsable. Ils veulent un État démocratique et social où les régions ont leur mot à dire, où le contrôle populaire s’exerce à tous les niveaux.

Vos stratagèmes échoueront, messieurs les régents. Vous ne pouvez pas éteindre les aspirations à la justice et à l’égalité, tout comme vous ne pouvez pas gommer les identités profondes qui composent l’Algérie. Les Algériens refusent cette fragmentation déguisée que vous proposez en créant des rouages administratifs inutiles. Car ce qui est à l’œuvre, c’est une volonté d’échapper à un système oppressif et de renouer avec la forme d’État qui a permis de triompher de l’occupation : une Algérie où chaque région, chaque communauté, chaque voix est entendue.

Nous n’oublions pas nos identités, nos histoires, notre héritage. Et c’est ce lien profond qui finira par balayer les vestiges de votre système répressif. Oui, il y aura un jour un État démocratique et social régionalisé, où l’Algérien pourra vivre librement dans sa Région, sans craindre le joug d’un centre autoritaire. Et ce jour-là, l’Algérie renouera avec son essence même, celle d’une nation unie par ses diversités, forte de ses différences et fière de son autonomie.

Tetnehaw_ga3 – le cri du peuple pour une Algérie nouvelle

Alors, Messieurs, prenez-en acte. Vos desseins de contrôle et de centralisation sont voués à l’échec. Vous ne pourrez pas tenir éternellement un peuple assoiffé de justice et de liberté sous le joug d’une administration archaïque. Car l’Algérie, la véritable Algérie, n’est pas dans vos bureaux : elle est dans la rue, dans chaque quartier, chaque ville, chaque village, dans chaque cœur ardent. Et elle vous attend, patiemment, pour vous dire qu’il est temps.

Mohand Bakir

3 Commentaires

  1. En dehors du circuit …
    Mr. Brahim Merad dément l’existence d’un plan de découpage territorial …. laissez-moi rire … en tant que Ministre de l’intérieur, normalement et administrativement, il est le premier concerné, mais il est dans l’ignorance totale de ce qui se trame en haut lieu. Il est comme tout le monde, il l’a appris dans les journaux ….
    C’est le système algérien par le haut …..
    lamentable … Ah’lil d Alh’if ….
    La Régionalisation, la Décentralisation ou l’Autonomie, c’est la seule option pour sortir l’Algérie du marasme et du chaos. Ce régime arbitraire invoque l’atteinte à  » L’ Unité Nationale  » si les régions s’autonoment …..
    Quelle Unité Nationale? . Celle exclusive arabo-islamiste qui déstabilise le pays! . Ou celle des clans qui ruinent le pays?
    Ce qui continuera à mettre en péril  » cette supposée Unité Nationale  », c’est justement la centralisation et la bureaucratisation actuelles. Ils ont falsifié l’Histoire du pays, mais jusqu’à quand? . l’Algérie est plurielle avec différents apports tout au long de son Histoire: romains, byzantins, vandales, arabes, turques et européens, sans modifier son fond amazigh ( berbère). Je dirais comme Mohamed Harbi : une Algérie arabo-musulmane exclusive ne verra jamais son avènement et sera toujours instable sans inclure son Histoire et identités amazighe ( berbère ): c’est cela l’Algérie Algérienne.
    Le Monde entier sait que l’instabilité de l’Algérie, c’est deux choses importantes :
    1 – un régime autoritaire et totalitaires,
    2 – le manque réel d’Unité Nationale, sauf celle de façade et de remplacement…. etc.
    Pour ce qui de l’Opposition, les algériens-nes ont vu toutes sortes. L’une après l’autre comme décrites dans l’article ci-haut, elles ont trahies, chacune ses raisons, donc pour gagner la confiance du peuple, il faut plus de gens honnêtes et prêts à se sacrifier, les paroles ne suffiront pas et le régime autoritaire et totalitaires algérien veille , car non seulement il sait s’y prendre pour corrompre, mais aussi pour dissuader par tous les moyens. Le Cri du Peuple pour Une Nouvelle Algérie est nos jours enroué.
    La solution au problème de l’Algérie est le changement radical de gouvernance. Tout doit se faire dans la clarté et la transparence.
    Les peuples d’Algérie doivent s’unir ( autochtones amazighophones et les arabophones ) pour mieux gérer leur avenir au sein d’une vraie régionalisation ou fédération algérienne avec des instances collégiales élues au suffrage universel et indépendantes du pouvoir central sur le plan de la politique régionale interieure.
    J’avais développé ce concept dans mon livre sorti en Avril 2000 : issue de secours pour une fédération algerienne: . J’ai eu droit à une fatwa de Nahnah du MSP. Une  » atteinte à l’unité nationale par A. Bouteflika. » Et à  » une atteinte à la sûreté nationale par A.Ouyahya ». Combien de sortes d’oppositions avons-nous vu depuis 1962?.
    Beaucoup d’Algériens-nes sont devenus- es individualistes et matérialistes très faciles à corrompre. Ceci dit tout n’est pas perdu. Je suis pour une organisation démocratique d’opposition, et je pense que d’autres algeriens-nés sincères et honnêtes peuvent relever le défi, car ils aiment leur pays, ou chacun possède un membre de sa famille mort pour ce pays, et ils savent aussi qu’ils sont de passages ici-bas, par conséquent il faut marquer ce passage.
    Félicitation pour l’article Mr. Bakir …..

  2. Je cite: « Une véritable régionalisation impliquerait de doter les territoires d’instances décisionnelles capables d’agir indépendamment, de fixer des priorités locales et de se développer en tenant compte de leurs spécificités et de leurs besoins.

    Franchement, repondez a ces questions et vous serez instantannenebt regionalise’.

    Qu’est-ce que vous voulez dire par: doter les territoires d’instances décisionnelles capables d’agir indépendamment ? – Qu’est-ce vous voulez dire par « une instance? » – et qui va « DOTER ».

    J’explique ce que cela veut dire: Vous demandez a Teboune de dire « bismilah le rahamane le raheem, Je, Moi le Barzidan Supreme des forces supremes, de la Uma supreme, de la supreme supreme, Dote Moh Kebir et ses potes du cafe’ de labas, de pouvoirs Supremes de gerer comme bon lui semble la part en Dollars du Gaz et Petrole des Chouhadas. Moh et ses potes recevront les dinards de tous les Kabyles, a Menilmontant fi Baris, recevrons des passports diplomatiques pour ne pas gaspiller de temps aux Douanes a subir les fouilles et toutes les humiliations auquelles ont droit tous les autres Ragda Wa tmoangi d’Algerie, qui recoivent suffisemment de monnaie de singes pour acheter des hijabs, des janazettes des robes montre-Cul pour les Zooms en barbichette…

    Tout le monde va recevoir sa specificite’ specifique chaque mois.

  3. Le pouvoir autiste qui fait semblant de gérer l’Algérie n’a rien compris comme dab. Au lieu d’aller vers un fédéralisme authentique et une décentralisation qui libérera les énergies, il s’entête à imposer à ce grand pays un jacobinisme hérité de l’ex-puissance coloniale qui engendre bureaucratie et incompétence avec tous leurs maux. Mais que peut-on attendre d’une dictature médiévale militaro-religieuse? Pauvre Algérie!!!

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