La manière dont les médias algériens rendent compte quotidiennement de la vie publique révèle, si besoin en est encore, l’énorme hiatus et l’abîme qui les sépare de la société qu’ils sont censés servir.
Cette presse irrévérencieuse, critique née dans les limbes d’octobre 1988 aura vécu. Elle est aujourd’hui asservie, soumise au pouvoir de l’argent ( celui de l’ANEP), aplaventriste, domestiquée, connivente, médiocre, démagogue… Dans la bouche des Algériens, ces affirmations péjorativement chargées reviennent comme un leitmotiv pour qualifier une presse algérienne irrémédiablement décrédibilisée.
Ce que Bouteflika n’a presque pas réussi à faire, Tebboune, son ancien premier ministre l’a admirablement atteint.
A longueur de colonnes des journaux, sur les plateaux des télévisions ou les antennes des radios, cette presse-là étale au grand jour la preuve de son aliénation. De sa prédisposition à défendre l’ordre établi contre la société.
Nous avons affaire à une presse mineure qui a abdiqué sa liberté, son indépendance et sa neutralité, assumant volontairement son aptitude à être sous tutelle, à la servitude volontaire.
Nous vivons bien à l’ère d’un système d’information sous cloche fonctionnant à la consigne, à l’injonction. Des légions de journalistes acceptent sans rechigner d’endosser le statut peu flatteur de chiens de garde. De jouer le rôle du commissaire politique relayant la parole d’un pouvoir imbu de son autorité et défaillant.
Cette manière dont les médias rendent compte de la vie publique révèle, si besoin en est encore, l’énorme hiatus, l’abîme qui les sépare de la société qu’ils sont censés servir.
Ce fonctionnement qui ignore les réalités vécues par les citoyens installe définitivement dans les esprits la détestable image d’une corporation journalistique complaisamment propagandiste et tansformée en une véritable machine à désinformer, à fabriquer du mensonge.
La couverture médiatique de la grève qui paralyse depuis près d'un mois les facultés de médecine n’est pas étrangère à cette déconnexion des réalités sociales.
Ignoré depuis son déclenchement, le conflit opposant les futures médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes à leur tutelle n’a été révélé à l’opinion par la panoplie des organes qui constituent le simulacre de paysage médiatique qu’à travers le prisme des communiqués du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Document rendant compte de façon laconique des négociations engagées avec les représentants des étudiants grévistes.
En plus d’être univoque et orienté, ce traitement tout à fait désincarné de l’information car faisant l’impasse sur un conflit social réel, élude complètement l’existence d’un partenaire social, les collectif autonome des étudiants en médecine déterminé à défendre les revendications légitimes des protestataires.
Dans ce cas de figure comme dans bien d’autres, le système d’information à l’œuvre, a, au mieux, mal informé les citoyens ; au pis, il les a désinformés.
Samia Naït Iqbal
les dilemmes auxquels l’Algérie est confrontée, prise entre un héritage jacobin rigide et un besoin pressant de changement. Bien que le FLN ait initialement suscité des espoirs d’autonomie et d’indépendance, il a aussi commis des erreurs stratégiques et des décisions contestables. Par ailleurs, l’« équipe des frontières », qui a pris le pouvoir après l’indépendance, a su imposer sa vision, prenant parfois la place des « vrais acteurs » politiques de l’époque.
L’auteur s’interroge sur la possibilité d’une organisation territoriale nouvelle, inspirée par le fédéralisme et la régionalisation, comme en Suisse ou aux États-Unis, qui permettrait de surmonter les divisions internes tout en respectant la diversité régionale et culturelle de l’Algérie. La proposition d’une Algérie composée de six wilayas autonomes, chacune conservant ses propres spécificités, aurait pu offrir une solution durable, favorisant la stabilité, la coopération et l’harmonie.
Il avertit également que bâtir un pays sur des bases culturelles ou religieuses importées est un pari risqué, que l’on soit croyant ou athée. Ces bases étrangères tendent à étouffer les identités locales et à créer des tensions latentes, qui finissent toujours par refaire surface. En l’absence de repères enracinés dans l’histoire et les spécificités propres du pays, l’instabilité reste constante et prête à exploser dès que ces tensions se réveillent. Ce phénomène forme un cycle récurrent, où chaque crise pousse à réévaluer l’identité nationale.
Pour sortir de cette boucle d’insécurité et de conflits idéologiques, une réforme concertée et enracinée dans l’histoire et la diversité de l’Algérie pourrait apporter une stabilité durable, permettant au pays de se projeter vers un avenir plus prospère et unifié.