14 novembre 2024
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AccueilA la uneJugurtha, ou la profondeur millénaire de l’Etat algérien ! 

Jugurtha, ou la profondeur millénaire de l’Etat algérien ! 

« J’entreprends d’écrire la guerre que le peuple romain mena contre le roi des Numides, Jugurtha, d’abord parce qu’elle fut grande et terrible »(…)« Jugurtha se distingua surtout par la vigueur de son intelligence …, il ne se laissa corrompre ni par le luxe ni par l’oisiveté. » Salluste in « La guerre de Jugurtha ».

Des voix se sont élevées ces dernières années pour remettre en cause l’existence historique de l’Algérie en tant qu’Etat avant la colonisation française. Même Emmanuel Macron y est allé de sa diatribe en affirmant que la nation algérienne n’existait pas avant l’invasion française de 1830, sous-entendant que l’Etat algérien est une création française. Il sera suivi par d’autres ennemis traditionnels qui répètent comme des perroquets tout ce qui émane de leurs « puissants  influenceurs ». Mais l’histoire est têtue.

Ce à quoi avait réagi, entre autres, Razika Adnani , philosophe, dans une Tribune publiée par la revue « Marianne » le  14/10/2021 intitulée « Non, l’Algérie n’a pas été créée par la France en 1830 », où elle avait notamment écrit : « Ce ne sont pas les frontières géographiques qui font un pays ou une nation, c’est plutôt et avant tout son peuple, sa culture, sa langue et son histoire. »

« Le Président Tebboune a visité, ensuite, la prison Mamertine de Rome où le roi numide Jugurtha a été emprisonné » écrit l’APS, vendredi 27 mai 2022.

Les observateurs avaient alors conclu que c’était une manière officielle de répondre en rappelant à travers ce lieu historique l’existence millénaire de la nation algérienne.

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Car, il faut avouer que ce qui donne du grain à moudre à ces dénigrements et ce genre de délires ce sont surtout les dénis de soi officiels et officieux avec l’adoption d’autres « identités » venues surtout d’un Orient qui pour eux, sic,  « ne leur veut que du bien » ; et ce au détriment de l’algérianité, la matrice originelle de l’identité nationale.

Malheureusement, les faits en sont restés là et les célébrations officielles les plus en vue s’arrêtent à la période de l’émir Abdelkader, alors qu’elles doivent aller de la période glorieuse de Jugurtha jusqu’aux hauts faits d’armes du peuple algérien pendant la guerre de libération nationale, 1954 – 1962-,  sous le commandement, entre autres, de Krim Belkacem, Abane Ramdane et Larbi Ben M’hidi, en passant par les périodes glorieuses de Lalla Fadhma n Soumeur, Cheikh Seddik Ou Arab, l’émir Abdelkader, El-Mokrani, et bien d’autres.

Ceci pour rappeler que l’Algérie a pourtant de qui tenir, et dont toute la nation peut être fière.

Jugurtha est un leader héroïque au sens le plus large, le plus noble et le plus populaire du terme.

Il a unifié les rangs de son peuple et de sa nation, et « devint maître de la Numidie entière », écrit Salluste.

L’Algérie a tout à gagner à assumer toute son histoire depuis la Numidie ancienne jusqu’à aujourd’hui. Ce n’est qu’ainsi que le peuple se réconciliera avec son histoire et retrouvera son identité aux racines millénaires et verra l’union de sa nation se renforcer et se consolider afin de faire face à toutes les adversités.

Youcef Oubellil, écrivain

7 Commentaires

  1. L’algerie a été creé par la France , elle n’a jamais existé comme nation avant le 14 octobre 1839 .Cirta la capitale millenaire de la Numidie , a été rebaptisée par , les couloughlis , les corsaires , les maltais , les pirates et les turques de l’empire Ottoman , Après avoir chassé les autochtone amazigh des grandes villes , sont devenus les maitres des lieux .Malgèrs tout la Kabylie millenaire etait toujours independante , jusqu’a la bataille n’icheriden le 24 Juin 1858 , la Kabylie vaincu et annexé par la France colonial á l’algerie francaise .

  2. Ce n’est pas Tebboune qui a visité la prison de Jughurta à Rome mais Ramtane Lamamra alors ministre des affaires étrangères. l’aéroport d’Alger, d’Oran ou de Constantine ne s’appelle pas Jughurta, Massinissa ou Dihya…L’Algérie actuelle n’a aucun lien culturel, linguistique ou identitaire avec la Numidie et elle ne s’en revendique pas d’ailleurs. Le tropisme lorgne davantage vers la Mecque ou le Caire. L’Algérie actuelle ( de Boumediène, Boussouf, Ben Bella et leurs héritiers) remonte bien au 3 juillet 1962 date du référendum d’autodétermination

  3. Dans le cas de l’Algérie, mais aussi de tous les pays africains pratiquement, c’est je plutôt l’inverse de ce que dit votre formule «Ce ne sont pas les frontières géographiques qui font un pays ou une nation, c’est plutôt et avant tout son peuple, sa culture, sa langue et son histoire». C’est la la géographie, les frontières gardées par des armées n’obéissant à aucun contrôle de la nation qui font ces pays.
    Revenons à l’Algérie : le souffle qui lie les confédérations numides constituant la Numidie n’a rien à voir avec les états qui viennent après (hormis dans les poches berbères ayant échappé un peu au despotisme oriental de l’islam). La période romaine constituent une vague exception dans le sens où les romains et les berbères ont des religions façonnées de la même manière.
    J’aimerai bien «capter» ne serait-ce qu’un instant la pensée de ceux qui parlent de l’Algérie héritière de la Numidie. J’aimerai bien saisir leur état d’esprit à cet instant précis, cette révélation qui leur vient je ne sais comment. Je n’arrive pas à trouver cette continuité dont on parle entre des entités étatiques qui, dans les faits, n’ont pas seulement aucun lien. Elle s’excluent aussi bien dans l’esprit que dans les faits. Ce n’est pas parce que un royaume enserre dans des frontières un ou des peuples que ceux-ci forment une nation, veulent partager leurs destins.
    Qu’est ce qu’il y a entre Jugurtha et les royales islamisante ou musulmans ? Qu est ce qu’il y a entre les Hamadides, royaume multiconfessionnel et les Al Moravides et Al Mohades musulmans fanatiques et intolérants ? Qu’est ce qu’il y a entre nous les beylicats turcs ? Entre ces derniers et l’Algérie ? Mis à part la géographie, je ne vois rien en commun.

  4. L’article de Youcef Oubellil traite de la continuité historique de l’identité algérienne depuis la Numidie jusqu’à la période contemporaine, en passant par l’époque de Jugurtha, célèbre roi numide décrit par Salluste comme un dirigeant doté de grandes qualités intellectuelles et morales. À travers cette analyse, Oubellil s’efforce de démontrer que l’Algérie n’a pas attendu la colonisation française pour exister en tant qu’entité politique et culturelle. Cet article fait écho aux débats récents qui questionnent la légitimité historique de l’État algérien avant 1830, débat suscité, entre autres, par des déclarations d’Emmanuel Macron.

    Analyse thématique et contextuelle

    L’auteur aborde la question de la légitimité historique de l’Algérie en tant que nation, réagissant aux opinions qui tendent à nier cette existence avant la colonisation française. En introduisant la figure de Jugurtha, il puise dans une période historique antérieure pour revendiquer une continuité qui s’étend jusqu’à l’époque contemporaine. Oubellil utilise la citation de Salluste, qui attribue à Jugurtha des vertus de résilience et d’intégrité, pour souligner le caractère millénaire de l’identité algérienne. Ce retour à l’époque numide permet de mettre en avant une idée forte : l’existence d’un État algérien, ou du moins d’une identité nationale distincte, bien avant l’intervention française.

    Oubellil fait référence à l’intervention de Razika Adnani, philosophe, qui insiste sur les éléments constitutifs d’une nation (peuple, culture, langue et histoire), au-delà des seules frontières géographiques, pour affirmer que l’Algérie n’a pas été créée par la France. Cette position critique ainsi la tendance à minimiser l’histoire algérienne précoloniale.

    Analyse stylistique et argumentative

    Le style de l’auteur est marqué par une indignation mesurée, qui se manifeste à travers des expressions telles que « les dénigrements et ce genre de délires ». Il utilise le registre polémique en critiquant les « ennemis traditionnels » qui, selon lui, reprennent les arguments des « puissants influenceurs » dans le but de minimiser l’histoire algérienne. Le ton est résolument engagé, avec un choix lexical qui sert à renforcer la légitimité historique de l’Algérie : « existence millénaire », « l’algérianité, la matrice originelle ».

    L’argumentation de l’auteur s’appuie sur des références historiques (la prison Mamertine de Rome, où Jugurtha a été emprisonné) pour montrer que la reconnaissance de l’histoire ancienne de l’Algérie peut également provenir de sources externes. La visite de cette prison par le président algérien Tebboune est interprétée comme un acte symbolique visant à rappeler l’authenticité historique de la nation algérienne. Le texte mêle également des références à des figures de la résistance algérienne postérieure, comme Krim Belkacem, Lalla Fadhma n Soumeur, et Larbi Ben M’hidi, renforçant l’idée d’une longue lignée de résistants dont Jugurtha serait l’un des ancêtres spirituels.

    Conclusion

    Cet article de Youcef Oubellil est une défense vibrante de la légitimité historique de l’Algérie comme nation ancienne, enracinée dans une histoire et une identité qui remontent bien avant la colonisation française. Le choix de Jugurtha comme figure de proue est significatif, car il incarne la résistance et la cohésion nationale. L’auteur propose ainsi une réconciliation avec une histoire millénaire, soulignant que la reconnaissance de l’ensemble de cette histoire peut renforcer l’unité nationale et aider à faire face aux défis contemporains.

    • Bonjour Literati
      Salustre n a pas loué les qualités morales de Jugurtha. Il l a plutôt décrit comme un corrupteur.
      Quel est le fait historique (avant la colonisation française) qui légitime l Algérie comme nation?
      Le latin dz n est pas El moudjahed post coloniale ni la pravda soviétique

  5. Macron a dit une connerie. Mais que dire de Messali et derrière lui tous les arabo-islamistes, qui fait partir l’histoire de ce que l’on appelle Algérie depuis l’arrivée des envahisseurs arabes ? L’Algérie avec ses frontières actuelles est bien une création de la France comme de nombreux pays africains. Quant à la nation algérienne, Ferhat Abbas l’a cherchée sans la trouver. Et ce n’est pas de nos jours que l’on peut la trouver. Quand des jeunes sont assassinés par le régime algérien en Kabylie, dans le Mzab ou le Sud sans la moindre réaction des autres Algériens, plus prompts à manifester pour soutenir Saddam Hussein ou le Hamas. Les nations amazighs depuis les Cananries à Siwah existent bien depuis avant Yugurten et Masensen. Et sont toujours présentes.

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